Validation du score du Laboratoire d'indicateur de risque pour la fasciite nécrosante (LRINEC) et établissement d'un nouveau score chez les patients japonais atteints de fasciite nécrosante (score J-LRINEC)
Validation du score LRINEC (Laboratory Risk Indicator for Necrotizing Fasciitis) chez les patients japonais et établissement d’un nouveau score (J-LRINEC)
Contexte académique
La fasciite nécrosante (Necrotizing Fasciitis, NF) et la cellulite sont deux maladies infectieuses cutanées courantes. Bien qu’elles présentent des similitudes cliniques, leur gravité et leurs traitements diffèrent considérablement. La fasciite nécrosante est une infection grave, évoluant rapidement et avec un taux de mortalité élevé, tandis que la cellulite est relativement bénigne. Par conséquent, la distinction précise entre ces deux maladies est cruciale pour le traitement clinique.
Le score LRINEC (Laboratory Risk Indicator for Necrotizing Fasciitis) est un outil largement utilisé pour distinguer ces deux maladies. Cependant, des études antérieures ont montré que la sensibilité et la spécificité du score LRINEC varient selon les pays et les régions, en particulier chez les patients japonais, où son applicabilité n’a pas été suffisamment validée. Ainsi, cette étude vise à valider le score LRINEC chez les patients japonais et à développer un nouveau système de score plus adapté à cette population (J-LRINEC).
Source de l’article
Cet article est rédigé par Yuta Norimatsu, Takemichi Fukasawa, Yuki Ohno et d’autres auteurs affiliés à plusieurs institutions, notamment l’Hôpital Général JR de Tokyo, la Graduate School of Medicine de l’Université de Tokyo et l’Hôpital Narita de l’International University of Health and Welfare. L’article a été publié en 2025 dans le Journal of Dermatology sous le titre Validation of Laboratory Risk Indicator for Necrotizing Fasciitis (LRINEC) Score and Establishment of Novel Score in Japanese Patients with Necrotizing Fasciitis (J-LRINEC Score).
Méthodologie de l’étude
Population étudiée et traitement des données
Cette étude a analysé rétrospectivement les données de 265 patients hospitalisés entre avril 2005 et mars 2018 à l’Hôpital Général JR de Tokyo et à l’Hôpital de l’Université de Tokyo, incluant 56 patients atteints de fasciite nécrosante et 209 patients atteints de cellulite. Tous les diagnostics ont été établis sur la base des résultats cliniques, d’imagerie et de laboratoire. Les données ont été divisées aléatoirement en un ensemble d’entraînement (n=199) et un ensemble de validation (n=66). Les patients présentant des données manquantes ou des infections associées (ostéomyélite, escarres) ont été exclus.
Analyse des données
Les chercheurs ont utilisé le test de Mann-Whitney U pour analyser les variables non distribuées normalement, et le test exact de Fisher ou le test du chi carré pour les données catégoriques. Pour évaluer la validité du score LRINEC, une analyse de régression logistique a été utilisée pour calculer la statistique C. En outre, les chercheurs ont développé une nouvelle équation de score, appelée J-LRINEC (Laboratory Risk Indicator for Necrotizing Fasciitis for Japanese Patients), à l’aide d’une sélection de variables appropriée et de régression logistique.
Développement du nouveau score J-LRINEC
La formule du score J-LRINEC est la suivante :
[ J-LRINEC\ score = \frac{1}{1 + \exp(-s)} ]
où
[ s = -2.19466839641172 - 0.0326642793846153 \times \text{âge} - 0.111283611908592 \times \text{indice de masse corporelle} + 0.102666886155143 \times \text{niveau de CRP} + 0.446802301715261 \times \text{température} - 3.64811896715886 \times \text{niveau d’albumine} ]
Résultats principaux
Caractéristiques des patients
L’étude a révélé que les patients atteints de fasciite nécrosante avaient tendance à être plus âgés, avaient un indice de masse corporelle plus faible et étaient plus susceptibles de présenter un état d’immunosuppression. De plus, la fasciite nécrosante se produisait plus fréquemment en dehors des membres inférieurs, et les signes vitaux étaient généralement plus altérés.
Résultats des analyses sanguines
Les patients atteints de fasciite nécrosante présentaient des taux significativement plus élevés de globules blancs, de glucose sanguin, d’hémoglobine A1c et de CRP, alors que les niveaux d’hémoglobine, de sodium et d’albumine étaient significativement plus bas que chez les patients atteints de cellulite. Les patients atteints de fasciite nécrosante étaient également plus susceptibles de souffrir de dysfonction rénale.
Comparaison entre le score LRINEC et le score J-LRINEC
Dans l’ensemble de validation, le score LRINEC avait une statistique C de 0,914, une spécificité de 96 %, mais une sensibilité de seulement 68,9 %. En revanche, le score J-LRINEC avait une statistique C de 0,9683, une sensibilité de 91,4 % et une spécificité de 84,8 %. Cela indique que le score J-LRINEC offre une plus grande précision pour distinguer la fasciite nécrosante de la cellulite.
Conclusion et signification
Cette étude a validé l’efficacité du score LRINEC chez les patients japonais, mais a souligné sa faible sensibilité. Par conséquent, les chercheurs ont développé le score J-LRINEC, qui montre une sensibilité et une spécificité plus élevées chez les patients japonais. Les résultats suggèrent que le score J-LRINEC peut compléter le score LRINEC pour une différenciation plus précise entre la fasciite nécrosante et la cellulite, en particulier chez les patients japonais.
Points forts de l’étude
- Validation du score LRINEC : Cette étude est la première à valider l’efficacité du score LRINEC chez les patients japonais, comblant ainsi une lacune dans ce domaine.
- Développement du score J-LRINEC : L’étude a développé un nouveau score adapté aux patients japonais, surpassant le score LRINEC en termes de sensibilité et de spécificité.
- Valeur clinique potentielle : L’application du score J-LRINEC pourrait améliorer le diagnostic précoce de la fasciite nécrosante, favorisant ainsi un meilleur pronostic pour les patients.
Autres informations pertinentes
Cette étude a également comparé plusieurs autres outils de score couramment utilisés, tels que le score SIARI et l’algorithme NEJM, et a constaté que leurs performances pour distinguer la fasciite nécrosante de la cellulite étaient inférieures à celles du score J-LRINEC. En outre, les chercheurs ont noté que, bien que les systèmes de score basés sur l’imagerie puissent être utiles, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) est rarement utilisée en pratique dermatologique de routine au Japon, ce qui souligne davantage l’utilité pratique du score J-LRINEC.
Cette étude a non seulement validé l’applicabilité des outils existants chez les patients japonais, mais a également développé un nouvel outil de score adapté à cette population, offrant ainsi une signification clinique et scientifique importante.