Les cellules épithéliales pigmentaires rétiniennes réduisent la fuite vasculaire et la prolifération dans les néovaisseaux rétiniens

Les cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien réduisent la fuite vasculaire et la prolifération dans les néovaisseaux rétiniens

Contexte académique

Les cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien (RPE) jouent un rôle crucial dans plusieurs fonctions de la rétine, notamment en répondant au stress et aux dommages de la neuro-rétine. Dans de nombreuses maladies neurodégénératives, telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), la rétinite pigmentaire et la télangiectasie maculaire de type 2 (MacTel), les cellules RPE prolifèrent et migrent dans la neuro-rétine, formant des plaques pigmentaires intra-rétiniennes. Bien que ces changements pigmentaires soient des marqueurs de la progression de la maladie, on ignore encore si leur présence est protectrice ou néfaste.

Cet article vise à explorer l’impact des plaques pigmentaires sur les changements vasculaires et la progression de la maladie dans la MacTel, et à étudier les mécanismes pathologiques sous-jacents à l’aide de modèles animaux. L’hypothèse est que la prolifération, la migration et l’accumulation péricapillaire des cellules RPE pourraient stabiliser la prolifération vasculaire et réduire la perméabilité vasculaire, exerçant ainsi un effet protecteur sur la rétine malade.

Source de l’article

Cet article est co-écrit par Simone Tzaridis, Edith Aguilar, Michael I. Dorrell, Martin Friedlander et Kevin T. Eade, affiliés respectivement au Lowy Medical Research Institute, au Scripps Research Institute et à la Point Loma Nazarene University. L’article a été publié en 2025 dans la revue Angiogenesis.

Processus et résultats de la recherche

Processus de recherche

  1. Étude clinique :
    L’étude a d’abord mené une analyse rétrospective longitudinale des images rétiniennes multimodales de patients atteints de MacTel pour évaluer l’impact des plaques pigmentaires sur les changements vasculaires et la progression de la maladie. L’étude a inclus 1216 yeux de 608 patients, dont 69 yeux ont été analysés sur une période d’observation de 24 à 60 mois. Les techniques d’imagerie telles que l’angiographie à la fluorescéine (FFA) et la tomographie par cohérence optique (OCT) ont été utilisées pour évaluer la relation entre la formation des plaques pigmentaires et la fuite vasculaire ainsi que la croissance des néovaisseaux.

  2. Étude sur modèle animal :
    L’étude a utilisé des souris mutantes pour le récepteur des lipoprotéines de très basse densité (Vldlr−/−) comme modèle animal de la MacTel. Grâce à des techniques d’immunofluorescence, d’analyse de l’expression génique et d’interventions pharmacologiques, l’étude a examiné la transition épithélio-mésenchymateuse (EMT) des cellules RPE et son impact sur la fuite vasculaire et la croissance des néovaisseaux.

Résultats principaux

  1. Relation entre les plaques pigmentaires et la fuite vasculaire :
    Chez les patients atteints de MacTel, l’accumulation de plaques pigmentaires autour des vaisseaux était associée à une réduction de la fuite vasculaire et à une stabilisation de la croissance des néovaisseaux. L’étude a montré que les vaisseaux recouverts de plaques pigmentaires présentaient une diminution de la fuite de fluorescéine aux phases précoce et tardive de la FFA, suggérant que les plaques pigmentaires ont un effet d’étanchéité plutôt qu’un simple effet d’ombrage.

  2. EMT des cellules RPE :
    Dans le modèle murin Vldlr−/−, les cellules RPE ont subi une EMT lors de leur prolifération et migration. L’analyse de l’expression génique a révélé une régulation à la hausse des gènes liés à l’EMT (comme Snail1/2, Vimentin, Fibronectin) dans les cellules RPE, tandis que les marqueurs épithéliaux (comme E-cadherin, ZO-1) étaient régulés à la baisse.

  3. Impact de l’inhibition de l’EMT :
    L’inhibition pharmacologique de l’EMT a entraîné une augmentation significative de la fuite vasculaire et de la croissance des néovaisseaux chez les souris Vldlr−/−, tandis que l’accumulation de plaques pigmentaires diminuait. Cela indique que l’EMT des cellules RPE et leur accumulation péricapillaire ont un effet protecteur en stabilisant la prolifération des néovaisseaux et en réduisant la fuite vasculaire.

Conclusion et signification

Les résultats de l’étude montrent que la prolifération, la migration et l’accumulation péricapillaire des cellules RPE peuvent stabiliser la croissance des néovaisseaux et réduire la fuite vasculaire, exerçant ainsi un effet protecteur sur la rétine malade. Cette découverte modifie notre compréhension du rôle des plaques pigmentaires dans les maladies rétiniennes et suggère que perturber ce “mécanisme de réparation naturelle” pourrait avoir des effets néfastes sur la progression de la maladie, et devrait donc être évité.

Points forts de l’étude

  1. Découverte majeure :
    L’étude révèle pour la première fois le rôle protecteur des cellules RPE dans la MacTel, montrant que l’accumulation de plaques pigmentaires peut réduire la fuite vasculaire et stabiliser la croissance des néovaisseaux.

  2. Innovation méthodologique :
    L’étude combine des recherches cliniques rétrospectives et des expériences sur modèles animaux, utilisant des techniques d’imagerie multimodales et d’analyse de l’expression génique pour explorer en profondeur l’EMT des cellules RPE et son impact sur les changements vasculaires.

  3. Valeur applicative :
    Les résultats de l’étude offrent de nouvelles perspectives pour le traitement de la MacTel et d’autres maladies rétiniennes, suggérant d’éviter les interventions qui pourraient perturber le mécanisme de réparation naturelle des cellules RPE.

Autres informations pertinentes

L’étude a également révélé que la formation des plaques pigmentaires pourrait être déclenchée localement par la fuite vasculaire et la prolifération, suggérant que les plaques pigmentaires pourraient servir de biomarqueurs pour prédire l’exsudation néovasculaire et la stabilisation vasculaire. Des études longitudinales prospectives seront nécessaires pour valider ces découvertes.

Cet article, à travers une recherche clinique et expérimentale détaillée, met en lumière le rôle protecteur des cellules RPE dans les maladies rétiniennes, offrant de nouvelles perspectives et stratégies pour le traitement de ces affections.