Évaluation du cycle de vie environnemental d'une pratique radiologique hospitalière aux États-Unis

Contexte académique

Avec l’aggravation du changement climatique mondial, l’impact des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l’environnement et la santé humaine devient de plus en plus significatif. Le secteur de la santé, en tant que grand consommateur d’énergie et de ressources à l’échelle mondiale, ne peut ignorer son empreinte carbone. Selon les statistiques, le secteur de la santé représente 4,5 % des émissions mondiales de GES, et aux États-Unis, ce chiffre atteint 8,5 %. En particulier, avec la croissance démographique et l’augmentation des besoins médicaux, les émissions de carbone liées à la santé devraient augmenter considérablement au cours de la prochaine décennie. Le diagnostic radiologique, en tant que composant essentiel du secteur de la santé, n’a pas encore fait l’objet d’une étude approfondie concernant l’impact de la consommation d’énergie de ses équipements et services sur l’environnement. Par conséquent, évaluer l’impact environnemental du cycle de vie des services de diagnostic radiologique, en particulier leurs émissions de GES, est devenu un sujet de recherche important.

Source de l’article

Cet article a été co-écrit par Cassandra L. Thiel, Marta Vigil-Garcia, Sachin Nande et plusieurs autres auteurs, affiliés à Koninklijke Philips NV aux Pays-Bas et au Vanderbilt University Medical Center aux États-Unis. L’article a été publié en novembre 2024 dans la revue Radiology, sous le titre Environmental Life Cycle Assessment of a U.S. Hospital-Based Radiology Practice.

Objectif de la recherche

Cette recherche vise à quantifier les émissions de GES des services de diagnostic radiologique dans un grand centre médical universitaire américain en utilisant la méthode d’évaluation du cycle de vie (Life Cycle Assessment, LCA), et à identifier les principales sources d’émissions, afin de fournir des bases pour des améliorations futures en matière de durabilité.

Méthodologie de la recherche

L’étude a utilisé une méthode d’évaluation du cycle de vie basée sur les processus, conformément aux directives de l’Organisation internationale de normalisation (ISO 14040:2006). Les objets de l’étude incluent les équipements de diagnostic radiologique tels que l’IRM, le scanner CT, les rayons X et l’échographie, couvrant toutes les étapes du cycle de vie, de la production à l’utilisation, la maintenance et l’élimination des équipements. L’étude a également pris en compte la consommation d’énergie et les émissions de carbone liées aux produits à usage unique, aux semi-durables, aux médicaments et au stockage des données.

Collecte et traitement des données

  1. Production et maintenance des équipements : L’étude a collecté les listes de matériaux (Bill of Materials, BOM) et les informations d’emballage auprès du fabricant (Philips), en supposant une durée de vie des équipements de 10 ans. Pour les équipements non fabriqués par Philips, l’étude a utilisé des produits similaires de Philips comme proxy pour les estimations.

  2. Consommation d’énergie des équipements : L’étude a surveillé en continu la consommation électrique des équipements en avril 2023, enregistrant les données de consommation d’énergie dans différents modes tels que veille, inactif, prêt à scanner et en cours de scan.

  3. Autres équipements et consommables : L’étude a également collecté des données sur la consommation d’énergie des moniteurs de patients, des ordinateurs, des imprimantes, et a estimé l’achat et l’utilisation des produits à usage unique, des semi-durables et des médicaments.

  4. Stockage des données et postes de travail : L’étude a évalué la consommation d’énergie des postes de travail du système d’archivage et de communication des images (Picture Archiving and Communication System, PACS) et du stockage des données.

Résultats de la recherche

Les résultats de l’étude montrent que, sur une période de 10 ans, le service de diagnostic radiologique a généré un total de 4,6 kilotonnes d’équivalent CO2 (kt CO2e) d’émissions de GES. Parmi celles-ci, les équipements IRM ont contribué à 48 % des émissions (2,2 kt CO2e), et les équipements CT à 24 % (1,1 kt CO2e). La phase d’utilisation des équipements (tous modes confondus) représente 54 % des émissions totales du département (2,5 kt CO2e). Les autres sources majeures d’émissions incluent la production des équipements (11 %, 0,49 kt CO2e), l’utilisation des postes de travail PACS (11 %, 0,48 kt CO2e) et la production et le lavage des draps (10 %, 0,47 kt CO2e).

Analyse de sensibilité

L’étude a également mené une analyse de sensibilité, en supposant l’utilisation d’énergies à faible teneur en carbone comme l’énergie solaire, montrant que les émissions totales du département pourraient être réduites de 57 % (2,6 kt CO2e). De plus, prolonger la durée de vie des équipements pourrait réduire les émissions d’environ 6 %.

Conclusion

L’étude souligne que la consommation d’énergie des équipements de diagnostic radiologique est la principale source d’émissions de GES, en particulier pour les équipements IRM et CT. Les autres sources importantes d’émissions incluent la production des équipements, l’utilisation des postes de travail PACS et la production et le lavage des draps. L’étude recommande de réduire les émissions en optimisant les modes d’utilisation des équipements, en adoptant des énergies renouvelables et en promouvant des processus de fabrication et de remplacement circulaires.

Points forts de la recherche

  1. Découverte importante : Les équipements IRM sont la plus grande source d’émissions de GES du service de diagnostic radiologique, représentant près de la moitié des émissions totales du département.

  2. Innovation méthodologique : L’étude a utilisé la méthode d’évaluation du cycle de vie pour quantifier de manière exhaustive l’impact environnemental des services de diagnostic radiologique, fournissant une base scientifique pour les améliorations de la durabilité dans le secteur de la santé.

  3. Valeur pratique : Les résultats de l’étude fournissent des orientations concrètes pour la réduction des émissions et des économies d’énergie dans les services de diagnostic radiologique, comme l’optimisation des modes d’utilisation des équipements et l’adoption d’énergies à faible teneur en carbone.

Importance de la recherche

Cette recherche fournit non seulement des données quantitatives sur les émissions de GES des services de diagnostic radiologique, mais elle offre également une référence importante pour le développement durable du secteur de la santé. En identifiant les principales sources d’émissions, l’étude fournit une base scientifique pour les futures mesures de réduction des émissions, contribuant à orienter le secteur de la santé vers une direction plus écologique et durable.

Autres informations utiles

L’étude souligne également que l’utilisation des draps dans les examens échographiques représente une proportion importante des émissions, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour les améliorations futures en matière de durabilité. De plus, l’étude recommande de réduire l’utilisation inutile de consommables et de prolonger la durée de vie des équipements pour réduire davantage les émissions.

Résumé

Cette recherche a quantifié les émissions de GES des services de diagnostic radiologique en utilisant la méthode d’évaluation du cycle de vie et a identifié les principales sources d’émissions. Les résultats fournissent une base scientifique pour les améliorations de la durabilité dans le secteur de la santé, avec une valeur académique et pratique significative.