La valeur des forêts pour les insectes pollinisateurs varie selon la structure, la composition et l'âge de la forêt

Structure forestière

Structure forestière et diversité des insectes pollinisateurs : une revue sur la fonction écologique des forêts

Contexte académique

Ces dernières années, la diversité des insectes pollinisateurs (pollinisateurs) dans le monde a connu un déclin rapide, ce qui constitue une menace sérieuse pour les fonctions des écosystèmes et la production agricole. Les forêts, en tant qu’écosystèmes importants, fournissent non seulement des habitats aux insectes pollinisateurs, mais jouent également un rôle clé dans le maintien de la diversité régionale des pollinisateurs. Cependant, les capacités de soutien des différents types de forêts aux pollinisateurs varient considérablement. Afin de mieux comprendre la relation entre la structure forestière et la diversité des pollinisateurs, et de fournir une base scientifique pour la gestion forestière, les chercheurs ont mené une revue systématique sur la manière dont la structure, la composition et l’âge des forêts influencent les communautés de pollinisateurs.

Les principaux objectifs de cet article sont : (1) examiner comment les changements dans la structure, la composition et l’âge des forêts affectent les communautés de pollinisateurs ; (2) explorer les différences dans la diversité des pollinisateurs entre les forêts de conifères (conifer forests) et les forêts de feuillus (broadleaf forests) ; (3) fournir des recommandations aux gestionnaires forestiers pour optimiser les habitats des pollinisateurs.

Source de l’article

Cet article a été co-écrit par Michael D. Ulyshen, Kimberly M. Ballare, Christopher J. Fettig, James W. Rivers et Justin B. Runyon, issus de plusieurs stations de recherche du Service forestier du Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA Forest Service) et de l’Université d’État de l’Oregon (Oregon State University). L’article a été publié en ligne le 9 juillet 2024 dans la revue Current Forestry Reports, sous le titre The Value of Forests to Pollinating Insects Varies with Forest Structure, Composition, and Age.

Points principaux

1. Impact de la structure forestière sur les pollinisateurs

La structure forestière (forest structure) fait référence à la distribution horizontale et verticale de la végétation dans une forêt, y compris la canopée (canopy), la strate arbustive (shrub layer) et la végétation au sol. L’article souligne que la complexité de la structure forestière influence directement les habitats et les ressources alimentaires des pollinisateurs. Par exemple, une canopée ouverte (open canopy) peut augmenter la diversité et l’abondance des plantes herbacées sous la canopée, fournissant ainsi davantage de nectar et de pollen pour les pollinisateurs. Les études montrent que l’ouverture de la canopée est positivement corrélée à la diversité et à l’abondance des pollinisateurs.

De plus, les pratiques de gestion forestière telles que l’éclaircissage (thinning) et les brûlages dirigés (prescribed burning) peuvent améliorer efficacement la structure forestière et augmenter la qualité des habitats pour les pollinisateurs. Par exemple, dans les forêts de pin ponderosa (Pinus ponderosa) du Colorado, aux États-Unis, l’éclaircissage a significativement augmenté la diversité des abeilles et les interactions plantes-abeilles. Cependant, dans les forêts tropicales ou tempérées de feuillus, l’éclaircissage peut réduire le nombre d’arbres en fleurs, ce qui peut avoir un impact négatif sur les pollinisateurs.

2. Impact de la composition forestière sur les pollinisateurs

La composition forestière (forest composition) fait référence à la distribution des différentes espèces végétales dans une forêt. L’article souligne que les forêts de feuillus soutiennent généralement une plus grande diversité de pollinisateurs que les forêts de conifères, car la canopée des feuillus fournit davantage de ressources en nectar et en pollen. Par exemple, dans le sud-est des États-Unis, la diversité des abeilles est positivement corrélée à la proportion de feuillus. En revanche, la canopée des conifères fournit moins de ressources en nectar, et la diversité des pollinisateurs dépend principalement de la richesse de la végétation sous la canopée.

En outre, l’article explore l’impact des plantations forestières (plantation forests) sur les pollinisateurs. À l’échelle mondiale, la superficie des plantations forestières augmente rapidement, mais ces plantations sont généralement composées d’une seule espèce d’arbre, ce qui limite leur capacité à soutenir les pollinisateurs. Les études montrent que même les espèces d’arbres plantées qui fleurissent (comme les eucalyptus et les pins) ont une attractivité limitée pour les pollinisateurs en raison de leur courte période de floraison et du manque d’autres ressources en nectar.

3. Impact de l’âge des forêts sur les pollinisateurs

L’âge des forêts (forest age) est un autre facteur important influençant la diversité des pollinisateurs. L’article souligne qu’à mesure que les forêts vieillissent, leur structure et leur composition changent, ce qui affecte la qualité des habitats pour les pollinisateurs. Dans les forêts de conifères, la diversité des pollinisateurs diminue généralement avec l’âge de la forêt, en particulier lorsque la canopée est fermée. Cependant, dans les forêts de feuillus, la diversité des pollinisateurs peut augmenter à mesure que les arbres mûrissent et commencent à fleurir, dépassant même la diversité observée dans les habitats ouverts.

Par exemple, dans les forêts de pins du sud-est des États-Unis, des incendies fréquents peuvent maintenir une canopée ouverte, augmentant ainsi la diversité des pollinisateurs. En revanche, dans les forêts de pins non gérées par le feu, la fermeture de la canopée entraîne une diminution significative de la diversité des pollinisateurs. Dans les forêts de feuillus, la floraison des arbres matures fournit une ressource alimentaire importante pour les pollinisateurs, en particulier lorsque la végétation sous la canopée est rare.

4. Gestion forestière et conservation des pollinisateurs

Enfin, l’article propose des recommandations aux gestionnaires forestiers pour optimiser les habitats des pollinisateurs. Tout d’abord, les gestionnaires devraient imiter les perturbations naturelles (natural disturbances), telles que les incendies et les tempêtes, pour maintenir une structure forestière ouverte. Ensuite, dans les plantations forestières, il est recommandé de planter une variété d’espèces d’arbres indigènes et de conserver des espaces ouverts entre les plantations pour augmenter la diversité des habitats pour les pollinisateurs. De plus, les gestionnaires devraient contrôler les plantes envahissantes (invasive plants), qui peuvent concurrencer les plantes indigènes et réduire les ressources alimentaires des pollinisateurs.

Importance et valeur de l’article

Cet article, à travers une revue systématique de l’impact de la structure, de la composition et de l’âge des forêts sur les pollinisateurs, fournit une base scientifique aux gestionnaires forestiers pour optimiser les habitats des pollinisateurs. L’article met en évidence les différences entre les forêts de feuillus et de conifères dans leur capacité à soutenir la diversité des pollinisateurs, et souligne les menaces potentielles que représentent les plantations forestières et les plantes envahissantes pour les pollinisateurs. De plus, l’article propose des mesures concrètes de gestion forestière, telles que l’éclaircissage et les brûlages dirigés, pour augmenter la diversité des pollinisateurs.

Cet article offre non seulement une nouvelle perspective pour la recherche en écologie forestière, mais fournit également des directives pratiques importantes pour la conservation mondiale des pollinisateurs. Avec l’aggravation de la dégradation des forêts et du déclin de la diversité des pollinisateurs à l’échelle mondiale, les résultats de cette recherche ont une valeur scientifique et pratique significative.