Preuves archéologiques d'un rituel aborigène australien documenté ethnographiquement datant de la dernière ère glaciaire

Des preuves archéologiques révèlent la continuité des rituels aborigènes australiens depuis l’ère glaciaire

Contexte de l’étude

Cette étude vise à explorer la possibilité de retracer les rituels traditionnels dans les sociétés aborigènes par des moyens archéologiques. Dans les sociétés ayant une tradition écrite, peu de connaissances ethnographiques datant de plus de quelques centaines d’années peuvent être vérifiées par des méthodes archéologiques. L’équipe de recherche, invitée par des anciens aborigènes Gunaikurnai, a entrepris des fouilles archéologiques dans la grotte de Cloggs dans les Alpes australiennes. Dans la région de Gunaikurnai, la grotte n’était pas utilisée comme lieu d’habitation durant la période coloniale du milieu du XIXe siècle, mais plutôt comme un lieu caché pour les rituels des guérisseurs aborigènes et des femmes. Grâce aux fouilles de la grotte de Cloggs, les archéologues ont découvert des mini foyers et des objets en bois taillés datant de la fin de l’ère glaciaire, il y a environ 11 000 à 12 000 ans, qui correspondent aux dispositifs rituels décrits dans les récits ethnographiques du XIXe siècle des Gunaikurnai. Cette découverte indique que des pratiques rituelles ethnographiquement enregistrées ont perduré pendant 500 générations, remontant à la fin de l’ère glaciaire.

Source de l’étude

Cette étude a été réalisée conjointement par les auteurs suivants : Bruno David, Russell Mullett, Nathan Wright, Birgitta Stephenson, Jeremy Ash, Joanna Fresløv, et avec la participation de la Gunaikurnai Land et de la Waters Aboriginal Corporation. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue “Nature Human Behaviour”, la date de publication étant indéterminée. Les membres de l’équipe de recherche proviennent de plusieurs institutions de recherche, notamment l’Université Monash et d’autres centres de recherche associés.

Méthodologie de l’étude

La méthodologie de l’étude comprend des fouilles archéologiques détaillées du site dans la grotte de Cloggs et l’analyse scientifique des objets découverts en laboratoire. Un soin particulier a été apporté au contrôle des conditions expérimentales et à l’utilisation de techniques stériles pour garantir une analyse précise des objets en bois et des échantillons de moutarde. De plus, une analyse anatomique des objets en bois a été réalisée pour déterminer leur espèce, et des techniques de microscopie électronique à balayage et de spectrométrie de masse ont été appliquées pour analyser chimiquement les résidus à la surface des objets en bois. Les résultats de datation au carbone radioactif ont été analysés à l’aide de la modélisation bayésienne pour établir la chronologie du site.

Résultats de l’étude

Les archéologues ont découvert deux mini foyers dans la grotte de Cloggs, chacun contenant un bâton dont une extrémité était légèrement carbonisée, indiquant qu’ils avaient été brièvement exposés à un feu de faible intensité. L’analyse anatomique et chimique a révélé que ces bâtons étaient constitués de l’une des deux espèces de la famille des Aulne australienne, et a confirmé la présence de graisses animales ou humaines à la surface des bâtons, correspondant aux pratiques rituelles enregistrées dans les récits ethnographiques. De plus, le site ne contenait pas de restes alimentaires animaux en grande quantité, ce qui suggère que ces feux étaient utilisés pour des activités rituelles spécifiques plutôt que pour la cuisine ou le chauffage quotidien.

Conclusions et implications de l’étude

L’étude fournit des preuves convaincantes que certaines traditions culturelles peuvent perdurer pendant des millénaires sans être influencées ou reproduites par des éléments modernes. Les objets en bois et leur association avec le feu, ainsi que les preuves ethnographiques des Gunaikurnai, démontrent ensemble une continuité culturelle de plus de 12 000 ans. L’étude met en évidence que ces artefacts ne sont pas simplement des souvenirs des comportements des ancêtres lointains, mais le résultat d’une transmission de connaissances de génération en génération, presque sans modification.

Points forts de l’étude

Cette étude se concentre sur la question de la longue continuité des rituels aborigènes australiens, impliquant des objets en bois qui pourraient être les plus anciens connus en Australie. L’étude offre une nouvelle perspective pour comprendre comment, dans les sociétés sans système d’écriture, les traditions culturelles peuvent être perpétuées et transmises à travers des pratiques culturelles matérielles. Les résultats de l’étude contribuent également à approfondir la compréhension de l’héritage culturel immatériel et de l’histoire sociale des Gunaikurnai.

Cette recherche illustre l’importance de la collaboration interdisciplinaire et de l’application de technologies innovantes dans l’étude des cultures aborigènes, et démontre l’importance de la coopération avec les communautés aborigènes dans les recherches sur le patrimoine culturel. Ce partenariat de recherche révèle non seulement la durabilité des connaissances traditionnelles aborigènes, mais montre aussi l’intégration des liens culturels autochtones avec la recherche scientifique.