Étude prospective de la prévalence des mutations des gènes de réparation par recombinaison homologue chez les patients atteints d'un cancer de la prostate avancé en Amérique latine : défis et approches futures

Titre : “Étude prospective de la prévalence des mutations des gènes de réparation par recombinaison homologue chez les patients atteints de cancer de la prostate avancé en Amérique latine : Défis et approches futures”

Introduction

Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez les hommes en Amérique latine et dans les Caraïbes (LAC). Selon le rapport Globocan 2020, 214 522 nouveaux cas de cancer de la prostate ont été signalés dans cette région, représentant 15,2 % de tous les cancers et 29,8 % des cas de cancers masculins. Malgré une incidence légèrement inférieure à celle de l’Amérique du Nord (16,9 % contre 15,2 %), le taux de mortalité dans la région LAC est environ 50 % plus élevé (15,3 % contre 9,9 %). De plus, le vieillissement de la population dans la région LAC devrait être beaucoup plus rapide qu’en Amérique du Nord, avec une augmentation de 156 % de la population âgée entre 2019 et 2050, contre seulement 48 % en Amérique du Nord. Comme l’incidence du cancer de la prostate est étroitement liée à l’âge, le vieillissement rapide de la population LAC, associé à la faible survie et aux coûts médicaux élevés, souligne la nécessité de mieux comprendre et caractériser le cancer de la prostate avancé.

Origine de l’étude

Cet article de recherche a été rédigé par Ray Manneh et al., provenant de diverses institutions telles que la Sociedad de Oncología y Hematología del Cesar, l’Instituto Nacional de Medicina Genómica, l’Instituto Alexander Fleming, etc. La recherche a été publiée le 15 mai 2024 dans le journal JCO Precision Oncology, DOI: https://doi.org/10.1200/po.23.00628.

Contenu de l’étude

Objectif de l’étude

L’objectif de cette étude intitulée “Prospect” est de déterminer la prévalence des mutations des gènes de réparation par recombinaison homologue (HRRm) chez les patients atteints de cancer de la prostate résistant à la castration métastatique (mCRPC) en Amérique latine et dans les Caraïbes, et de décrire les caractéristiques démographiques et cliniques des participants. Cette étude représente la première tentative de décrire la prévalence des HRRm chez les patients atteints de cancer de la prostate dans la région LAC.

Matériels et méthodes

Il s’agit d’une étude prospective, transversale et multicentrique couvrant 11 centres de cancérologie dans sept pays de la région LAC. Tous les participants ont donné leur consentement éclairé et fourni des échantillons de sang pour la détection des mutations germinales des HRR. Lorsque possible, des échantillons de tissu prostatique ont été fournis pour la détection des mutations somatiques des HRR. Les participants étaient des personnes confirmées ayant un mCRPC, âgées de 18 ans ou plus. Ils devaient fournir des informations médicales et démographiques et des échantillons de sang et de tissu tumoral. Les patients présentant des conditions médicales ou psychiatriques aiguës ou chroniques sévères qui peuvent augmenter les risques de participation à l’étude ou interférer avec l’interprétation des résultats ont été exclus.

Processus expérimental

Tous les échantillons de sang et de tissu ont été analysés dans des laboratoires locaux en Argentine et au Brésil, ainsi que dans un laboratoire central au Mexique. La méthode HANDLE (Halo-Shape Annealing and Defer-Ligation Enrichment) a été utilisée pour l’analyse des mutations somatiques et germinales des HRR dans le sang et les tissus en utilisant un panel de séquençage de nouvelle génération AmoyDx. La détection comprenait les variations de nucléotide simple (SNVs) et les insertions et délétions (INDELs) dans les régions codantes des protéines et les régions intron/exon, couvrant 25 gènes HRR et leurs régions adjacentes.

Collecte de données

Cette étude a été menée conformément aux exigences réglementaires des ministères de la santé des différents pays et aux principes éthiques de la Déclaration d’Helsinki. La gestion des données était conforme aux bonnes pratiques cliniques et aux exigences réglementaires fédérales et locales. Tous les documents sources ont été remplis par le personnel de l’étude ou les chercheurs sur le terrain et signés par les responsables de la collecte des données. Tous les échantillons ont été étiquetés et transportés conformément aux lois locales applicables et aux instructions des fabricants pour la manipulation, le traitement et le transport des échantillons, garantissant une traçabilité complète.

Résultats expérimentaux

Entre avril 2021 et avril 2022, 395 patients ont été dépistés et 387 ont été recrutés. Près de 40 % des patients avaient des antécédents familiaux de cancer. L’âge médian des participants était de 70 ans et 94 % des patients étaient au stade 0-1 de l’Eastern Cooperative Oncology Group (ECOG). Parmi les participants, 151 patients (39 %) avaient des antécédents familiaux de cancer, majoritairement chez des proches au premier degré (120 patients, soit 80 %). En raison de l’insuffisance des échantillons tissulaires, de l’absence de cellules tumorales et de la mauvaise qualité de l’ADN, 79 % des tests somatiques des HRR ont échoué, rendant impossible l’évaluation de la prévalence des HRRm somatiques.

La prévalence totale des mutations germinales des gènes HRR dans l’étude était de 4,2 %, avec des gènes mutés spécifiques incluant CHEK2, ATM, BRCA2, BRIP1, RAD51B, BRCA1 et MRE11. Aucun lien significatif entre les caractéristiques de base et les mutations germinales des HRR n’a été trouvé.

Le taux élevé d’échec des tests somatiques des HRR a été un défi majeur. Des améliorations sont actuellement en cours pour accroître la précision des tests HRR et des traitements basés sur les biomarqueurs pour les patients atteints de mCRPC en LAC.

Conclusion

Cette étude a montré la prévalence des HRRm chez les patients mCRPC en LAC et a révélé que la prévalence des HRRm dans cette région est inférieure à celle des populations nord-américaines et européennes. Le taux élevé d’échec des tests somatiques des HRR nécessite d’être résolu pour améliorer l’accessibilité aux tests HRR et aux traitements basés sur les biomarqueurs.

Points forts de l’étude

  1. Première tentative : Cette étude est la première à décrire la prévalence des HRRm chez les patients atteints de mCRPC dans la région LAC, fournissant des données de référence précieuses.
  2. Caractéristiques de base des patients : L’étude détaille les antécédents familiaux, le moment du diagnostic de la maladie et les sites de métastases des patients.
  3. Raisons de l’échec des tests de mutation des gènes HRR : Elle met en évidence les raisons de taux élevés d’échec des tests HRR, notamment l’insuffisance de l’ADN, l’absence de cellules tumorales et la mauvaise qualité de l’ADN.
  4. Mesures d’amélioration ultérieures : Des mesures de correction visant à améliorer la précision des tests HRR et des traitements sur la base des biomarqueurs ont été prises.

Importance et valeur de l’étude

Cette étude a une grande valeur scientifique et applicationnelle. Sur le plan scientifique, elle fournit pour la première fois des données de prévalence des HRRm chez des patients atteints de mCRPC dans la région LAC, comblant ainsi une lacune dans la recherche de cette région. Sur le plan applicationnel, elle met en évidence les obstacles actuels au niveau des tests et des traitements, jetant les bases de stratégies de détection et de traitement plus efficaces pour les patients mCRPC en LAC. La découverte de taux élevés d’échec des tests a stimulé une série de mesures correctives, telles que la formation des pathologistes à l’optimisation et à la conservation des échantillons et la promotion des biopsies liquides, visant à améliorer les niveaux de test et de traitement des patients dans la région.

Contenu complémentaire de l’étude

  1. Tendance mondiale des tests génétiques : Bien que le taux de tests génétiques augmente progressivement à l’échelle mondiale, l’étude a révélé que plus des deux tiers des patients américains n’avaient pas subi de tests HRR. En comparaison, l’accessibilité aux tests génétiques dans la région LAC est manifestement plus faible. Cela montre qu’il faut davantage de ressources et de soutien politiques pour étendre la couverture des tests génétiques dans chaque pays.
  2. Considérations éthiques : L’étude a strictement suivi les lignes directrices éthiques et les lois des différents pays, et a obtenu l’approbation des comités d’éthique pertinents. Cela montre les normes élevées de conformité éthique et légale de l’étude.

Cette recherche fournit non seulement des données cruciales pour les tests génétiques et les traitements des patients atteints de mCRPC en LAC, mais elle révèle également les défis actuels et les directions pour les améliorations futures, soulignant ainsi son importance et sa valeur profonde.