Épidémiologie des lésions cérébrales traumatiques liées à la violence entre partenaires intimes et à la violence domestique aux États-Unis

Étude épidémiologique sur les traumatismes crâniens liés à la violence entre partenaires intimes et à la violence familiale aux États-Unis entre 2018 et 2021

Contexte

La violence entre partenaires intimes (VPI) et la violence familiale (VF) entraînent de graves conséquences médicales, sociales et juridiques pour les victimes. Ces actes de violence provoquent souvent des traumatismes crâniens (TC), aggravant les souffrances des victimes. Cependant, peu d’informations sont disponibles sur l’incidence et les issues aiguës des TC liés à la VPI/VF.

Cette étude, utilisant la Base de données nationale sur les traumatismes (NTDB) des États-Unis, visait à (1) décrire l’incidence, les caractéristiques démographiques, cliniques et les issues hospitalières des patients ayant subi un TC (VPI/VF-TC) ou n’ayant pas subi de TC (VPI/VF non-TC) lié à la VPI/VF entre 2018 et 2021 ; (2) comparer les différences entre les patients VPI/VF-TC et non-TC. Les chercheurs ont émis l’hypothèse que les patients VPI/VF-TC auraient des taux d’incidence et de mortalité plus élevés pendant leur hospitalisation.

Source de l’étude

Cette étude a été réalisée en collaboration par des chercheurs du Département de neurochirurgie, du Centre pour les traumatismes crâniens et médullaires, de l’Institut de neurosciences Weill et de l’Institut de recherche sur les politiques de santé Philip R. Lee de l’Université de Californie à San Francisco. Elle a été publiée dans le journal Neurosurgery en 2024.

Processus et méthodes de l’étude

Les chercheurs ont utilisé les données de la NTDB de 2018 à 2021 pour identifier les patients âgés de ≥ 18 ans ayant subi un traumatisme lié à la VPI/VF, et les ont divisés en deux groupes (VPI/VF-TC et VPI/VF non-TC) selon les codes CIM-10.

Pour les patients VPI/VF-TC, les chercheurs ont enregistré en détail : a) La sévérité du TC, les types de lésions intracrâniennes (fractures, hématomes sous-duraux, etc.) et leur nombre ; b) L’âge, le sexe, la race et la situation d’assurance médicale ; c) Les scores de gravité des blessures (ISS) et les scores abrégés de gravité des blessures (AIS) par région ; d) La durée d’hospitalisation, les taux d’admission aux soins intensifs (SI), les destinations de sortie et les taux de mortalité.

Les chercheurs ont utilisé diverses méthodes statistiques pour comparer les différences entre les deux groupes et ont effectué des analyses de régression multivariées pour évaluer l’association entre les TC et les issues.

Principales conclusions

  1. Parmi les 3 891 cas de traumatismes liés à la VPI/VF, 31,1 % étaient associés à un TC. Les lésions intracrâniennes comprenaient des fractures du crâne (30,2 %), des hématomes sous-duraux (19,8 %), des hémorragies sous-arachnoïdiennes (13,4 %), des hématomes extraduraux (1,1 %), des contusions cérébrales (8,1 %) et des œdèmes cérébraux (3,3 %).

  2. Parmi les patients VPI/VF-TC, 87,4 % avaient un TC léger, 4,3 % un TC modéré et 8,3 % un TC sévère. Les patients atteints d’un TC sévère avaient la plus longue durée d’hospitalisation (11,5 jours) et le taux de mortalité le plus élevé (28,6 %).

  3. Par rapport aux patients VPI/VF non-TC, les patients VPI/VF-TC comprenaient une proportion plus élevée de femmes (77,2 % contre 64,6 %) et de Blancs (55,1 % contre 49,2 %), mais une proportion plus faible de Noirs (28,9 % contre 36,6 %).

  4. Les patients VPI/VF-TC avaient des scores ISS plus élevés (11,0 contre 6,1) et des scores AIS plus élevés pour la tête et le visage. Ils étaient plus susceptibles d’être admis aux SI (20,9 % contre 7,5 %), avaient des durées d’hospitalisation plus longues (5,3 jours contre 4,5 jours), des taux de retour à domicile plus faibles (79,8 % contre 83,8 %) et des taux de mortalité plus élevés (4,1 % contre 1,8 %).

  5. Les analyses de régression multivariées ont confirmé que, par rapport aux patients non-TC, les patients TC avaient un rapport de risques de 4,29 pour l’admission aux SI, un risque de mortalité multiplié par 3,20, une augmentation de 1,22 jour de la durée d’hospitalisation moyenne et un rapport de risques de 0,57 pour le retour à domicile.

Signification de l’étude

Cette étude a révélé qu’environ un tiers des traumatismes liés à la VPI/VF aux États-Unis étaient associés à un TC, et que cette population était principalement composée de femmes et de Noirs. Les patients VPI/VF-TC faisaient face à des taux d’incidence et de mortalité plus élevés pendant l’hospitalisation et avaient moins de chances de retourner à domicile après leur sortie.

Les chercheurs ont appelé à une enquête renforcée sur les facteurs de risque et à une intervention accrue en termes de ressources sociales et médicales pour cette population à haut risque, afin d’améliorer la qualité des soins. Ils ont également souligné la nécessité d’examiner les défis uniques auxquels sont confrontées les minorités ethniques comme les Noirs dans les cas de VPI/VF et de TC, afin de promouvoir l’équité en matière de santé.

Il est également important de noter que, bien que les patients atteints d’un TC léger présentent des symptômes moins graves, ils peuvent être exposés à des traumatismes répétés et courent un risque élevé de complications à long terme. Par conséquent, indépendamment de la sévérité du TC, les victimes de VPI/VF devraient être dépistées, évaluées et prises en charge de manière appropriée lors de leurs visites aux urgences.