Irradiation pulmonaire totale dans le rhabdomyosarcome avec métastases pulmonaires : un rapport du comité du sarcome des tissus mous du groupe d'oncologie pédiatrique
Irradiation pulmonaire totale dans le rhabdomyosarcome avec métastases pulmonaires : un rapport du comité des sarcomes des tissus mous du groupe d’oncologie pédiatrique
Contexte académique
Le rhabdomyosarcome (RMS) est un sarcome des tissus mous courant chez les enfants. Malgré les progrès récents dans les traitements, le pronostic des patients atteints de rhabdomyosarcome métastatique reste sombre, en particulier pour ceux avec des métastases pulmonaires, dont le taux de survie est significativement plus faible que celui des patients sans métastases. Bien que les protocoles de traitement aient été intensifiés et modifiés au cours des dernières décennies, le taux de survie des patients n’a pas significativement augmenté. Les poumons sont le site métastatique le plus fréquent du rhabdomyosarcome et le site métastatique le plus courant au moment du décès. Par conséquent, l’amélioration des stratégies de traitement des métastases pulmonaires est cruciale.
L’irradiation pulmonaire totale (Whole Lung Irradiation, WLI) a initialement démontré son efficacité dans l’amélioration de la survie sans événement (Event-Free Survival, EFS) et de la survie globale (Overall Survival, OS) chez les patients atteints de rhabdomyosarcome avec des métastases pulmonaires isolées. Cependant, l’efficacité de la WLI chez tous les patients avec des métastases pulmonaires reste incertaine, et l’adhésion à la WLI dans la pratique clinique est faible. Par conséquent, cette étude vise à explorer l’efficacité de la WLI chez les patients atteints de rhabdomyosarcome avec des métastases pulmonaires et à analyser les facteurs influençant sa mise en œuvre.
Source de l’article
Cet article a été co-écrit par Leo Y. Luo, Wei Xue, Amira Qumseya, Juan C. Vasquez, Rajkumar Venkatramani, Suzanne L. Wolden et Dana L. Casey, provenant respectivement du Vanderbilt University Medical Center, de l’University of Florida, de la Yale School of Medicine, du Baylor College of Medicine, du Memorial Sloan Kettering Cancer Center et de l’University of North Carolina School of Medicine. L’article a été publié le 10 septembre 2024 dans le Journal of Clinical Oncology (JCO), avec le DOI https://doi.org/10.1200/jco.24.00928.
Méthodologie de l’étude
Population étudiée
Cette étude a analysé rétrospectivement 143 patients nouvellement diagnostiqués avec un rhabdomyosarcome et des métastases pulmonaires, inscrits dans quatre essais cliniques du groupe d’oncologie pédiatrique (Children’s Oncology Group, COG) entre 1999 et 2013 (D9802, D9803, ARST08P1, ARST0431). Tous les patients ont signé un consentement éclairé, et l’étude a été approuvée par les comités d’éthique des institutions participantes.
Conception de l’étude
L’objectif principal de l’étude était de comparer l’EFS et l’OS entre les patients ayant reçu la WLI et ceux ne l’ayant pas reçu. La dose de WLI était de 15 Gy, administrée en 10 fractions, généralement en même temps que la radiothérapie du site tumoral primaire. L’étude a assuré l’exactitude des dossiers de radiothérapie par une revue centrale et a collecté des données spécifiques sur la radiothérapie, y compris le site, la dose, les dates de traitement, la conformité au protocole et les raisons des écarts.
Analyse statistique
L’étude a utilisé le test du chi carré ou le test exact de Fisher pour comparer les caractéristiques de base des patients ayant reçu ou non la WLI. Les taux d’EFS et d’OS à 5 ans ont été estimés à l’aide de la méthode de Kaplan-Meier, et les taux de survie entre les deux groupes ont été comparés à l’aide du test du log-rank. De plus, des analyses de sous-groupes ont été réalisées pour explorer l’impact de différents facteurs cliniques sur l’EFS et l’OS.
Résultats principaux
Caractéristiques des patients
Sur les 143 patients, 65 (45,5 %) ont reçu la WLI et 78 (54,5 %) ne l’ont pas reçue. Les deux groupes ne présentaient pas de différences significatives en termes d’âge, d’histologie tumorale, de statut de fusion FOXO1, de site primaire, de taille de la tumeur, de statut ganglionnaire, de nombre de sites métastatiques et de score d’Oberlin.
Analyse de survie
Le taux d’EFS à 5 ans était de 38,3 % (IC à 95 %, 24,8-51,8) chez les patients ayant reçu la WLI, contre 25,2 % (IC à 95 %, 13,8-36,6) chez ceux ne l’ayant pas reçue (p = 0,0496). Le taux d’OS à 5 ans était de 45,5 % (IC à 95 %, 31,8-59,3) chez les patients ayant reçu la WLI, contre 32,4 % (IC à 95 %, 20,4-44,4) chez ceux ne l’ayant pas reçue (p = 0,08). Dans les analyses de sous-groupes, la WLI a significativement amélioré l’EFS et l’OS chez les patients âgés de 10 ans et plus.
Autres facteurs cliniques
L’analyse univariée a montré que l’âge, l’histologie, le statut de fusion FOXO1, le nombre de sites métastatiques, la localisation des métastases et le score d’Oberlin étaient significativement associés à l’EFS. L’analyse multivariée a révélé qu’un seul site métastatique (c’est-à-dire des métastases pulmonaires isolées) était associé à une amélioration de l’EFS et de l’OS, tandis qu’un âge inférieur à 1 an était associé à un EFS plus faible.
Conclusion
Cette étude montre que les patients atteints de rhabdomyosarcome avec métastases pulmonaires ayant reçu la WLI ont un EFS à 5 ans significativement plus élevé que ceux ne l’ayant pas reçue. Ces résultats soutiennent l’utilisation de la WLI chez les patients avec des métastases pulmonaires et soulignent l’importance d’une adhésion plus stricte aux protocoles de WLI dans les essais cliniques.
Points forts de l’étude
- Découverte majeure : La WLI améliore significativement la survie sans événement chez les patients atteints de rhabdomyosarcome avec métastases pulmonaires.
- Signification clinique : Les résultats fournissent des preuves solides en faveur de l’utilisation de la WLI chez les patients avec des métastases pulmonaires, soulignant son importance potentielle dans l’amélioration du pronostic des patients.
- Innovation de l’étude : Il s’agit de la plus grande étude à ce jour sur l’efficacité de la WLI chez les patients atteints de rhabdomyosarcome avec métastases pulmonaires, utilisant des données prospectives et une revue centrale pour garantir l’exactitude des données.
Valeur de l’étude
Cette étude fournit non seulement une base scientifique pour l’utilisation de la WLI chez les patients atteints de rhabdomyosarcome avec métastases pulmonaires, mais elle révèle également l’importance de l’adhésion aux protocoles dans les essais cliniques. Les résultats guideront les futures pratiques cliniques et la conception des essais cliniques, optimisant ainsi les stratégies de traitement pour les patients atteints de rhabdomyosarcome avec métastases pulmonaires.
Autres informations utiles
L’étude souligne également que la mise en œuvre de la WLI est influencée par divers facteurs, notamment l’incertitude quant à son efficacité et les préoccupations concernant sa toxicité. Les recherches futures devront explorer le moment optimal pour l’administration de la WLI et élaborer des stratégies pour améliorer l’adhésion à ce traitement.