L'infiltration des macrophages M2a est prédominante dans le xanthome verruciforme génital

Infiltration prédominante des macrophages M2a dans le xanthome verruciforme génital

Contexte académique

Le xanthome verruciforme (Verruciform Xanthoma, VX) est une tumeur bénigne verruqueuse rare, rapportée pour la première fois par Sachs en 1903 et nommée par Shafer en 1971. Cette lésion se développe principalement dans la région génitale et la muqueuse buccale des personnes âgées. Histopathologiquement, elle se caractérise par une hyperplasie papillaire de l’épiderme et une infiltration de cellules spumeuses dans le derme. Malgré des années de recherche, l’étiologie du VX reste mal comprise. En raison de sa localisation unique (région génitale) et de son apparence verruqueuse, une association avec l’infection par le virus du papillome humain (HPV) a été suspectée, mais plusieurs études n’ont pas confirmé cette hypothèse. Par conséquent, les chercheurs ont commencé à explorer d’autres causes possibles, notamment l’irritation locale, les infections microbiennes et l’implication des cellules immunitaires.

Les macrophages sont des composants importants du système immunitaire et peuvent être classés en types M1 et M2 en fonction de leur fonction et de leur phénotype. Les macrophages de type M1 sont généralement induits par des cytokines pro-inflammatoires (telles que l’IL-1, l’IL-12, l’IL-17 et le TNF-α) et participent aux réactions inflammatoires ; tandis que les macrophages de type M2 sont induits par l’IL-4 et l’IL-13 et possèdent des fonctions anti-inflammatoires et de réparation tissulaire. Les macrophages de type M2 sont en outre divisés en trois sous-groupes : M2a (impliqué dans la remodelage tissulaire), M2b (impliqué dans la régulation immunitaire et la progression tumorale) et M2c (impliqué dans l’élimination des cellules apoptotiques). Ces dernières années, le rôle des macrophages dans les maladies de la peau a attiré de plus en plus d’attention, mais leur rôle spécifique dans le VX reste incertain. Pour ce faire, l’équipe de recherche a utilisé des techniques d’immunohistochimie et d’immunofluorescence pour étudier l’infiltration des macrophages M2a dans les lésions de VX, dans le but de fournir de nouvelles pistes sur l’étiologie du VX.

Source de l’article

Cet article a été rédigé par Akira Miyazaki, Tomoki Taki, Shoichiro Mori, Motohito Yamada et Masashi Akiyama, tous membres du département de dermatologie de l’École supérieure de médecine de l’Université de Nagoya et de l’Hôpital municipal de Toyohashi, au Japon. L’article a été accepté le 21 janvier 2025 et publié dans le Journal of Dermatology. L’étude a été financée par le Ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être japonais, la Société japonaise pour la promotion des sciences (JSPS) et l’Agence japonaise pour la science et la technologie (JST).

Méthodologie et résultats de l’étude

Sujets et conception expérimentale

Cette étude a inclus trois patients masculins japonais, âgés respectivement de 71, 89 et 73 ans, tous atteints de xanthome verruciforme dans la région génitale. Le premier patient présentait une lésion au niveau du scrotum, de 1,5 × 1 cm, avec une évolution sur 10 ans ; le deuxième patient avait une lésion similaire au scrotum, de 7 mm de diamètre ; le troisième patient présentait une lésion au scrotum, de 2 cm de diamètre, avec une évolution de 10 mois. En outre, une patiente atteinte de xanthélasma palpébral a été incluse comme témoin.

Les chercheurs ont effectué des analyses histopathologiques et des colorations immunohistochimiques sur les tissus lésionnels pour détecter les marqueurs des différents types de macrophages. Plus précisément, ils ont utilisé les marqueurs suivants : CD68 (marqueur pan-macrophage), CD80 (marqueur des macrophages M1), CD86 (marqueur des macrophages M1/M2b), CD163 (marqueur des macrophages M2a/M2c), DC-SIGN (marqueur des macrophages M2a) et CCR2 (marqueur des macrophages M2c). De plus, une double coloration par immunofluorescence a été utilisée pour vérifier la co-expression de DC-SIGN et CD163.

Résultats expérimentaux

  1. Analyse histopathologique
    Les tissus lésionnels des trois patients ont montré les caractéristiques typiques du VX, notamment une hyperplasie papillaire de l’épiderme et une infiltration abondante de cellules spumeuses dans le derme. La coloration à l’hématoxyline-éosine (H&E) a confirmé ces observations.

  2. Coloration immunohistochimique

    • CD68 était fortement positif dans tous les cas, indiquant une présence importante de macrophages dans les lésions.
    • CD80 (marqueur des macrophages M1) était faiblement positif dans les cas 1 et 2 et fortement positif dans le cas 3.
    • CD86 était faiblement positif dans tous les cas.
    • CD163 (marqueur des macrophages M2a/M2c) était fortement positif dans tous les cas.
    • DC-SIGN (marqueur des macrophages M2a) était fortement positif dans les cas 1 et 2 et faiblement positif dans le cas 3.
    • CCR2 était négatif dans tous les cas.
  3. Double coloration par immunofluorescence
    Les résultats de la double coloration par immunofluorescence ont montré que les cellules positives pour DC-SIGN coïncidaient fortement avec les cellules positives pour CD163, suggérant que ces cellules étaient principalement des macrophages M2a. De plus, les cellules positives pour CD80 et CD163 existaient indépendamment dans les lésions, sans co-expression.

  4. Analyse de l’expression moléculaire
    Dans les tissus lésionnels, les chercheurs ont également détecté l’expression de l’IL-413 et de la TSLP (thymic stromal lymphopoietin), des molécules potentiellement impliquées dans la polarisation des macrophages M2. En outre, l’expression de la périostine (une protéine associée à la remodelage tissulaire) était significativement plus élevée dans les tissus lésionnels que dans le groupe témoin sain.

Analyse des résultats et conclusion

La principale découverte de cette étude est que les macrophages M2a prédominent dans les lésions de xanthome verruciforme génital, accompagnés d’une infiltration mineure de macrophages M1. Ces résultats sont cohérents avec des recherches antérieures, suggérant que les macrophages M2a pourraient jouer un rôle important dans la pathogenèse du VX. En particulier, la co-expression de DC-SIGN et CD163 soutient cette hypothèse.

Les chercheurs émettent l’hypothèse que les stimuli microbiens ou physiques au niveau des lésions pourraient activer les récepteurs de reconnaissance de motifs (PRR), induisant l’infiltration des macrophages M2a. De plus, le scrotum, en tant que site sujet à la friction, pourrait favoriser la formation de cellules spumeuses via l’action de CD163 (récepteur de clairance de l’hémoglobine). Ces découvertes fournissent de nouvelles explications pour l’étiologie du VX et pourraient orienter de futures stratégies thérapeutiques.

Importance et points forts de l’étude

La valeur scientifique de cette étude se manifeste dans les aspects suivants :
1. Elle révèle de manière systématique l’infiltration prédominante des macrophages M2a dans le xanthome verruciforme génital, fournissant des bases importantes pour comprendre les mécanismes immunopathologiques du VX.
2. Grâce aux techniques d’immunohistochimie et d’immunofluorescence, elle clarifie la distribution des différents types de macrophages dans les lésions, jetant les bases pour de futures recherches sur les traitements immunologiques.
3. Elle propose le rôle potentiel des stimuli microbiens et physiques dans la pathogenèse du VX, ouvrant de nouvelles voies de recherche pour explorer l’étiologie de cette maladie.

Autres informations pertinentes

Cette étude a également été soutenue par des fonds du Ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être japonais, de la Société japonaise pour la promotion des sciences et de l’Agence japonaise pour la science et la technologie. L’équipe de recherche remercie particulièrement le département d’ingénierie de l’École supérieure de médecine de l’Université de Nagoya ainsi que le centre technique pour leur soutien. En outre, l’étude a été menée en stricte conformité avec la Déclaration d’Helsinki et a reçu l’approbation des comités d’éthique de l’Hôpital universitaire de Nagoya et de l’Hôpital municipal de Toyohashi.

Grâce à cette analyse approfondie, de futures études pourront explorer davantage le rôle de la polarisation des macrophages dans les maladies de la peau et fournir de nouvelles pistes pour le diagnostic et le traitement du VX.