L'avantage pratique de l'examen double traceur en une journée dans les tumeurs neuroendocrines grâce à l'imagerie PET à faible activité LAFOV
Une percée en médecine nucléaire et en imagerie moléculaire : Une étude européenne révèle l’application d’une imagerie PET/CT à double traceur en une journée pour les tumeurs neuroendocrines
Dans le domaine de la médecine nucléaire, les tumeurs neuroendocrines (Neuroendocrine Neoplasms, NENs) représentent une priorité de recherche constante en raison de leur hétérogénéité et de leur complexité. À cet égard, une équipe de recherche basée à Tübingen, en Allemagne, a publié une étude innovante dans le European Journal of Nuclear Medicine and Molecular Imaging, explorant l’impact clinique d’un protocole d’imagerie PET/CT à double traceur réalisé en une journée pour la prise en charge des patients atteints de NENs.
Contexte
Les tumeurs neuroendocrines (NENs) constituent un groupe hétérogène de tumeurs originaires de différents sites anatomiques. Elles se divisent en tumeurs neuroendocrines bien différenciées (Neuroendocrine Tumors, NETs) et en carcinomes neuroendocrines peu différenciés (Neuroendocrine Carcinomas, NECs). Pour une stratification thérapeutique efficace, l’imagerie PET des récepteurs de la somatostatine (Somatostatin Receptor, SSTR) est actuellement utilisée en pratique clinique. Toutefois, certaines NENs à prolifération élevée ou mal différenciées présentent un métabolisme accru du glucose et une faible expression du SSTR, ce qui peut limiter l’évaluation de la charge tumorale par une simple imagerie SSTR-PET. Dès lors, les chercheurs ont exploré de nouvelles stratégies impliquant l’association de [18F]FDG (fluorodésoxyglucose) et d’analogues de la somatostatine radiomarqués (SSAs) pour une imagerie à double traceur.
Origine de l’étude
L’équipe de recherche, dirigée par Eduardo Calderón, Lena S. Kiefer, Fabian P. Schmidt et al., provient principalement de l’Institut de médecine nucléaire et d’imagerie moléculaire clinique de l’hôpital universitaire de Tübingen, ainsi que de plusieurs départements connexes. L’étude, publiée en 2025, constitue une contribution majeure dans le domaine de l’imagerie diagnostique des tumeurs neuroendocrines.
Protocole et méthodologie
L’étude visait à évaluer la faisabilité d’un protocole d’imagerie à double traceur en une journée. Ce protocole inclut les étapes suivantes :
Une imagerie PET [18F]FDG à faible activité : Les 20 patients inclus ont d’abord subi une scintigraphie à faible activité de [18F]FDG, à une activité administrée de 0,5 MBq/kg. Une acquisition d’image a été réalisée 60 minutes après l’injection, couvrant une zone allant du sommet crânien au milieu des cuisses.
Une imagerie PET standard avec [18F]Sifalin-Tate : Environ 4,2 heures après la première scintigraphie, une seconde imagerie PET a été réalisée avec une activité standard de [18F]Sifalin-Tate (3,0 MBq/kg).
Reconstruction et analyse des images : Les images PET ont été reconstruites selon un protocole clinique standard. Un accent particulier a été mis sur l’analyse de l’impact potentiel de l’activité résiduelle de FDG sur les résultats de la seconde imagerie SSTR-PET. Les concentrations d’activité (ACTs) dans le myocarde et les lésions tumorales ont été mesurées et comparées.
Résultats
Les résultats soulignent qu’au niveau des tissus à métabolisme glucidique élevé (comme le cerveau et le myocarde) mais sans expression physiologique des SSTR, l’activité résiduelle de FDG lors de la seconde acquisition était négligeable. Même en prenant en compte une absorption croissante du FDG dans le temps, l’activité résiduelle estimée était de seulement 6,8 % de l’activité mesurée des lésions tumorales lors de la seconde scintigraphie PET. Ces données confirment que l’impact potentiel de l’activité résiduelle de [18F]FDG sur la quantification de [18F]Sifalin-Tate est insignifiant, même dans les scénarios les plus conservateurs.
Les résultats de l’imagerie à double traceur ont directement influencé les décisions thérapeutiques pour 55 % des patients inclus, démontrant ainsi le rôle clé de cette technique dans l’amélioration de la précision des plans de traitement.
Conclusion et perspectives
Cette étude démontre que les scanners PET à champ de vision axial long (Long Axial Field-of-View, LAFOV) permettent de réaliser des protocoles d’imagerie à double traceur en une journée tout en préservant la semi-quantification des deux traceurs radiomarqués avec le fluor-18. Cette approche simplifie l’évaluation de la biologie tumorale et des hétérogénéités tumorales, tout en réduisant les défis logistiques inhérents aux examens PET complexes. Ces résultats ouvrent des perspectives prometteuses pour l’application de cette technologie dans l’imagerie multi-traceur, notamment dans le contexte des tumeurs neuroendocrines nécessitant des traitements complexes.
Sur le plan pratique, la méthodologie proposée pourrait être étendue à d’autres radionucléides et entités tumorales, augmentant l’efficacité et le confort des examens pour les patients.
Points forts de l’étude
L’aspect clé de cette recherche réside dans la démonstration de la valeur potentielle de l’imagerie PET/CT à double traceur pour les tumeurs neuroendocrines. En exploitant les capacités des scanners LAFOV, elle offre une précision accrue dans la stratification thérapeutique et réduit la dose d’activité injectée. Ce travail représente également une avancée méthodologique et préfigure de futures innovations dans l’imagerie diagnostique des cancers complexes.
Grâce à cette étude, l’équipe de recherche propose une stratégie innovante et efficace pour la gestion des NENs, tout en apportant un exemple utile pour d’autres études similaires en imagerie tumorale.