La surexpression de MALAT1 stimule la métastase par reprogrammation inflammatoire du microenvironnement tumoral

Recherche en immunologie du cancer : La sur-expression de MALAT1 conduit à la métastase du cancer du poumon adénocarcinome par reprogrammation inflammatoire

Introduction

MALAT1 (Metastasis-associated Lung Adenocarcinoma Transcript 1) est un ARN long non codant (long noncoding RNA, abrégé lncRNA), dont la sur-expression est étroitement liée à la progression et à la métastase de plusieurs types de cancer, notamment le cancer du poumon adénocarcinome (Lung Adenocarcinoma, LUAD). Bien que des études précédentes aient montré que MALAT1 peut avoir un effet suppresseur ou promoteur de tumeurs dans certains cancers, son mécanisme d’action spécifique reste inconnu. Cet article utilise la technologie d’activation CRISPR (CRISPR Activation, CRISPRa) pour sur-exprimer MALAT1 dans des lignées cellulaires de cancer du poumon adénocarcinome dérivées de patients et dans un modèle de souris LUAD K-Ras/P53 spontané, afin de révéler son rôle dans la reprogrammation inflammatoire du microenvironnement tumoral et d’essayer de clarifier le mécanisme par lequel MALAT1 favorise la maladie métastatique. Cette découverte pourrait offrir de nouvelles cibles pour le diagnostic clinique et le traitement du cancer.

Origine de l’étude

Cette étude a été réalisée en collaboration par Elena Martinez-Terroba, Leah M. Plasek-Hegde, Ioannis Chiotakakos et d’autres, l’équipe de recherche est principalement issue du département de biologie moléculaire, cellulaire et de développement et du centre de cancer de l’Université Yale (Yale University), en collaboration avec l’Université de Californie à Los Angeles (University of California, Los Angeles) et le Yale Center for Genomic Analysis. L’article a été publié dans “Science Immunology” le 14 juin 2024.

Détails de l’étude

Processus de recherche

Le processus de recherche comprend plusieurs étapes, décrites en détail ci-dessous :

  1. Signification clinique du niveau d’expression de MALAT1 : Tout d’abord, en analysant des microarrays de tissus de patients atteints du cancer du poumon par la technique de l’hybridation in situ de l’ARN (RNAscope), il a été trouvé que le niveau de MALAT1 dans les tissus tumoraux était significativement plus élevé que dans les tissus normaux et qu’un niveau élevé de MALAT1 était significativement associé à une moins bonne survie sans maladie (Disease-Free Survival, DFS) des patients.

  2. Sur-expression de MALAT1 par CRISPRa : L’utilisation de la technologie d’activation CRISPR pour sur-exprimer le MALAT1 endogène dans des lignées cellulaires de LUAD dérivées de patients, a entraîné une augmentation significative des niveaux de MALAT1 et une capacité de migration cellulaire significativement améliorée, sans changement significatif du taux de prolifération cellulaire. De plus, après la réduction de l’expression de MALAT1 par la technologie d’inhibition CRISPR (CRISPRi), la capacité de migration cellulaire a diminué de manière significative.

  3. Validation du rôle de MALAT1 dans le modèle de souris LUAD : Dans un modèle de souris LUAD K-Ras/P53, l’expression de MALAT1 a été sur-exprimée spécifiquement dans les tumeurs à l’aide de la technologie CRISPRa. Le résultat a montré que la sur-expression de MALAT1 entraînait une augmentation significative de la charge tumorale et plus de 20 % des tumeurs évoluaient vers des tumeurs de grade supérieur.

  4. Impact de MALAT1 sur la diffusion métastatique : Chez des souris du modèle KPC (Kas-Ras/P53/Cas9), la sur-expression de MALAT1 a significativement augmenté la diffusion métastatique des tumeurs, y compris les métastases dans la cavité thoracique et les ganglions lymphatiques locaux, ainsi que les métastases dans le foie et les ganglions lymphatiques distants.

  5. Étude des mécanismes de MALAT1 : L’analyse RNA-Seq a révélé que la sur-expression de MALAT1 favorisait la métastase des tumeurs principalement en réprimant les gènes marqueurs des cellules épithéliales. L’analyse RNA-Seq à cellule unique a montré que les macrophages associés aux tumeurs présentant une polarisation vers le type M2 étaient présents dans les tumeurs sur-exprimant MALAT1 chez la souris. Des expériences utilisant des milieux de culture conditionnés ont révélé que les sécrétions des cellules sur-exprimant MALAT1 pouvaient promouvoir de manière significative la migration cellulaire, suggérant un mécanisme de paracrine.

  6. Rôle du CCL2 dans la sur-expression de MALAT1 : Des analyses ont montré une régulation à la hausse significative du ligand de chimiokine à motif C-C 2 (C-C motif chemokine ligand 2, CCL2) dans les cellules sur-exprimant MALAT1, et les expériences à l’aide d’anticorps neutralisants ont confirmé le rôle central du CCL2 dans la migration cellulaire induite par MALAT1 et le recrutement de macrophages.

  7. Potentiel thérapeutique de l’inhibition du CCL2 : Des expériences in vivo utilisant des anticorps neutralisants du CCL2 ont significativement réduit la charge tumorale et le grade des tumeurs chez les souris sur-exprimant MALAT1, démontrant ainsi le rôle clé de CCL2 en tant qu’effecteur en aval.

  8. Impact de MALAT1 sur l’accessibilité de la chromatine au CCL2 : L’analyse ATAC-Seq a montré que la sur-expression de MALAT1 entraînait une augmentation de l’accessibilité de la chromatine du gène CCL2, suggérant que MALAT1 pourrait réguler l’expression du CCL2 via un mécanisme de reprogrammation de la chromatine à l’échelle mondiale.

Principales conclusions de l’étude

  1. Niveau de MALAT1 prédisant le pronostic des patients : Un niveau élevé de MALAT1 est significativement associé à un mauvais pronostic chez les patients atteints de LUAD, et le niveau de MALAT1 est un facteur pronostique indépendant.

  2. MALAT1 moteur de la métastase : Dans des modèles cellulaires et de souris, la sur-expression de MALAT1 a significativement amélioré la capacité de migration des cellules et favorisé le recrutement de macrophages associés aux tumeurs par un mécanisme de paracrine, conduisant au développement de maladies métastatiques.

  3. Rôle clé de CCL2 : L’expression et la sécrétion de CCL2 sont régulées à la hausse dans un contexte de sur-expression de MALAT1, et le blocage du CCL2 peut inverser efficacement la progression de la tumeur induite par MALAT1, indiquant que CCL2 est un effeteur en aval important de MALAT1.

  4. Changements dans l’accessibilité de la chromatine : La sur-expression de MALAT1 entraîne des changements dans l’accessibilité de la chromatine à l’échelle mondiale, en particulier une augmentation de l’accessibilité du locus du gène CCL2, suggérant un mécanisme indirect impliquant la fonction du complexe PRC2.

Conclusion et valeur de l’étude

Cette étude révèle que MALAT1, par un mécanisme de paracrine, conduit à la dispersion métastatique du cancer du poumon adénocarcinome, en particulier en régulant à la hausse CCL2 pour favoriser le recrutement et la progression tumorale des macrophages associés à la tumeur. Cette découverte ne révèle pas seulement le rôle clé de MALAT1 dans le microenvironnement tumoral, mais fournit également de nouvelles preuves de CCL2 en tant que cible thérapeutique potentielle.

Points saillants de la recherche

  1. Révélation des mécanismes : Cette étude approfondit comment la sur-expression de MALAT1 conduit à la migration autonome des cellules cancéreuses et à la reprogrammation paracrine des macrophages à l’aide de divers modèles cellulaires et animaux.

  2. Pertinence clinique : L’étude révèle le potentiel de MALAT1 en tant que biomarqueur pronostique dans les échantillons cliniques et sa sur-expression pourrait devenir une nouvelle cible thérapeutique.

  3. Techniques innovantes : L’étude intègre la technologie CRISPRa pour analyser systématiquement la fonction de MALAT1, offrant de nouvelles perspectives pour l’étude d’autres lncRNA.

Signification clinique et valeur

Les découvertes de cet article suggèrent que l’inhibition de lncRNA (comme MALAT1) et de ses effecteurs en aval clés (comme CCL2) pourrait offrir de nouvelles approches pour le traitement du cancer du poumon adénocarcinome. En outre, en comprenant plus profondément le mécanisme d’action de MALAT1 dans le microenvironnement tumoral, ces connaissances enrichissent notre compréhension de la biologie du cancer et pourraient favoriser le développement de traitements personnalisés.

Avec une méthodologie expérimentale détaillée et une analyse exhaustive des données, cet article révèle systématiquement le rôle clé de la sur-expression de MALAT1 dans la métastase du cancer du poumon adénocarcinome, offrant des insights importants pour la recherche sur le cancer.