Pembrolizumab et chimiothérapie dans le cancer du sein ER+/HER2− précoce à haut risque : un essai randomisé de phase 3
Essai randomisé de phase 3 de Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie dans le cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque
Contexte académique
Le cancer du sein est l’un des cancers les plus fréquents chez les femmes dans le monde, dont une grande proportion correspond au cancer du sein positif pour les récepteurs aux œstrogènes et négatif pour le récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain (ER+/HER2-). Bien que les traitements actuels de chimiothérapie adjuvante et thérapie hormonale aient amélioré dans une certaine mesure le pronostic des patientes, le taux de survie à long terme des patientes atteintes d’un cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque reste insuffisant. Récemment, les inhibiteurs des points de contrôle immunitaire (comme le Pembrolizumab) ont montré une efficacité significative dans divers types de cancers, en particulier dans le cancer du sein triple négatif (TNBC). Cependant, l’efficacité du Pembrolizumab dans le cancer du sein ER+/HER2- n’est pas encore claire. Par conséquent, cette étude vise à évaluer l’efficacité et la sécurité du Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie néoadjuvante chez les patientes atteintes d’un cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque.
Source de l’article
Cet article a été rédigé par Fatima Cardoso et al., auteurs issus de plusieurs institutions internationales renommées, notamment le Centre Clinique Champalimaud, le Centre Médical Universitaire Baylor, et l’Hôpital du Cancer affilié à l’Université de Zhengzhou. L’article a été publié en février 2025 dans le journal Nature Medicine, avec le DOI : 10.1038/s41591-024-03415-7.
Protocole de recherche
1. Conception de l’étude
Cette étude est un essai clinique randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo de phase 3 (KEYNOTE-756), incluant un total de 1278 patientes atteintes d’un cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque. Les patientes ont été assignées de manière aléatoire dans un rapport 1:1 au groupe recevant le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie (635 patientes) ou au groupe recevant le placebo combiné à la chimiothérapie (643 patientes).
2. Processus de traitement
- Phase néoadjuvante : Les patientes ont reçu du Pembrolizumab (200 mg toutes les 3 semaines) ou un placebo combiné à du paclitaxel (une fois par semaine) pendant 12 semaines, suivi de quatre cycles de doxorubicine ou d’épirubicine combinés à du cyclophosphamide (toutes les 2 semaines ou toutes les 3 semaines).
- Chirurgie : Après le traitement néoadjuvant, les patientes ont subi une intervention chirurgicale (avec ou sans radiothérapie adjuvante).
- Phase adjuvante : Après la chirurgie, les patientes ont reçu neuf cycles de Pembrolizumab ou de placebo combinés à une thérapie hormonale.
3. Critères principaux
Les critères principaux de l’étude étaient le taux de réponse pathologique complète (pCR) et la survie sans événement (EFS). Le pCR a été défini comme l’absence de cancer invasif résiduel dans le sein et les ganglions lymphatiques au moment de la chirurgie.
Résultats principaux
1. Taux de réponse pathologique complète
Dans l’analyse intermédiaire préspécifiée, le taux de pCR dans le groupe recevant le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie était de 24,3 % (IC à 95 %, 21,0–27,8 %), significativement supérieur à celui du groupe recevant le placebo combiné à la chimiothérapie, qui était de 15,6 % (IC à 95 %, 12,8–18,6 %) (différence de traitement estimée : 8,5 points de pourcentage, p=0,00005).
2. Analyse des sous-groupes
Dans les patientes ayant une expression élevée de PD-L1, le taux de pCR dans le groupe recevant le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie était plus élevé. De plus, chez les patientes ayant un taux de positivité des récepteurs aux œstrogènes <10 %, le taux de pCR dans le groupe recevant le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie s’est également amélioré de manière significative.
3. Sécurité
Dans la phase néoadjuvante, des événements indésirables liés au traitement de grade ≥3 ont été signalés chez 52,5 % et 46,4 % des patientes respectivement dans les groupes recevant le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie et le placebo combiné à la chimiothérapie. Les effets indésirables les plus courants comprenaient l’alopécie, les nausées, la fatigue et l’anémie.
Conclusion
Le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie néoadjuvante a significativement augmenté le taux de réponse pathologique complète chez les patientes atteintes d’un cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque, avec une sécurité contrôlable. Ces résultats fournissent des preuves solides en faveur de l’utilisation du Pembrolizumab dans cette population de patientes et jettent les bases pour les pratiques cliniques futures et des recherches supplémentaires.
Points forts de l’étude
- Découverte importante : Le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie a significativement augmenté le taux de pCR chez les patientes atteintes d’un cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque.
- Innovation : Il s’agit du premier grand essai clinique de phase 3 évaluant l’efficacité du Pembrolizumab dans le cancer du sein ER+/HER2-.
- Signification clinique : Les résultats de cette étude offrent une nouvelle option de traitement pour les patientes atteintes d’un cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque, ce qui pourrait améliorer leur pronostic à long terme.
Autres informations précieuses
L’étude a également découvert que le Pembrolizumab combiné à la chimiothérapie était plus efficace chez les patientes ayant une expression élevée de PD-L1 et un taux de positivité des récepteurs aux œstrogènes <10 %. Ce résultat suggère qu’à l’avenir, il pourrait être nécessaire d’adapter les traitements en fonction des caractéristiques biologiques des patientes.
Cette étude offre de nouvelles perspectives et stratégies pour le traitement du cancer du sein ER+/HER2- à un stade précoce et à haut risque, avec une valeur scientifique et clinique importante.