La carence en œstrogènes modifie la dynamique de vascularisation et de minéralisation : aperçu d'un nouveau modèle d'organoïde osseux humanisé et vascularisé en 3D

Impact de la carence en œstrogènes sur la dynamique de vascularisation et de minéralisation - Étude basée sur un nouveau modèle d’organoïde osseux 3D humanisé et vascularisé

Contexte académique

L’ostéoporose est une maladie osseuse fréquente, particulièrement répandue chez les femmes postménopausées. L’ostéoporose ne se manifeste pas seulement par une perte de masse osseuse, mais également par des changements dans la composition minérale des os. Les œstrogènes jouent un rôle clé dans le maintien de l’homéostasie osseuse, et leur carence entraîne un déséquilibre du remodelage osseux, où la résorption osseuse dépasse la formation osseuse, provoquant ainsi une perte de volume osseux. Bien que des études aient déjà révélé l’impact de la carence en œstrogènes sur la déposition minérale des ostéoblastes, la mécanosensibilité des ostéocytes et la régulation ostéocytaire de l’ostéoclastogenèse, la plupart des modèles osseux in vitro actuels négligent le rôle des cellules vasculaires dans la pathologie de l’ostéoporose. La vascularisation est une étape clé de la formation osseuse, notamment au cours de l’ossification endochondrale, où l’invasion des cellules vasculaires stimule la minéralisation osseuse. Cependant, la carence en œstrogènes compromet cette vascularisation, affectant ainsi la minéralisation osseuse.

Pour mieux comprendre l’impact de la carence en œstrogènes sur la vascularisation et la minéralisation osseuse, l’équipe d’auteurs a développé un nouveau modèle osseux tridimensionnel (3D) vascularisé, minéralisé et humanisé, simulant l’état de carence en œstrogènes postménopausique, tout en révélant les changements mécanistiques associés à ces processus. Cette étude non seulement offre de nouvelles perspectives sur les mécanismes pathologiques de l’ostéoporose, mais fournit également une plateforme potentielle pour les tests de médicaments et la médecine de précision.

Source de l’article

Cette recherche a été réalisée par Muhammad M. M. Bukhari, Mostafa Khabooshani, Syeda M. Naqvi et Laoise M. McNamara, membres du Groupe de Recherche en Mécanobiologie et Dispositifs Médicaux (Mechanobiology and Medical Device Research Group, MMDRG) de l’Université de Galway, en Irlande. L’article a été publié pour la première fois le 17 janvier 2025 dans la revue American Journal of Physiology-Cell Physiology, avec le DOI : 10.1152/ajpcell.00738.2024.

Processus de recherche

1. Développement du modèle

La première étape de la recherche consistait à développer un modèle osseux 3D vascularisé, minéralisé et humanisé basé sur le processus d’ossification endochondrale. L’équipe de recherche a utilisé des cellules souches mésenchymateuses de moelle osseuse humaine (hBMSCs) cultivées dans une matrice de gélatine 3D pour former un modèle chondrogénique. Le modèle chondrogénique a été cultivé pendant 21 jours dans un milieu de différenciation chondrogénique, puis cultivé pendant 42 jours supplémentaires dans une couche de gélatine vascularisée afin de promouvoir la vascularisation et la minéralisation. La couche vascularisée était composée d’un mélange de cellules endothéliales de veine ombilicale humaine (HUVECs) et de hBMSCs dans un rapport de 1:1.

2. Simulation de la carence en œstrogènes

Une fois le modèle développé, l’équipe de recherche a simulé un état de carence en œstrogènes postménopausique. Les modèles osseux vascularisés et non vascularisés ont été cultivés pendant 21 jours dans des conditions avec ou sans œstrogènes, et des échantillons ont été prélevés aux jours 0, 10 et 21 pour analyse.

3. Analyse des échantillons

Les échantillons ont été analysés à l’aide de diverses méthodes expérimentales, notamment des tests biochimiques, des colorations histochimiques, des marquages immunofluorescents et des PCR quantitatives en temps réel (RT-PCR). Les expériences spécifiques comprenaient : - Quantification de l’ADN : pour confirmer le nombre de cellules et le développement vasculaire. - Détection de la phosphatase alcaline (ALP) : pour évaluer la différenciation ostéoblastique. - Mesure du contenu calcique : pour évaluer le degré de minéralisation. - Marquage immunofluorescent : pour détecter des marqueurs vasculaires tels que CD31 et endomucine. - Coloration histochimique : incluant la coloration à l’alcian bleu et la coloration von Kossa, respectivement utilisées pour détecter les glycosaminoglycanes sulfatés et les nodules de minéralisation.

Résultats principaux

1. Développement d’un modèle osseux sain

L’équipe de recherche a réussi à développer un modèle osseux 3D sain, vascularisé et minéralisé. À travers le processus d’ossification endochondrale, le modèle a induit une auto-organisation des vaisseaux et favorisé la minéralisation. Le marquage immunofluorescent a confirmé la présence de cellules endothéliales positives pour CD31 et endomucine, tandis que les colorations histochimiques ont montré la déposition de collagène II, X et I dans le modèle chondrogénique, indiquant les caractéristiques précoces de l’ossification endochondrale.

2. Impact de la carence en œstrogènes sur la vascularisation et la minéralisation

Dans des conditions de carence en œstrogènes, des structures semblables à des vaisseaux (CD31+) sont apparues dans les modèles osseux vascularisés, accompagnées d’une augmentation significative de la déposition minérale. En revanche, ce phénomène n’a pas été observé dans les modèles osseux non vascularisés. De plus, la carence en œstrogènes a également entraîné une augmentation de l’apoptose dans les modèles osseux vascularisés, soulignant le rôle protecteur des œstrogènes dans la survie cellulaire et l’équilibre de la minéralisation.

3. Rôle clé de la vascularisation dans la promotion de la minéralisation osseuse

L’étude a révélé que la vascularisation joue un rôle crucial dans la promotion de la minéralisation osseuse. Même en cas de carence en œstrogènes, les modèles osseux vascularisés présentaient un niveau élevé de minéralisation, contrairement aux modèles non vascularisés. Cela suggère que la vascularisation pourrait être l’un des mécanismes sous-jacents à l’hétérogénéité de la distribution minérale dans les os ostéoporotiques.

Conclusion

Cette étude a permis de développer pour la première fois un modèle osseux 3D vascularisé et humanisé, capable de simuler l’impact de la carence en œstrogènes sur la vascularisation et la minéralisation osseuse. Les résultats montrent que la carence en œstrogènes exacerbe la formation de structures similaires à des vaisseaux et la déposition minérale dans les modèles osseux vascularisés, offrant ainsi une explication possible à l’hétérogénéité de la distribution minérale dans les os ostéoporotiques. De plus, ce modèle constitue un outil important pour les futures recherches sur les mécanismes pathologiques de l’ostéoporose et les tests de médicaments.

Points forts de l’étude

  1. Conception innovante du modèle : L’équipe de recherche a développé pour la première fois un modèle osseux 3D vascularisé et humanisé basé sur le processus d’ossification endochondrale, capable de simuler un état de carence en œstrogènes postménopausique.
  2. Rôle clé de la vascularisation : L’étude met en lumière le rôle crucial de la vascularisation dans la minéralisation osseuse, notamment en cas de carence en œstrogènes.
  3. Nouvelles perspectives sur les mécanismes de l’ostéoporose : Cette recherche propose une nouvelle explication mécanistique à l’hétérogénéité de la distribution minérale dans les os ostéoporotiques, indiquant que les os vascularisés sont plus susceptibles de devenir fortement minéralisés en cas de carence en œstrogènes.

Valeur de la recherche

Cette étude non seulement apporte de nouvelles perspectives sur les mécanismes pathologiques de l’ostéoporose, mais fournit également une plateforme expérimentale potentielle pour les tests de médicaments et la médecine de précision. En simulant un microenvironnement osseux complexe, ce modèle peut être utilisé pour étudier les mécanismes de diverses maladies liées aux os et développer de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Autres informations utiles

L’équipe de recherche a également souligné que des études futures pourraient intégrer davantage de facteurs tels que la stimulation mécanique et les hormones (comme les prostaglandines et l’hormone parathyroïdienne) pour simuler plus complètement le processus pathologique de l’ostéoporose. De plus, l’utilisation de technologies avancées comme le séquençage de cellules uniques et la transcriptomique spatiale permettra d’approfondir les interactions entre les cellules osseuses et vasculaires en cas de carence en œstrogènes.


Ce rapport scientifique détaille le contexte, le processus, les résultats et les conclusions de la recherche, tout en soulignant sa valeur scientifique et son potentiel d’application. Grâce à cette étude, nous disposons d’une compréhension plus approfondie des mécanismes de l’ostéoporose, tout en fournissant de nouveaux outils expérimentaux pour la recherche future sur les maladies osseuses.