Méningiome : Examen consensuel du Consortium international sur les méningiomes (ICOM) sur les avancées scientifiques et les paradigmes de traitement pour les cliniciens, les chercheurs et les patients
Les méningiomes sont les tumeurs intracrâniennes primaires les plus fréquentes chez l’adulte. Avec le vieillissement de la population et la généralisation des examens d’imagerie neurologique, leur incidence est en augmentation. Bien que la plupart des méningiomes se manifestent de manière non maligne, une petite partie d’entre eux présente une agressivité biologique qui peut entraîner de graves complications neurologiques et la mort. Ces dernières années, des progrès considérables ont été réalisés dans la compréhension des mécanismes biologiques de ces tumeurs, et les marqueurs moléculaires biologiques commencent à être intégrés dans leur classification et l’évaluation du pronostic. Cependant, contrairement à d’autres tumeurs du système nerveux central, les méningiomes manquent encore d’un système de classification moléculaire unifié, ce qui constitue l’un des principaux objectifs du groupe de travail CIMPACT-NOW. En même temps, la meilleure stratégie de prise en charge pour des cas spécifiques de méningiomes et des populations de patients fait également l’objet de certaines controverses. À cette fin, les membres du Consortium international sur les méningiomes (ICOM), dont des experts de premier plan dans ce domaine, ont rédigé une revue consensuelle complète sur ces questions, dans le but de servir de référence aux cliniciens, aux chercheurs et aux patients.
Les auteurs de cette revue proviennent de centres médicaux et d’instituts de recherche réputés du monde entier, notamment le Princess Margaret Cancer Centre du University Health Network de Toronto, l’Université de Californie à San Francisco, l’Hôpital universitaire de Heidelberg en Allemagne, l’Université Duke, l’Université de Cologne, entre autres. Les principaux auteurs correspondants sont le Dr Gelareh Zadeh et le Dr Farshad Nassiri du Princess Margaret Cancer Centre du University Health Network de Toronto, le Dr Matthias Preusser de la Faculté de médecine de l’Université de Vienne, et le Dr Susan Short de l’Université de Leeds. Ces auteurs jouissent d’une grande réputation dans le domaine des méningiomes, et la revue rassemble les forces de recherche de plusieurs équipes de pointe.
Cette revue traite de manière approfondie l’épidémiologie et les facteurs de risque des méningiomes, la génomique et la biologie, la classification histopathologique, les biomarqueurs et les systèmes de classification moléculaire, la présentation diagnostique et radiologique, la prise en charge chirurgicale, la radiothérapie externe, la radiochirurgie stéréotaxique, la radiothérapie ciblée par récepteurs de la somatostatine, les essais cliniques de nouveaux médicaments systémiques, l’évaluation de la qualité de vie des patients, ainsi que les stratégies de gestion pour les populations spéciales (comme les patients ayant un dépistage néonatal positif).
Plus précisément, dans la partie épidémiologique, les auteurs présentent l’incidence des méningiomes, les différences raciales et entre les sexes, ainsi que les gènes de susceptibilité identifiés et les facteurs de risque environnementaux. Dans la partie génomique et biologique, les auteurs décrivent en détail les mutations génétiques et les mécanismes moléculaires associés au développement des méningiomes, tels que NF2, TRAF7, SMO, TERT, etc. La section sur la classification histopathologique se concentre sur la révision de la classification des méningiomes dans la dernière édition 2021 de l’OMS, ainsi que sur l’introduction de marqueurs moléculaires (comme les mutations de TERT et les pertes de CDKN2A/B) comme critères pour le grade III de l’OMS.
En ce qui concerne les biomarqueurs et la classification moléculaire, les auteurs passent en revue de manière systématique les différents systèmes de classification moléculaire des méningiomes proposés ces dernières années, basés sur la méthylation de l’ADN, les profils d’expression génique, les spectres de mutations, etc. Cela inclut la classification MI/IE/HM de Choudhury et al., la classification DKFZ de Sahm et al., et la classification MG1-4 de Nassiri et al., ainsi qu’une analyse comparative de leur valeur pour l’évaluation du pronostic.
En ce qui concerne le diagnostic et l’imagerie, en plus des examens conventionnels comme le CT et l’IRM, les auteurs présentent également les perspectives prometteuses de l’imagerie TEP/CT ou TEP/IRM ciblant les récepteurs de la somatostatine (SSTR) pour le diagnostic des méningiomes, la délimitation des zones cibles pour la chirurgie et la radiothérapie, et l’évaluation de l’efficacité du traitement.
En termes de traitement, l’exérèse chirurgicale reste la principale modalité thérapeutique pour les méningiomes. Les auteurs décrivent de manière approfondie les normes de classification du degré de résection chirurgicale (comme le score de Simpson) et leur évolution, ainsi que les différentes voies d’abord chirurgicales et les techniques d’assistance utilisées pour différents types de méningiomes. Les bénéfices et les risques des différentes stratégies de radiothérapie, telles que la radiothérapie hypo-fractionnée et la radiothérapie par faisceau modulé, en traitement adjuvant ou seul, sont également comparés en détail pour les différents grades de méningiomes. De plus, les auteurs présentent l’efficacité et les risques de complications de la radiochirurgie stéréotaxique pour les différents grades de méningiomes. Outre la chirurgie traditionnelle et la radiothérapie, les revues préliminaires sur l’efficacité des nouveaux traitements émergents tels que la radiothérapie ciblant les récepteurs de la somatostatine, les nouvelles thérapies ciblées et l’immunothérapie pour les méningiomes récurrents ou réfractaires sont également abordées.
Enfin, les auteurs abordent également les questions liées à la qualité de vie des patients atteints de méningiomes et leur relation avec les différents sous-types moléculaires et modalités de traitement, l’incidence de l’épilepsie et la gestion des médicaments antiépileptiques péri-opératoires, ainsi que les points clés de la prise en charge des patients atteints de la maladie liée à la NF2 développant des méningiomes, entre autres considérations cliniques importantes.
Cette revue est l’une des plus complètes à ce jour sur les progrès dans le diagnostic et le traitement des méningiomes. Elle passe en revue de manière systématique les avancées majeures réalisées ces dernières années dans les domaines de l’épidémiologie, de la pathogenèse moléculaire, de la classification moléculaire, du diagnostic par imagerie, du traitement chirurgical et par radiothérapie, ainsi que des nouvelles thérapies systémiques. Elle souligne également les problèmes clés et les lacunes qui subsistent, et trace une feuille de route pour les orientations de recherche futures.
La revue souligne l’importance et l’urgence d’établir un système unifié de classification moléculaire des méningiomes, afin de jeter les bases d’une médecine de précision avec des traitements ciblés moléculaires et une évaluation pronostique individualisée. Elle met également en évidence le rôle potentiel des sous-types moléculaires pour guider le choix du traitement chirurgical, de la radiothérapie et des nouvelles thérapies médicamenteuses chez les patients atteints de méningiomes. Elle présente une série de nouvelles techniques prometteuses pour le diagnostic et le traitement, telles que l’imagerie ciblant les récepteurs de la somatostatine et la radiothérapie par radionucléides, les nouvelles thérapies ciblées moléculaires et l’immunothérapie, fournissant ainsi des références pour la pratique clinique et le développement de nouveaux médicaments.
De plus, la revue accorde de l’importance à l’évaluation de la qualité de vie des patients et à sa relation avec les stratégies thérapeutiques, ainsi qu’à la prise en charge personnalisée de certaines populations spécifiques, reflétant une approche médicale globale et humaniste centrée sur le patient.