Évaluer le fardeau mondial du mésothéliome : tendances, influences socio-économiques et exposition à l'amiante – Une étude de cohorte rétrospective
Évaluation du fardeau mondial du mésothéliome – Tendances, influences socio-économiques et exposition à l’amiante
Contexte académique
Le mésothéliome (Mesothelioma) est un cancer rare qui affecte principalement la plèvre des poumons (pleura), mais peut également survenir dans le péritoine (peritoneum), le cœur ou les membranes testiculaires. En raison de sa rareté et de sa longue période de latence, le mésothéliome a reçu peu d’attention dans la recherche sur le cancer et les politiques de santé publique. L’amiante (asbestos) est le principal facteur de risque du mésothéliome. Bien que son utilisation ait été largement restreinte depuis les années 1980, ses conséquences sur la santé restent significatives. Cette étude vise à évaluer le fardeau mondial du mésothéliome, les tendances par âge, sexe et localisation géographique, ainsi que l’influence des facteurs socio-économiques et de l’exposition à l’amiante sur l’incidence du mésothéliome.
Source de l’article
Cet article a été co-écrit par Ziran Zhao, Jiagen Li, Fengwei Tan, Qi Xue, Shugeng Gao et Jie He, tous affiliés au Département de chirurgie thoracique du Centre national du cancer/ Centre national de recherche clinique sur le cancer/ Hôpital du cancer de l’Académie chinoise des sciences médicales et de l’Université médicale de Pékin. L’article a été publié en ligne le 2 juillet 2024 dans la revue International Journal of Surgery.
Méthodologie et résultats
Sources des données et conception de l’étude
Cette étude a utilisé les données de l’Observatoire mondial du cancer (Global Cancer Observatory, GCO) de 2022 et de l’étude sur la charge mondiale de morbidité (Global Burden of Disease Study) de 2019. Le GCO fournit des données sur l’incidence du mésothéliome dans 185 pays, tandis que l’étude sur la charge mondiale de morbidité fournit des données sur la mortalité prématurée et les handicaps liés à plus de 350 maladies. L’étude a utilisé une analyse de régression linéaire multivariée pour explorer la relation entre l’incidence du mésothéliome et l’indice de développement humain (Human Development Index, HDI), le produit intérieur brut (PIB) par habitant et l’exposition professionnelle à l’amiante, en ajustant pour l’âge et le sexe.
Principaux résultats
- Incidence mondiale du mésothéliome : En 2022, le nombre total de cas de mésothéliome dans le monde était de 30 870, avec une incidence plus élevée chez les hommes (0,25⁄100 000) que chez les femmes (0,39⁄100 000).
- Répartition géographique : L’Europe est le continent avec l’incidence la plus élevée de mésothéliome, en particulier dans les pays nordiques (3 946 cas). L’Asie suit, avec le plus grand nombre de cas en Asie de l’Est (5 815 cas). L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont également des taux d’incidence élevés, avec 1,2⁄100 000 chez les hommes et 2⁄100 000 chez les femmes.
- Répartition par âge : L’incidence chez les personnes âgées (50-85 ans) est significativement plus élevée que chez les jeunes (15-49 ans). Par exemple, en Australie et en Nouvelle-Zélande, l’incidence chez les personnes âgées dépasse 1 130⁄100 000, tandis que chez les jeunes, elle est inférieure à 207,8⁄100 000.
- Facteurs socio-économiques : L’HDI et le PIB par habitant sont positivement corrélés à l’incidence du mésothéliome. Une augmentation de 0,1 de l’HDI est associée à une augmentation de 0,133 de l’incidence du mésothéliome, et une augmentation de 10 000 dollars du PIB par habitant est associée à une augmentation de 0,101 de l’incidence. Cette association est particulièrement marquée chez les personnes âgées.
- Exposition à l’amiante : L’exposition professionnelle à l’amiante est significativement corrélée à l’incidence du mésothéliome, avec un coefficient β global de 0,122. Cette association est plus forte chez les personnes âgées (β=0,195) et non significative chez les jeunes adultes (β=0,025).
Conclusion
L’étude montre que l’incidence du mésothéliome est plus élevée chez les hommes et dans les régions développées, en particulier en Europe du Nord. Les facteurs socio-économiques (tels que l’HDI et le PIB par habitant) et l’exposition professionnelle à l’amiante sont significativement associés à l’incidence du mésothéliome, en particulier chez les personnes âgées. Bien que l’incidence mondiale du mésothéliome diminue globalement, les cas persistants chez les femmes soulignent la nécessité de continuer à surveiller les expositions environnementales et professionnelles.
Points forts de l’étude
- Analyse mondiale : Cette étude fournit une évaluation détaillée du fardeau mondial du mésothéliome, en analysant les tendances par âge, sexe et localisation géographique.
- Influence socio-économique : L’incidence du mésothéliome est significativement corrélée à l’HDI et au PIB par habitant, soulignant l’impact des conditions socio-économiques sur le fardeau de la maladie.
- Exposition à l’amiante : L’exposition professionnelle à l’amiante reste un facteur de risque clé du mésothéliome, en particulier chez les personnes âgées.
- Disparités géographiques : L’Europe du Nord présente les taux d’incidence les plus élevés, reflétant l’utilisation industrielle historique de l’amiante dans cette région.
- Différences entre les sexes : L’incidence du mésothéliome est plus élevée chez les hommes que chez les femmes, mettant en évidence le rôle de l’exposition professionnelle dans les industries historiquement dominées par les hommes.
- Tendances temporelles : L’incidence du mésothéliome diminue globalement, en particulier chez les 15-49 ans, reflétant les améliorations des réglementations mondiales sur l’amiante et des normes de sécurité professionnelle.
Implications de l’étude
Cette étude fournit des insights importants sur l’épidémiologie mondiale du mésothéliome, en soulignant l’influence des facteurs socio-économiques et de l’exposition à l’amiante sur le fardeau de la maladie. Les résultats ont des implications significatives pour l’élaboration de politiques de santé publique et les orientations futures de la recherche, en particulier dans la gestion des risques environnementaux et des expositions professionnelles dans les régions à forte incidence.
Autres informations utiles
L’étude souligne également que, malgré les restrictions sur l’utilisation de l’amiante, ses résidus environnementaux restent un problème de santé publique important. Les recherches futures devraient se concentrer sur les effets des expositions à long terme et sur la manière de réduire davantage l’incidence du mésothéliome grâce à des politiques et des interventions ciblées.