Le virome des arbres forestiers comme source de maladies des arbres et d'agents de contrôle biologique

Le virome des arbres forestiers comme source de maladies des arbres et d’agents de biocontrôle

Contexte académique

La santé des écosystèmes forestiers est cruciale pour l’équilibre écologique mondial et le développement économique. Cependant, la santé des arbres forestiers est menacée par divers agents pathogènes, notamment les champignons, les oomycètes, les bactéries, les virus, ainsi que les insectes et les nématodes. Bien que les champignons et les insectes soient considérés comme les principaux responsables des pertes économiques dans les forêts, la présence généralisée des virus des plantes dans les arbres forestiers et urbains, ainsi que leurs impacts négatifs sur la santé des arbres, ont été progressivement reconnus. Les virus peuvent non seulement provoquer directement des maladies chez les arbres, mais aussi affecter leur métabolisme et leur système immunitaire, les rendant plus vulnérables à d’autres stress biotiques et abiotiques.

De plus, les virus fongiques (mycovirus) en tant qu’outils potentiels de biocontrôle ont récemment attiré une attention considérable. En étudiant ces virus, les scientifiques espèrent pouvoir les utiliser pour contrôler la croissance et la propagation des champignons pathogènes forestiers, réduisant ainsi leur impact destructeur sur les écosystèmes forestiers.

Source de l’article

Cette revue a été co-écrite par Eeva J. Vainio (Institut des ressources naturelles de Finlande), Artemis Rumbou (Université Humboldt de Berlin), Julio J. Diez (Université de Valladolid) et Carmen Büttner (Université Humboldt de Berlin), et publiée en février 2024 dans la revue Current Forestry Reports. L’article, intitulé Forest Tree Virome as a Source of Tree Diseases and Biological Control Agents, vise à résumer les progrès récents des cinq dernières années dans le domaine de la virologie des arbres forestiers, en particulier les recherches sur les virus des plantes et les mycovirus.

Contenu principal de l’article

1. Progrès dans l’étude du virome des arbres forestiers

L’article commence par passer en revue les progrès réalisés dans l’étude du virome des arbres forestiers. Le virome comprend non seulement les virus des plantes, mais aussi les communautés virales portées par tous les organismes associés aux arbres (comme les champignons, les insectes, etc.). Ces dernières années, l’utilisation de la technologie de séquençage à haut débit (High-Throughput Sequencing, HTS) a considérablement fait progresser la recherche sur la diversité virale et les voies de transmission. Grâce à la HTS, les scientifiques ont découvert de nombreuses nouvelles espèces de virus et ont révélé des phénomènes de transmission inter-espèces entre les champignons, les oomycètes, les plantes et les arthropodes.

1.1 Impact des virus des plantes sur les arbres forestiers

Les virus des plantes peuvent provoquer diverses maladies chez les arbres, affectant leur croissance et leur santé. L’article cite plusieurs maladies virales courantes des arbres forestiers, telles que la maladie de l’enroulement des feuilles du bouleau (Birch Leafroll Disease, BLRD), la mosaïque du châtaignier (Chestnut Mosaic Disease, CHMD) et la maladie des lacets du frêne (Ash Shoestring Disease). Ces maladies se manifestent généralement par des symptômes tels que la décoloration, l’enroulement et la nécrose des feuilles, pouvant entraîner le déclin voire la mort des arbres.

1.2 Potentiel des mycovirus comme outils de biocontrôle

Les mycovirus peuvent affaiblir la pathogénicité de leurs champignons hôtes, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour le biocontrôle. L’article discute en détail du potentiel d’application des mycovirus dans le contrôle des champignons pathogènes forestiers, en particulier ceux qui induisent une “hypovirulence” chez leurs hôtes. Par exemple, Cryphonectria hypovirus 1 (CHV-1) est un mycovirus largement étudié qui réduit significativement la pathogénicité de son champignon hôte Cryphonectria parasitica, permettant ainsi de contrôler efficacement la maladie de l’encre du châtaignier.

2. Voies de transmission des virus et impacts écologiques

L’article explore également les voies de transmission des virus dans les écosystèmes forestiers. Les virus peuvent être transmis par des vecteurs tels que les insectes, les nématodes et les champignons, ou se propager entre les arbres par greffage, transmission mécanique et transmission par graines. De plus, les virus peuvent se propager sur de longues distances via l’eau et le sol. L’article souligne que la diversité des voies de transmission rend la propagation des virus dans les écosystèmes forestiers complexe et imprévisible.

2.1 Transmission inter-espèces des virus

Ces dernières années, les phénomènes de transmission inter-espèces des virus ont suscité un intérêt croissant. L’article mentionne que les virus peuvent non seulement se transmettre entre les plantes et les champignons, mais aussi entre les champignons et les insectes. Ce type de transmission inter-espèces offre de nouvelles voies de diffusion des virus dans les écosystèmes, tout en augmentant les menaces potentielles pour la santé des forêts.

3. Directions futures de recherche et recommandations

Enfin, l’article propose des orientations et des recommandations pour les recherches futures. Les auteurs estiment que les études à venir devraient se concentrer sur les aspects suivants : 1. Diversité et fonction des virus : Continuer à explorer la diversité du virome des arbres forestiers et approfondir les recherches sur les fonctions des virus et leurs impacts sur la santé des arbres. 2. Mécanismes de transmission des virus : Étudier davantage les voies de transmission des virus, en particulier le rôle des insectes et des champignons comme vecteurs viraux. 3. Applications en biocontrôle : Évaluer le potentiel des mycovirus comme outils de biocontrôle, en particulier leur efficacité dans des conditions de terrain. 4. Impact du changement climatique : Étudier l’impact du changement climatique sur la transmission des virus et les maladies des arbres, afin de prédire les risques d’épidémies virales futures.

Importance et valeur de l’article

Cette revue systématise les progrès récents dans le domaine de la virologie des arbres forestiers, en particulier les recherches sur les virus des plantes et les mycovirus. L’article fournit non seulement de nouvelles perspectives sur la diversité virale et les voies de transmission, mais offre également de nouvelles pistes pour le biocontrôle des maladies forestières. En approfondissant la compréhension du rôle des virus dans les écosystèmes forestiers, les scientifiques peuvent mieux appréhender leurs impacts sur la santé des arbres et développer des stratégies de contrôle plus efficaces.

De plus, l’article met en lumière les risques potentiels liés à la transmission inter-espèces des virus, rappelant aux chercheurs la nécessité de se concentrer davantage sur les voies de diffusion des virus dans les écosystèmes et leurs impacts à long terme sur la santé des forêts.

Points forts

  1. Nouvelles découvertes sur la diversité virale : Grâce à la technologie de séquençage à haut débit, les scientifiques ont découvert de nombreuses nouvelles espèces de virus, révélant la complexité et la diversité des virus dans les écosystèmes forestiers.
  2. Potentiel des mycovirus en biocontrôle : L’article discute en détail du potentiel d’application des mycovirus dans le contrôle des champignons pathogènes forestiers, en particulier ceux induisant une hypovirulence.
  3. Recherche sur la transmission inter-espèces des virus : L’article souligne l’importance des phénomènes de transmission inter-espèces des virus, ouvrant de nouvelles directions pour les recherches futures.

Cet article constitue une référence importante pour la recherche en virologie forestière et propose de nouvelles approches pour la prévention et le contrôle des maladies forestières.