Acide Diméthylguanidino Valérique Circulant, Facteurs Alimentaires et Risque de Maladie Coronarienne

Contexte

La maladie coronarienne (Coronary Heart Disease, CHD) est l’une des principales causes de décès dans le monde, et son mécanisme pathogénique est complexe, impliquant de multiples facteurs métaboliques et alimentaires. Ces dernières années, le développement de la métabolomique a offert de nouvelles perspectives pour l’étude de la maladie coronarienne, en particulier grâce à l’analyse des métabolites sanguins pour révéler des biomarqueurs potentiels du risque de maladie. L’acide diméthylguanidinovalerique (Dimethylguanidino Valeric Acid, DMGV) est un métabolite récemment découvert, associé à la santé cardiorespiratoire et aux anomalies métaboliques. Des études antérieures ont montré que les niveaux de DMGV pourraient être modulés par l’alimentation, mais la relation spécifique entre le DMGV et l’apport en aliments/nutriments liés à la maladie coronarienne n’a pas été suffisamment étudiée. Par conséquent, cette étude vise à explorer la relation entre les niveaux plasmatiques de DMGV et le risque de maladie coronarienne, ainsi qu’à analyser son association avec l’apport alimentaire.

Source de l’article

Cette étude a été réalisée par Yoriko Heianza, Xuan Wang, Minghao Kou et d’autres auteurs, issus de plusieurs institutions de recherche renommées telles que Tulane University, University of California San Diego et Brigham and Women’s Hospital. L’article a été publié en ligne le 7 septembre 2024 dans la revue Cardiovascular Research, sous le titre “Circulating Dimethylguanidino Valeric Acid, Dietary Factors, and Risk of Coronary Heart Disease”.

Processus et détails de l’étude

Sujets et conception de l’étude

Cette étude a utilisé un design de cas-témoins imbriqué, avec des sujets provenant de deux cohortes indépendantes : la Nurses’ Health Study (NHS) et la Women’s Lifestyle Validation Study (WLVS). La cohorte NHS comprenait 1520 femmes, dont 760 cas de maladie coronarienne et 760 témoins. La cohorte WLVS comprenait 724 femmes, utilisées pour évaluer la relation entre les niveaux plasmatiques de DMGV et l’apport alimentaire ainsi que les anomalies métaboliques.

Collecte et traitement des données

Dans la cohorte NHS, les chercheurs ont collecté des échantillons sanguins des participantes en 1989-1990 et en 2000-2002, et ont effectué un suivi à long terme jusqu’en 2016. Les cas de maladie coronarienne étaient définis comme des infarctus du myocarde non mortels ou des maladies coronariennes mortelles, confirmés par des dossiers médicaux et des certificats de décès. Dans la cohorte WLVS, les participantes ont fourni deux échantillons sanguins et ont rempli des enregistrements alimentaires sur 7 jours (7-day Dietary Records, 7DDRs) pour évaluer leur apport alimentaire.

Mesure des métabolites

La mesure du DMGV plasmatique a été réalisée par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse (Liquid Chromatography-Mass Spectrometry, LC-MS). Tous les échantillons ont été analysés dans le même lot, et les techniciens étaient aveugles au statut cas-témoin des échantillons. Les résultats de contrôle qualité ont montré une reproductibilité élevée de la mesure du DMGV (coefficient de variation moyen de 15,1 %).

Analyse statistique

L’étude a utilisé des modèles de régression logistique conditionnelle pour évaluer la relation entre les niveaux de DMGV et le risque de maladie coronarienne, en ajustant pour l’apport alimentaire et les facteurs métaboliques. Pour évaluer l’association entre le DMGV et l’apport alimentaire, les chercheurs ont calculé l’effet (β) d’une augmentation de 1 écart-type (SD) de l’apport alimentaire sur les niveaux de DMGV, puis ont calculé le risque relatif (Relative Risk, RR) de maladie coronarienne correspondant à ces valeurs β.

Résultats principaux

DMGV et risque de maladie coronarienne

L’étude a révélé une corrélation linéaire positive entre les niveaux plasmatiques de DMGV et le risque de maladie coronarienne (p = 0,006). Pour chaque augmentation de 1 SD des niveaux de DMGV, le risque relatif de maladie coronarienne augmentait de 26 % (RR = 1,26, IC à 95 % 1,13-1,40). Après ajustement pour les facteurs alimentaires et de mode de vie, les niveaux de DMGV dans le quartile supérieur (Q4) étaient significativement associés au risque de maladie coronarienne (RR = 1,60, IC à 95 % 1,17-2,18). Cependant, cette association était atténuée après ajustement supplémentaire pour des facteurs métaboliques tels que l’obésité et l’hypertension (RR = 1,29, IC à 95 % 0,93-1,79).

DMGV et apport alimentaire

L’étude a également montré qu’un apport élevé en sodium, en aliments à haute densité énergétique et en viandes transformées/rouges était associé à des niveaux plus élevés de DMGV. Par exemple, une augmentation de 1 SD de l’apport en sodium augmentait les niveaux de DMGV de 0,13 (p = 0,007), ce qui correspondait à une augmentation de 3,1 % du risque de maladie coronarienne (RR = 1,031, IC à 95 % 1,016-1,046). D’autre part, un apport élevé en potassium, en fibres alimentaires, en noix et en fruits était associé à des niveaux plus faibles de DMGV, et ces facteurs alimentaires correspondaient à un risque plus faible de maladie coronarienne.

DMGV et anomalies métaboliques

Dans les deux cohortes indépendantes, des niveaux plus élevés de DMGV étaient significativement associés à une plus grande adiposité et à un état métabolique plus défavorable. Par exemple, les niveaux de DMGV étaient positivement corrélés à l’indice de masse corporelle (Body Mass Index, BMI), à la masse grasse, aux lipides sanguins, à l’HbA1c et à d’autres indicateurs métaboliques (p < 0,0001).

Conclusion et signification

Cette étude montre que les niveaux plasmatiques de DMGV, en tant que métabolite reflétant un apport alimentaire défavorable, sont associés à un risque accru de maladie coronarienne à long terme chez les femmes. Cette association défavorable est en partie atténuée par les facteurs de risque métaboliques tels que l’obésité et l’hypertension. Les résultats soulignent le potentiel du DMGV en tant que biomarqueur précoce, pouvant être utilisé pour réduire le risque de maladie coronarienne par des interventions alimentaires. De plus, l’étude révèle des liens étroits entre le DMGV et les anomalies métaboliques, offrant de nouvelles directions pour explorer les mécanismes biologiques du DMGV dans les maladies cardiovasculaires.

Points forts de l’étude

  1. Nouveau biomarqueur : Le DMGV, en tant que métabolite nouvellement découvert, a été pour la première fois confirmé comme étant associé au risque de maladie coronarienne, révélant sa relation étroite avec l’apport alimentaire.
  2. Données de suivi à long terme : L’étude s’appuie sur des données de suivi à long terme provenant de deux grandes cohortes, NHS et WLVS, fournissant des preuves épidémiologiques fiables.
  3. Analyse intégrée de l’alimentation et du métabolisme : L’étude a non seulement analysé l’association entre le DMGV et l’alimentation, mais a également exploré sa relation avec les anomalies métaboliques, offrant une nouvelle perspective pour comprendre le mécanisme multifactoriel de la maladie coronarienne.

Autres informations utiles

L’étude a également révélé que le DMGV était significativement corrélé avec des marqueurs liés à la sécrétion d’insuline (tels que l’insuline et le peptide C), suggérant que le DMGV pourrait jouer un rôle important dans la régulation métabolique. De plus, les résultats fournissent des indices précieux pour explorer davantage les mécanismes biologiques du DMGV et les stratégies d’intervention potentielles.


Grâce à cette étude, nous avons approfondi notre compréhension des facteurs de risque de la maladie coronarienne et avons fourni des bases scientifiques pour les futures stratégies de prévention et d’intervention. Le DMGV, en tant que biomarqueur précoce potentiel, pourrait jouer un rôle important dans la pratique clinique future.