Défis pour les écosystèmes méditerranéens de Fagaceae affectés par Phytophthora cinnamomi et le changement climatique : perspectives de gestion intégrée des ravageurs
Les défis des écosystèmes méditerranéens de Fagaceae affectés par Phytophthora cinnamomi et le changement climatique
Contexte académique
Les écosystèmes méditerranéens de Fagaceae (famille des chênes), comprenant les chênes verts (Quercus ilex et Quercus suber) et les châtaigniers (Castanea sativa), constituent une ressource écologique et économique majeure dans le sud de l’Europe. Cependant, ces écosystèmes font face à un déclin important ces dernières années, principalement dû à la propagation d’un agent pathogène envahissant, Phytophthora cinnamomi (le phytophthora). Ce pathogène infecte les racines des arbres, entraînant leur affaiblissement progressif, voire leur mort. De plus, le changement climatique exacerbe ce problème, en particulier le réchauffement et l’aridification croissante de la région méditerranéenne, qui offrent des conditions plus favorables à la propagation et à la reproduction du phytophthora.
Pour relever ce défi, des institutions de recherche italiennes, espagnoles et portugaises ont collaboré pour rédiger un article de synthèse visant à analyser en profondeur les caractéristiques biologiques, les impacts écologiques et les mesures actuelles de diagnostic et de gestion du phytophthora dans les écosystèmes méditerranéens de Fagaceae. L’étude explore également comment les stratégies de gestion intégrée des ravageurs (Integrated Pest Management, IPM) peuvent atténuer les effets du phytophthora et appelle à une participation accrue du public et des parties prenantes pour protéger ces écosystèmes forestiers essentiels.
Source de l’article
Cet article a été co-écrit par Carmen Morales-Rodríguez, Andrea Vannini, Bruno Scanu et plusieurs autres auteurs, issus d’institutions telles que l’Université de Tuscia en Italie, l’Université de Córdoba en Espagne et l’Université de Trás-os-Montes e Alto Douro au Portugal. Publié en 2025 dans la revue Current Forestry Reports, l’article s’intitule Challenges to Mediterranean Fagaceae Ecosystems Affected by Phytophthora cinnamomi and Climate Change: Integrated Pest Management Perspectives.
Contenu principal de l’article
1. Caractéristiques biologiques et écologiques de Phytophthora cinnamomi
Phytophthora cinnamomi est un agent pathogène transmis par le sol, qui infecte principalement les racines fines des plantes via des zoospores mobiles. Ce pathogène peut former des structures dormantes à paroi épaisse (comme des chlamydospores et des oospores), lui permettant de survivre dans des conditions environnementales difficiles, telles que la sécheresse et les températures élevées. Les recherches montrent que la propagation du phytophthora est étroitement liée aux activités humaines, notamment par le biais de plants contaminés, d’équipements mécaniques et des semelles des chaussures des touristes et des randonneurs. De plus, le changement climatique (comme des hivers doux et des précipitations fréquentes) favorise la reproduction du phytophthora.
2. Impact de Phytophthora cinnamomi sur les écosystèmes de Fagaceae
L’impact du phytophthora sur les écosystèmes méditerranéens de Fagaceae se manifeste principalement à travers deux maladies : la maladie de l’encre du châtaignier et le dépérissement des chênes verts. Les symptômes de la maladie de l’encre incluent une réduction de la taille des feuilles, un jaunissement et une nécrose des racines, pouvant entraîner la mort de l’arbre. Le dépérissement des chênes verts se caractérise par un éclaircissement de la couronne, un jaunissement des feuilles et un dessèchement des branches. Les études montrent que le rôle du phytophthora dans ces maladies varie selon les régions et les conditions climatiques. Par exemple, dans la péninsule ibérique, le phytophthora est le principal agent pathogène de la maladie de l’encre du châtaignier, tandis qu’en Grèce et en Italie, Phytophthora × cambivora (une autre espèce de phytophthora) est plus fréquent.
3. Stratégies de gestion intégrée des ravageurs (IPM)
Pour faire face à la menace du phytophthora, l’article propose une série de stratégies de gestion intégrée des ravageurs, incluant : - Le contrôle chimique : Utilisation de composés phosphorés (comme le phosphonate de potassium) et de fongicides (comme le fosétyl-aluminium) pour des injections dans le tronc, afin de réduire l’infection par le phytophthora. - Le contrôle biologique : Utilisation de microorganismes antagonistes (comme les champignons du genre Trichoderma) et d’extraits végétaux (comme les isothiocyanates de plantes de la famille des Brassicacées) pour inhiber la croissance du phytophthora. - Les mesures d’hygiène : Installation de stations de désinfection dans les zones infectées pour empêcher la propagation du phytophthora via les semelles de chaussures et les pneus de véhicules. - Les techniques de surveillance : Utilisation de drones et de caméras multispectrales pour surveiller la santé des forêts, combinée à des systèmes d’information géographique (SIG) et à la télédétection, afin d’évaluer en temps réel la propagation du phytophthora et l’état de santé des arbres.
4. Implication du public et des parties prenantes
L’article souligne que la participation du public et des parties prenantes est essentielle au succès de la gestion intégrée des ravageurs. En sensibilisant le public à la menace du phytophthora et en l’encourageant à participer aux mesures de surveillance et d’hygiène, il est possible de réduire efficacement la propagation du pathogène. Par exemple, le projet Life FAGESOS a mis en œuvre des stratégies IPM à grande échelle dans la région méditerranéenne et, grâce à des campagnes de sensibilisation et des ateliers de formation, a renforcé la conscience des communautés locales sur la protection des forêts.
Importance et valeur de l’article
Cet article offre non seulement une synthèse complète de la menace que représente le phytophthora pour les écosystèmes méditerranéens de Fagaceae, mais il propose également des stratégies de gestion pratiques, fournissant une référence précieuse pour les recherches et les pratiques futures. En combinant des mesures chimiques, biologiques et d’hygiène, l’article démontre une approche de gestion intégrée capable de réduire efficacement l’impact du phytophthora. De plus, il met en avant l’importance de la participation du public et de la collaboration interdisciplinaire, offrant des leçons précieuses pour d’autres régions du monde touchées par le phytophthora.
Points forts
- Exhaustivité : L’article couvre les caractéristiques biologiques du phytophthora, ses impacts écologiques, les méthodes de diagnostic et les stratégies de gestion, offrant une perspective complète.
- Innovation : Il propose des méthodes de surveillance basées sur les drones et la télédétection, combinées à des moyens de contrôle chimiques et biologiques, démontrant le potentiel de la gestion intégrée des ravageurs.
- Pratique : À travers l’exemple du projet Life FAGESOS, l’article montre comment appliquer les stratégies IPM sur le terrain et souligne l’importance de l’implication du public.
Cet article fournit une base scientifique et des directives pratiques pour la protection des écosystèmes méditerranéens de Fagaceae, avec une valeur écologique et économique significative.