Différences entre les sexes dans le risque d'accident vasculaire cérébral associé à des facteurs traditionnels et non traditionnels dans une cohorte américaine de personnes vivant avec le VIH

Recherche sur l’association entre les différences de genre et le risque d’AVC chez les personnes vivant avec le VIH

Contexte

Les personnes vivant avec le VIH peuvent faire face à un risque accru d’AVC, en particulier les femmes. Cependant, la compréhension de la façon dont différents facteurs influencent le risque vasculaire cérébral dans cette population, et si cela varie en fonction du genre, reste limitée. L’objectif principal de cette étude est d’examiner si le genre modifie l’impact des caractéristiques démographiques, des facteurs métaboliques cardiovasculaires, des comportements liés à la santé et des variables spécifiques au VIH sur le risque d’AVC.

Source

Cet article a été rédigé par le Dr Felicia C. Chow, le Dr Robin M. Nance, le Dr Kyra Becker, et al. Cette recherche provient de plusieurs institutions, dont l’Université de Californie à San Francisco, l’Université de Washington à Seattle, et le Centre médical suédois à Seattle. Cet article a été publié le 27 août 2024 dans le journal « Neurology », volume 103, numéro 4.

Processus de recherche

Cette étude est une étude de cohorte observationnelle qui a analysé les données de personnes vivant avec le VIH suivies dans cinq sites CNICS (Centers for AIDS Research Network of Integrated Clinical Systems) aux États-Unis entre 2005 et 2020. Ces sites incluent l’Université Johns Hopkins, l’Université de l’Alabama à Birmingham, l’Université de Californie à San Diego, l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, et l’Université de Washington.

Conception de l’étude et sources de données

Les participants devaient avoir eu au moins deux visites dans les 12 mois. La cohorte a été suivie à partir de 2005, et le début de la période d’observation pour chaque site a été déterminé par le lancement de la surveillance des AVC, la première collecte de données cliniques rapportées par les patients, ou six mois après la première visite CNICS.

Durée des tests et variables de données

Les points de fin d’observation incluaient la survenue d’un AVC, neuf mois après la dernière visite CNICS, le décès du patient ou la fin de la gestion de l’étude. Les données recueillies comprenaient des caractéristiques démographiques, des comorbidités métaboliques cardiovasculaires, des comportements liés à la santé et des paramètres spécifiques au VIH, tels que le nombre de cellules CD4, la charge virale du VIH et l’utilisation du traitement antirétroviral (ART).

Traitement des données et analyse des résultats

Tous les événements potentiels d’AVC ont été identifiés et classés par des experts en neurologie, incluant les types d’AVC ischémiques et hémorragiques. Un modèle de risques proportionnels de Cox a été utilisé pour déterminer si le genre modifiait la corrélation entre les variables prédictives d’intérêt et la survenue d’un AVC, avec un ajustement pour l’âge des participants et le score de risque d’AVC. Pour les données manquantes, nous avons utilisé la méthode d’imputation multiple.

Principaux résultats de l’étude

Événements d’AVC

Parmi les 13 573 participants, 19% étaient des femmes, avec un âge moyen de 44 ans et une durée de suivi moyenne de 5,6 ans. Au cours de la période d’observation, 162 événements d’AVC ont été recensés, dont 83% étaient des AVC ischémiques.

Interaction entre l’âge et le genre

L’étude a révélé que les femmes de moins de 50 ans vivant avec le VIH avaient un risque d’AVC significativement plus élevé que les hommes (HR 2,01, 95% CI 1,25-3,21 ; p = 0,001). Chez les femmes de 40 ans et moins, le risque d’AVC était deux fois plus élevé que chez les hommes (HR 2,01, 95% CI 1,25–3,21, p = 0,004), alors qu’au-delà de 50 ans, l’impact du genre sur le risque d’AVC n’était pas significatif.

Facteurs spécifiques au VIH et utilisation des médicaments

Chez les femmes, une charge virale VIH non contrôlée avait un impact plus important sur le risque d’AVC (HR 4,66, 95% CI 2,48–8,74), contrairement aux hommes où l’effet n’était pas significatif (HR 1,30, 95% CI 0,83–2,03 ; p = 0,001). De même, l’utilisation de méthamphétamine avait un effet négatif plus important chez les femmes (HR 4,78, 95% CI 1,47–15,56), sans effet significatif chez les hommes.

Maladies cardiovasculaires et autres comorbidités

Chez les femmes, le traitement de l’hypertension avait un impact plus significatif sur le risque d’AVC (HR 3,44, 95% CI 1,74–6,81) que chez les hommes (HR 1,66, 95% CI 1,14–2,41 ; p = 0,06). Les femmes avec un historique de diabète, un IMC plus élevé et un score ASCVD plus élevé avaient un risque d’AVC plus élevé.

Conclusion

L’étude conclut que les jeunes femmes vivant avec le VIH ont un risque vasculaire cérébral plus élevé que leurs homologues masculins du même âge. De plus, une charge virale VIH non contrôlée, l’utilisation de méthamphétamine et le traitement de l’hypertension ont des impacts négatifs plus marqués chez les femmes. Ces découvertes soulignent la nécessité de stratégies individualisées et spécifiques au genre pour la prédiction et la prévention des risques vasculaires cérébraux chez les personnes vivant avec le VIH.

Valeur et application de l’étude

Cette étude apporte des insights importants sur le rôle du genre dans le risque d’AVC chez les personnes vivant avec le VIH, montrant que les différences de genre doivent être prises en compte lors de l’élaboration de stratégies de prévention des AVC. Ces résultats contribuent à l’élaboration de mesures de prévention des incidents de santé négatifs plus personnalisées pour les personnes vivant avec le VIH, en particulier pour les jeunes femmes à risque élevé d’AVC.

Points forts de l’étude

  • Cette étude utilise des modèles avancés de risques proportionnels de Cox et des méthodes d’imputation multiple, assurant l’exactitude de l’analyse des données.
  • L’étude fournit non seulement une vue d’ensemble des taux de survenue des AVC, mais explore également en détail les différences de risque d’AVC selon le genre et les tranches d’âge.
  • Les résultats de l’étude soulignent l’importance de prendre en compte le genre et des facteurs spécifiques au VIH lors de l’élaboration de stratégies de prévention des AVC.

Autres informations utiles

Cet article souligne la nécessité de prêter une attention accrue aux besoins spécifiques des femmes dans la gestion du VIH et appelle à des recherches supplémentaires pour élucider les mécanismes précis par lesquels le genre influence le risque vasculaire cérébral. Ces découvertes pourraient conduire à l’élaboration de directives spécifiques au genre pour la gestion du risque d’AVC chez les personnes vivant avec le VIH, améliorant ainsi les résultats cliniques des patients.

Conclusion

Cette étude révèle des différences significatives dans le risque d’AVC entre les genres chez les personnes vivant avec le VIH. Cette découverte offre une nouvelle direction pour la pratique clinique future, en suggérant la mise en œuvre de mesures de prévention des AVC personnalisées pour les femmes vivant avec le VIH afin de réduire l’incidence des AVC.