Thérapie par Emapalumab pour la Lymphohistiocytose Hémophagocytaire avant une Transplantation à Intensité Réduite Améliore le Chimerisme
Résumé du rapport d’une étude clinique sur l’effet d’Emapalumab avant la greffe de cellules souches hématopoïétiques chez les enfants
Introduction et objectifs de l’étude
L’histiocytose hémophagocytaire (Histiocytose Lymphohistiocytaire Hémophagocytaire, HLH) est une maladie immunitaire grave causée par une activation anormale du système immunitaire. Cette affection est souvent déclenchée par une déficience dans les fonctions cytotoxiques des lymphocytes tueurs naturels (NK) et des lymphocytes T CD8+, ce qui entraîne une prolifération incontrôlée des lymphocytes T et une sécrétion excessive d’interféron gamma (IFN-γ). Cette cytokine joue un rôle clé dans la pathogénèse de la HLH, faisant d’elle une cible centrale pour les interventions thérapeutiques.
Emapalumab, un anticorps monoclonal qui neutralise l’IFN-γ, a été approuvé en 2018 par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis pour le traitement de la HLH primaire réfractaire ou récurrente. Bien que les bénéfices de ce traitement soient connus pour contrôler l’activité de la HLH, ses effets à long terme après une greffe de cellules souches hématopoïétiques (HSCT) n’avaient pas été examinés de manière détaillée auparavant.
Les protocoles de conditionnement à intensité réduite (Reduced Intensity Conditioning, RIC) avant une greffe HSCT sont souvent utilisés pour réduire la toxicité liée à la greffe. Cependant, ils augmentent le risque de chimérisme mixte post-greffe (moins de 95 % de cellules donneuses) et d’échec de greffe secondaire. Cette étude vise à évaluer l’impact de l’utilisation d’Emapalumab avant la greffe, en se concentrant sur les taux de chimérisme donneur et sur la survie sans intervention (IFS).
Origine de l’étude
L’étude a été menée par l’équipe du Cincinnati Children’s Hospital Medical Center et a été publiée dans le numéro du 19 décembre 2024 du journal Blood. Les données recueillies couvrent des greffes effectuées entre 2014 et 2022 dans ce centre.
Méthodologie
Participants et traitement
Cinquante patients pédiatriques atteints de HLH ayant subi leur première HSCT avec un protocole de conditionnement RIC ont été inclus. Parmi eux : - 22 patients ont reçu Emapalumab dans les 21 jours précédant le conditionnement (groupe Emapalumab). - 28 patients n’ont pas reçu cette thérapie (groupe témoin).
Les sources de cellules souches utilisées incluaient la moelle osseuse (71 %), le sang de cordon ombilical (21 %) et les cellules souches périphériques (PBSC, 8 %).
Récolte et analyse des données
Les principales variables étudiées étaient : - Les taux de chimérisme donneur (< 95 % pour définir un chimérisme mixte et < 25 % pour un chimérisme mixte sévère), - La survie sans intervention (IFS), définie comme l’absence de traitements supplémentaires liés à l’échec de la greffe (comme une nouvelle HSCT ou des perfusions de lymphocytes donneurs) ou de décès dans les 5 ans suivant la greffe.
Les analyses statistiques comprenaient les tests de Mann-Whitney U, les tests exacts de Fisher pour les catégories, et les modèles de régression de Cox.
Résultats
Réduction significative du chimérisme mixte
L’administration d’Emapalumab a significativement réduit l’incidence de chimérisme mixte et de chimérisme mixte sévère : - Chimérisme mixte : 48 % dans le groupe Emapalumab contre 77 % dans le groupe témoin (p = 0,03). - Chimérisme mixte sévère : 5 % dans le groupe Emapalumab contre 38 % dans le groupe témoin (p = 0,007).
Amélioration de la survie sans intervention (IFS)
- La survie sans intervention à 5 ans dans le groupe Emapalumab a atteint 73 %, contre 43 % pour le groupe témoin (p = 0,03).
- Chez les nourrissons âgés de moins de 12 mois, le groupe Emapalumab présentait une IFS bien supérieure (75 % contre 20 %, p < 0,01).
Survie globale et complications
Bien que le taux de survie globale (OS) était plus élevé dans le groupe Emapalumab (82 % contre 71 %), cette différence n’était pas significative statistiquement (p = 0,41).
Aucun effet secondaire grave supplémentaire lié à l’utilisation d’Emapalumab n’a été observé dans cette étude par rapport au groupe témoin.
Implications
Importance scientifique
Cette étude démontre pour la première fois que le blocage de l’IFN-γ par Emapalumab avant une greffe HSCT peut non seulement améliorer les résultats de la greffe en réduisant le risque de chimérisme mixte, mais aussi augmenter la survie sans intervention chez les patients HLH.
Bénéfices cliniques
L’utilisation d’Emapalumab rend la greffe plus efficace, notamment chez les nourrissons à haut risque de chimérisme mixte. Elle réduit les besoins en interventions coûteuses et invasives après la greffe, contribuant à alléger la charge financière et émotionnelle des familles.
Conclusion
L’étude suggère que l’intégration d’Emapalumab dans le protocole pré-HSCT devrait être envisagée systématiquement chez les patients atteints de HLH, y compris ceux dont la maladie est contrôlée avant la greffe. De futures recherches sont nécessaires pour optimiser le dosage et comprendre pleinement le rôle de l’IFN-γ dans les mécanismes de greffe.