Modèles de traitement et pronostic des patients atteints d'adénocarcinome à cellules claires du col de l'utérus : une étude de cohorte basée sur la population
Modèles de traitement et pronostic de l’adénocarcinome à cellules claires du col de l’utérus : une étude
Contexte académique
Le cancer du col de l’utérus est la quatrième tumeur maligne gynécologique la plus fréquente chez les femmes dans le monde, avec une incidence et une mortalité respectivement classées quatrième et troisième. Parmi ces cancers, l’adénocarcinome à cellules claires du col de l’utérus (Clear Cell Adenocarcinoma of the Cervix, CCAC) est un sous-type extrêmement rare, représentant 4 à 9 % des adénocarcinomes du col. Le CCAC est associé à une exposition au diéthylstilbestrol (DES), un dérivé synthétique d’œstrogène largement utilisé chez les femmes enceintes entre les années 1940 et 1970. Depuis l’interdiction du DES, l’incidence du CCAC a considérablement diminué, mais ses caractéristiques biologiques et cliniques uniques en font un sujet de recherche important.
Actuellement, il n’existe pas de lignes directrices claires pour le traitement du CCAC, qui est principalement basé sur les schémas thérapeutiques des types courants de cancer du col (tels que le carcinome épidermoïde, l’adénocarcinome de type commun et le carcinome adénosquameux). Cependant, le CCAC présente une sensibilité réduite à la radiothérapie et à la chimiothérapie, et ses caractéristiques moléculaires diffèrent significativement de celles des types courants de cancer du col. Par conséquent, des recherches spécifiques sur le CCAC sont essentielles. Cette étude vise à analyser les modèles de traitement et le pronostic du CCAC en utilisant la base de données SEER (Surveillance, Epidemiology, and End Results) du National Cancer Institute des États-Unis, afin de fournir des bases scientifiques pour la pratique clinique.
Source de l’article
Cet article a été rédigé par Jing Li, Huimin Qiao, Yang Yang, Lan Wu, Dongdong Xu, Zhongqiu Lin et Huaiwu Lu, affiliés respectivement au Département d’oncologie gynécologique de l’hôpital commémoratif Sun Yat-sen de l’université Sun Yat-sen, au Laboratoire clé provincial du Guangdong pour la régulation épigénétique et génique des tumeurs malignes, à l’Hôpital central de Bao’an de Shenzhen, à l’Hôpital de médecine traditionnelle chinoise de Jiangmen affilié à l’université Jinan et à l’Hôpital de Shenzhen de l’Académie chinoise des sciences médicales et de l’université médicale de l’Union de Pékin. L’article a été publié en ligne le 2 août 2024 dans la revue International Journal of Surgery, avec un DOI de 10.1097/js9.0000000000001997.
Méthodologie et résultats
1. Source des données et population étudiée
L’étude est basée sur la base de données SEER et a inclus des patientes diagnostiquées avec un cancer du col de l’utérus entre 2000 et 2019, totalisant 52 153 patientes, dont 528 cas de CCAC. Les patientes sans confirmation histologique, avec des informations de stade tumoral manquantes ou incomplètes, ou dont le statut chirurgical était inconnu ont été exclues. Les principales variables étudiées comprenaient l’âge au diagnostic, l’année de diagnostic, l’origine ethnique, le stade FIGO 2018, le stade NCCN, la taille de la tumeur, les métastases ganglionnaires, la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.
2. Méthodes de recherche
L’étude a utilisé l’analyse de Kaplan-Meier, l’appariement par score de propension (Propensity Score Matching, PSM), l’analyse de régression de Cox et l’analyse de sous-groupes pour évaluer les modèles de traitement et le pronostic des patientes atteintes de CCAC. Les étapes spécifiques étaient les suivantes : - Analyse de Kaplan-Meier : utilisée pour évaluer l’impact des différents traitements sur la survie globale (Overall Survival, OS) des patientes. - Appariement par score de propension : les patientes des groupes chirurgicaux et non chirurgicaux ont été appariées 1:1 pour réduire l’impact des différences de base sur les résultats. - Analyse de régression de Cox : utilisée pour évaluer les facteurs pronostiques indépendants influençant l’OS. - Analyse de sous-groupes : une analyse stratifiée a été réalisée en fonction du stade, de l’âge, de l’origine ethnique et d’autres facteurs.
3. Résultats principaux
- Caractéristiques cliniques des patientes atteintes de CCAC : l’âge moyen au diagnostic des patientes atteintes de CCAC était significativement plus élevé que celui des autres types de cancer du col, avec un âge médian de 58,5 ans, et 36,0 % des patientes avaient plus de 65 ans. Le taux de métastases ganglionnaires chez les patientes atteintes de CCAC (14,6 %) était plus élevé que celui des carcinomes épidermoïdes (8,5 %) et des adénocarcinomes de type commun (6,8 %), mais inférieur à celui des carcinomes adénosquameux (17,2 %).
- Modèles de traitement : chez les patientes atteintes de CCAC localement avancé, la chirurgie était le traitement de choix (58,5 %), tandis que les patientes atteintes de carcinome épidermoïde et d’adénocarcinome de type commun préféraient un traitement non chirurgical. La radiothérapie combinée à la chimiothérapie était le traitement adjuvant le plus courant pour les patientes atteintes de CCAC localement avancé ou métastatique.
- Impact de la chirurgie sur le pronostic : l’analyse de Kaplan-Meier a montré que la chirurgie améliorait significativement la survie globale des patientes atteintes de CCAC (65,6 % contre 25,3 %, p=0,000), en particulier chez les patientes atteintes de maladie localement avancée (57,9 % contre 26,7 %, p=0,000). L’analyse multivariée de régression de Cox a confirmé que la chirurgie était significativement associée à un meilleur pronostic chez les patientes atteintes de CCAC localement avancé (HR 0,299, IC à 95 % : 0,153–0,585, p=0,000).
- Analyse de sous-groupes : chez les patientes atteintes de CCAC de stade IB3-IIA2 et de stade IIIC localement résécable, la chirurgie améliorait significativement l’OS (HR 0,207, IC à 95 % : 0,043–0,991, p=0,049), mais cette tendance n’a pas été observée chez les patientes de stade IIB-IVA (sauf pour le stade IIIC localement résécable).
4. Conclusion
L’étude suggère que la chirurgie devrait être le traitement de choix pour les patientes atteintes de CCAC localement avancé, en particulier celles de stade IB3-IIA2 et de stade IIIC localement résécable. La chirurgie améliore non seulement significativement la survie des patientes, mais réduit également la charge tumorale, augmentant ainsi l’efficacité des traitements ultérieurs de radiothérapie et de chimiothérapie.
Points forts de l’étude
- Première étude rétrospective à grande échelle : il s’agit de la plus grande étude rétrospective à ce jour sur les modèles de traitement du CCAC, fournissant des bases importantes pour la prise en charge de cette tumeur rare.
- Avantage significatif de la chirurgie : l’étude démontre pour la première fois que la chirurgie offre un avantage significatif en termes de survie chez les patientes atteintes de CCAC localement avancé, en particulier celles de stade IB3-IIA2 et de stade IIIC localement résécable.
- Implications pour la pratique clinique : les résultats remettent en question les recommandations des lignes directrices NCCN concernant la chimiothérapie et la radiothérapie comme traitement de première intention pour les cancers du col localement avancés, offrant de nouvelles perspectives pour le traitement individualisé des patientes atteintes de CCAC.
Valeur et signification de l’étude
En analysant la base de données SEER, cette étude évalue systématiquement pour la première fois les modèles de traitement et le pronostic du CCAC, comblant ainsi une lacune dans ce domaine de recherche. Les résultats fournissent non seulement des bases scientifiques pour le traitement des patientes atteintes de CCAC, mais posent également les fondations pour des études prospectives multicentriques futures. En outre, l’étude souligne l’importance de la chirurgie dans le traitement du CCAC localement avancé, offrant une référence précieuse pour les cliniciens dans l’élaboration des plans de traitement.
Autres informations pertinentes
- Limites de l’étude : en raison de sa conception rétrospective, l’étude peut être sujette à des biais de sélection et à des facteurs confondants non contrôlés. De plus, la base de données SEER ne fournit pas d’informations détaillées sur les doses de radiothérapie et de chimiothérapie, ce qui nécessite des recherches supplémentaires pour évaluer l’impact de ces traitements sur le pronostic des patientes atteintes de CCAC.
- Directions futures de recherche : il est recommandé de mener des études rétrospectives multicentriques pour comparer l’efficacité de la radiothérapie et de la chimiothérapie par rapport à la chirurgie radicale chez les patientes atteintes de CCAC localement avancé, et d’explorer l’impact de la radiothérapie et de la chimiothérapie adjuvantes sur le pronostic des patientes à différents stades.
Cette étude fournit des bases scientifiques importantes pour le traitement du CCAC, avec une valeur clinique et des perspectives d’application significatives.