Exploration de l'adénocarcinome du col de l'utérus : aperçus épidémiologiques, défis diagnostiques et thérapeutiques, et mécanismes pathogéniques
Exploration de l’adénocarcinome du col de l’utérus : défis épidémiologiques, diagnostiques, thérapeutiques et mécanismes pathogéniques
Contexte académique
Le cancer du col de l’utérus constitue une menace majeure pour la santé des femmes dans le monde, avec une incidence particulièrement élevée dans les pays en développement. Les principaux types histologiques de cancer du col de l’utérus incluent le carcinome épidermoïde (Squamous Cell Carcinoma, SCC) et l’adénocarcinome du col de l’utérus (Cervical Adenocarcinoma, CA). Bien que l’incidence du CA soit plus faible, son agressivité, son taux de récidive élevé, son pronostic défavorable et son faible taux de détection précoce posent d’importants défis cliniques. Ces dernières années, bien que l’incidence globale du cancer du col de l’utérus ait diminué, celle du CA a augmenté, en particulier dans les pays à revenu élevé. De plus, des différences significatives existent entre le CA et le SCC en termes de mécanismes pathogéniques, d’hétérogénéité tumorale et de microenvironnement immunitaire tumoral (Tumor Immune Microenvironment, TME), mais la compréhension de ces différences reste limitée.
Pour relever ces défis, Shuhui Li, Congrong Liu et Liang Weng ont rédigé une revue visant à résumer les caractéristiques épidémiologiques, les défis diagnostiques et thérapeutiques du CA, et à explorer les avancées récentes dans la compréhension de ses mécanismes pathogéniques. L’article met également l’accent sur l’hétérogénéité significative des caractéristiques du TME entre le CA et le SCC, et résume les modèles précliniques couramment utilisés dans la recherche sur le CA ainsi que leurs avantages et inconvénients.
Source de l’article
Cet article a été rédigé par Shuhui Li du Département de pathologie de l’École de médecine fondamentale de l’Université de Pékin, Congrong Liu et Liang Weng du Département de pathologie du Troisième Hôpital de l’Université de Pékin. Il a été publié en 2025 dans la revue Cancer Medicine sous le titre Exploring Cervical Adenocarcinoma: Epidemiological Insights, Diagnostic and Therapeutic Challenges, and Pathogenetic Mechanisms. Il s’agit d’une revue en libre accès.
Contenu principal de l’article
1. Épidémiologie de l’adénocarcinome du col de l’utérus
Selon les dernières statistiques mondiales sur le cancer, en 2020, environ 604 127 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et 341 831 décès ont été enregistrés dans le monde. L’incidence du cancer du col de l’utérus varie considérablement à l’échelle mondiale, avec une prévalence plus élevée du SCC dans les pays en développement, tandis que l’incidence du CA augmente dans certains pays à revenu élevé. L’Asie représente 58 % des cas mondiaux de cancer du col de l’utérus, suivie de l’Afrique (20 %), de l’Europe (10 %) et de l’Amérique latine (10 %). La Chine et l’Inde représentent respectivement 18 % et 21 % des cas mondiaux, et 17 % et 23 % des décès.
Bien que l’incidence du CA soit inférieure à celle du SCC, sa malignité est plus élevée, son taux de survie plus faible et son risque de métastases à distance plus important. L’infection par le virus du papillome humain (HPV) est la principale cause du CA, environ 75 % des cas étant associés à des types de HPV à haut risque (tels que HPV16, 18 et 45). Cependant, environ 15 % des cas de CA ne présentent pas d’infection par le HPV, ce qui suggère que les mécanismes pathogéniques du CA pourraient être plus complexes.
2. Défis diagnostiques et thérapeutiques du CA
Le diagnostic du CA repose principalement sur la cytologie cervicale et le test HPV, mais ces méthodes ont un faible taux de détection du CA, ce qui peut entraîner des erreurs de diagnostic. En 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis à jour la classification histologique du CA, le divisant en deux catégories : HPV-dépendant et HPV-indépendant. Les CA HPV-indépendants incluent les types gastrique, mésonéphrique et à cellules claires, qui diffèrent significativement des CA HPV-dépendants en termes de mécanismes pathogéniques et de gestion clinique.
En termes de traitement, le CA présente un taux de récidive et de métastases plus élevé, et les traitements actuels ont des limites dans le contrôle de ces processus. Les patients atteints de CA à un stade précoce peuvent obtenir un meilleur pronostic grâce à une intervention chirurgicale (comme l’hystérectomie radicale), mais les résultats sont moins favorables pour les patients à un stade avancé. Par exemple, le taux de survie à 5 ans pour le CA de stade I est généralement de 70 % à 90 %, tandis qu’il chute à 30 %-60 % pour les stades II et III. Pour les maladies récurrentes, le taux de réussite du traitement est généralement faible.
3. Microenvironnement immunitaire tumoral (TME) du CA
Le TME joue un rôle crucial dans la pathogenèse du CA. Le TME est composé de vaisseaux sanguins, de cellules immunitaires, de cellules stromales, de molécules de signalisation et de la matrice extracellulaire. Les cellules tumorales favorisent leur croissance et leur dissémination en augmentant l’angiogenèse et en supprimant la réponse immunitaire de l’organisme. L’utilisation de technologies omiques, telles que le séquençage de l’ARN monocellulaire (Single-Cell RNA Sequencing, scRNA-seq), permet aux chercheurs d’identifier avec précision les sous-populations cellulaires du TME et les mutations génomiques, révélant ainsi les mécanismes de croissance, d’évolution et moléculaires des tumeurs.
Les études montrent que le CA et le SCC présentent des différences significatives dans les caractéristiques du TME. Par exemple, les cellules tumorales du CA présentent un degré de malignité plus élevé, et leur microenvironnement immunitaire est plus immunosuppresseur. De plus, le TME du CA est caractérisé par une forte présence de lymphocytes T régulateurs (Tregs) et de neutrophiles pro-tumoraux, ce qui pourrait expliquer la faible sensibilité du CA à l’immunothérapie.
4. Modèles précliniques pour la recherche sur le CA
Pour mieux comprendre les mécanismes pathogéniques du CA, les chercheurs ont développé divers modèles précliniques, notamment des lignées cellulaires, des modèles animaux et des organoïdes. Bien que les lignées cellulaires soient faciles à maintenir et peu coûteuses, elles manquent d’hétérogénéité tumorale et d’interactions cellule-TME. Les modèles animaux et les organoïdes, en revanche, reproduisent plus fidèlement la réalité des tumeurs et permettent de mieux simuler leur développement et leur réponse au traitement.
Cependant, le nombre de lignées cellulaires disponibles pour la recherche sur le CA est limité, et le taux de réussite des modèles d’organoïdes est faible (50 % pour le SCC et 25 % pour le CA). De plus, les modèles de xénogreffes dérivées de patients (Patient-Derived Xenograft, PDX), bien qu’ils conservent les caractéristiques du TME et des cellules de la tumeur primaire, sont coûteux et présentent un taux de réussite global de 62,2 %. Par conséquent, le développement de modèles précliniques adaptés à la recherche sur le CA est une priorité pour les études futures.
Importance et valeur de l’article
Cette revue systématique résume les caractéristiques épidémiologiques, les défis diagnostiques et thérapeutiques, ainsi que les avancées récentes dans la compréhension des mécanismes pathogéniques du CA, en mettant particulièrement l’accent sur les différences significatives entre le CA et le SCC en termes de caractéristiques du TME. L’article souligne également l’importance de développer davantage de modèles précliniques adaptés à la recherche sur le CA et propose des orientations pour les études futures, notamment l’exploration de stratégies thérapeutiques potentielles et de biomarqueurs fiables.
Grâce à cette revue, les chercheurs espèrent fournir de nouvelles perspectives et orientations pour les études ultérieures, le diagnostic clinique et les stratégies thérapeutiques du CA. La publication de cet article enrichit non seulement la compréhension académique du CA, mais offre également des informations précieuses aux cliniciens, contribuant ainsi à améliorer le pronostic et la qualité de vie des patientes atteintes de CA.
Points forts
- Hétérogénéité du TME entre le CA et le SCC : L’article explore en détail les différences entre le CA et le SCC en termes de caractéristiques du TME, révélant un microenvironnement plus immunosuppresseur dans le CA.
- Mécanismes pathogéniques du CA indépendant du HPV : L’article met en lumière les mécanismes uniques du CA indépendant du HPV, offrant de nouvelles perspectives pour son diagnostic et son traitement.
- Développement de modèles précliniques : L’article résume les modèles précliniques couramment utilisés dans la recherche sur le CA et souligne les limites des modèles existants, fournissant des orientations pour le développement de nouveaux modèles.
- Potentiel de l’immunothérapie : Bien que le CA soit peu sensible à l’immunothérapie, l’article propose d’explorer de nouveaux biomarqueurs et des stratégies de traitement combiné pour améliorer le pronostic des patientes atteintes de CA.
Cette revue offre un soutien théorique important pour la recherche fondamentale sur le CA et fournit des orientations précieuses pour la pratique clinique, ce qui en fait une contribution scientifique et appliquée de grande valeur.