Exposition précoce à la malnutrition associée à un risque accru d'ostéoporose à l'âge adulte : une étude transversale à grande échelle

Exposition à la malnutrition précoce et risque d’ostéoporose à l’âge adulte : une étude transversale à grande échelle

Contexte académique

L’ostéoporose est une maladie osseuse métabolique chronique et systémique, caractérisée principalement par une densité osseuse réduite et une détérioration de la microstructure osseuse, entraînant un risque accru de fractures. Chaque année, environ 9 millions de fractures dans le monde sont liées à l’ostéoporose, en particulier chez les femmes de plus de 50 ans, dont environ 30 % subiront une fracture ostéoporotique. L’ostéoporose affecte gravement la qualité de vie des patients et engendre un fardeau économique important. Bien que des études antérieures aient montré que des facteurs tels que le mode de vie, les habitudes alimentaires et les niveaux hormonaux sont étroitement liés à l’apparition de l’ostéoporose, l’impact de la malnutrition précoce sur le risque d’ostéoporose à l’âge adulte reste mal compris.

La Chine a connu une grave pénurie alimentaire entre 1959 et 1961, période durant laquelle les individus nés à cette époque ont probablement été exposés à un risque de malnutrition pendant leur développement précoce. Par conséquent, étudier l’impact de la malnutrition précoce sur l’ostéoporose à l’âge adulte revêt une importance significative en santé publique. Cette étude vise à explorer, à travers une analyse transversale à grande échelle, la relation entre l’exposition à la malnutrition précoce et le risque d’ostéoporose et de fractures à l’âge adulte.

Source de l’article

Cet article a été rédigé conjointement par Hongbin Xu, Haitao Zhang, Remila Aimaiti et d’autres auteurs, issus de plusieurs institutions telles que l’Hôpital Longhua affilié à l’Université de médecine traditionnelle chinoise de Shanghai et l’Hôpital de médecine traditionnelle chinoise affilié à l’Université médicale du Xinjiang. L’article a été publié en ligne le 29 août 2024 dans la revue International Journal of Surgery, sous le titre Early-life malnutrition exposure associated with higher osteoporosis risk in adulthood: a large-scale cross-sectional study.

Processus de recherche

Sujets et groupes d’étude

Cette étude est basée sur les données de la cohorte communautaire chinoise sur l’ostéoporose (China Community-based Cohort of Osteoporosis, CCCCO), incluant un total de 22 018 participants. Par le biais d’un échantillonnage aléatoire stratifié en plusieurs étapes, 12 789 participants ont finalement été inclus dans l’analyse. Les participants ont été répartis en six groupes selon leur date de naissance : groupe non exposé (nés entre le 1er octobre 1962 et le 30 septembre 1972), groupe exposé pendant la période fœtale (nés entre le 1er octobre 1959 et le 30 septembre 1961), groupe exposé pendant la petite enfance (nés entre le 1er octobre 1956 et le 30 septembre 1958), groupe exposé pendant l’enfance moyenne (nés entre le 1er octobre 1954 et le 30 septembre 1956), groupe exposé pendant la fin de l’enfance (nés entre le 1er octobre 1949 et le 30 septembre 1954) et groupe exposé pendant l’adolescence (nés entre le 1er octobre 1940 et le 30 septembre 1949). Pour réduire les biais liés à l’âge, les groupes non exposés et exposés pendant l’adolescence ont été combinés en un seul groupe témoin apparié par âge.

Collecte et mesures des données

Chaque participant a rempli un questionnaire structuré lors d’un entretien en face à face, fournissant des données démographiques (telles que le sexe, l’âge, le niveau d’éducation, l’état matrimonial, le revenu familial, etc.) et des facteurs liés au mode de vie (comme le tabagisme, la consommation d’alcool et l’activité physique). En outre, les participants ont déclaré leurs antécédents médicaux (tels que l’hyperlipidémie, l’hypertension, le diabète, les tumeurs malignes et les fractures) ainsi que leur utilisation de médicaments et de suppléments (comme les médicaments anti-ostéoporotiques et les suppléments de calcium).

La densité minérale osseuse (Bone Mineral Density, BMD) a été mesurée par absorptiométrie à rayons X en double énergie (Dual-energy X-ray Absorptiometry, DXA), tous les appareils étant du même modèle et ayant été calibrés annuellement pour garantir leur précision. Le diagnostic d’ostéoporose était défini par un score T ≤ -2,5.

Analyse des données

L’étude a utilisé des modèles de régression logistique multivariée pour analyser la relation entre l’exposition à la malnutrition précoce et le risque d’ostéoporose et de fractures. Tous les modèles ont été ajustés pour des facteurs de confusion potentiels tels que le sexe, l’âge, le niveau d’éducation, l’état matrimonial, le revenu familial, le tabagisme, la consommation d’alcool, la région de résidence, les maladies chroniques (comme l’hyperlipidémie, l’hypertension et le diabète), l’activité physique, l’utilisation de suppléments de calcium et de médicaments anti-ostéoporotiques. De plus, des analyses stratifiées ont été réalisées selon le sexe, l’indice de masse corporelle (IMC), le niveau d’éducation et la région géographique.

Résultats principaux

Prévalence de l’ostéoporose et des fractures

Les résultats de l’étude ont montré que les taux de prévalence de l’ostéoporose dans les groupes non exposés, exposés pendant la période fœtale, exposés pendant la petite enfance, exposés pendant l’enfance moyenne, exposés pendant la fin de l’enfance et exposés pendant l’adolescence étaient respectivement de 31,276 %, 34,803 %, 36,569 %, 40,340 %, 39,378 % et 41,585 %. L’incidence des fractures a également montré une tendance à la hausse similaire, le groupe exposé pendant la fin de l’enfance présentant un risque de fracture significativement plus élevé que le groupe témoin apparié par âge (OR = 1,155, IC à 95 % : 1,033–1,291, p = 0,01127).

Exposition à la malnutrition précoce et risque d’ostéoporose

Après ajustement des facteurs de confusion, les groupes exposés pendant la période fœtale, la petite enfance, l’enfance moyenne et la fin de l’enfance présentaient un risque significativement accru d’ostéoporose, avec des OR respectifs de 1,223 (IC à 95 % : 1,035–1,445), 1,208 (IC à 95 % : 1,052–1,386), 1,249 (IC à 95 % : 1,097–1,421) et 1,101 (IC à 95 % : 1,001–1,210). Les analyses stratifiées ont en outre révélé que la corrélation entre l’exposition à la malnutrition précoce et le risque d’ostéoporose était plus marquée chez les participants ayant un niveau d’éducation inférieur, ainsi que chez ceux en surpoids ou obèses.

Validation externe

L’étude a également été validée par la cohorte du nord-ouest de la Chine (China Northwest Cohort, CNC), dont les résultats concordent avec ceux de la cohorte CCCCO, renforçant ainsi la robustesse des conclusions.

Conclusion et implications

Cette étude montre que l’exposition à la malnutrition précoce est significativement associée à un risque accru d’ostéoporose à l’âge adulte, en particulier chez les individus exposés pendant la période fœtale et l’enfance (petite enfance, enfance moyenne et fin de l’enfance). Ces résultats apportent de nouvelles preuves à la théorie des origines développementales de la santé et des maladies (Developmental Origins of Health and Disease, DOHaD), soulignant l’importance de la nutrition précoce pour la santé osseuse. L’étude suggère également que l’éducation à la santé et la gestion du poids peuvent atténuer les effets négatifs de la malnutrition précoce sur la santé osseuse.

Points forts de l’étude

  1. Échantillon de grande taille : Cette étude s’appuie sur des données à grande échelle issues de la cohorte CCCCO et de la cohorte CNC, renforçant la fiabilité et la généralisabilité des résultats.
  2. Mesures précises : L’utilisation de la DXA comme méthode de référence pour mesurer la densité osseuse garantit l’exactitude des données.
  3. Analyses stratifiées : Les analyses stratifiées selon le sexe, l’IMC, le niveau d’éducation et la région géographique ont révélé des différences dans la relation entre l’exposition à la malnutrition précoce et le risque d’ostéoporose selon les sous-groupes.
  4. Validation externe : La validation externe par la cohorte CNC a renforcé la robustesse des résultats.

Valeur pratique

Cette étude fournit des bases importantes pour l’élaboration de politiques de santé publique, recommandant de renforcer les interventions nutritionnelles précoces, en particulier dans les populations à haut risque, afin de réduire l’incidence de l’ostéoporose. De plus, les résultats offrent des bases scientifiques pour le dépistage précoce et la prévention de l’ostéoporose.

Autres informations pertinentes

L’étude a également révélé que l’exposition à la malnutrition précoce est associée à une résistance à l’insuline et à une dysfonction des cellules β, ce qui pourrait être un mécanisme sous-jacent à l’augmentation du risque d’ostéoporose. Les recherches futures pourraient explorer davantage ces mécanismes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour la prévention et le traitement de l’ostéoporose.