NfL sérique et performance neuropsychologique sur ∼8 ans chez les femmes avec et sans VIH : une étude longitudinale à mesures répétées

La chaîne légère de neurofilaments sérique et la performance cognitive chez les femmes vivant avec et sans VIH : une étude longitudinale sur environ 8 ans

Contexte de l’étude

Avec l’utilisation généralisée des thérapies antirétrovirales hautement efficaces (TRA), l’espérance de vie des personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a considérablement augmenté. Cependant, avec l’avancée en âge, les personnes infectées par le VIH font face à davantage de problèmes de santé liés aux maladies non transmissibles (MNT), comme les troubles cognitifs, la maladie d’Alzheimer et les démences apparentées (ADRD), ainsi que les lésions cérébrales acquises. La chaîne légère de neurofilaments sérique (Serum Neurofilament Light Chain, sNfL) est un biomarqueur largement utilisé pour évaluer l’ampleur des maladies neurodégénératives et des lésions neuronales. Bien que des études aient montré la valeur de sNfL chez les hommes infectés par le VIH, il existe moins de recherches sur les femmes infectées par le VIH, en particulier concernant sa relation avec la performance cognitive. Par conséquent, cette étude vise à combler ce manque de connaissances et à explorer la relation entre les niveaux de sNfL et la performance cognitive chez les femmes vivant avec le VIH (WLWH) et les femmes sans VIH (WLWOh).

Source de l’article

Cette étude a été réalisée conjointement par des chercheurs de plusieurs institutions, notamment l’Université d’État de New York à Downstate Health Sciences (SUNY Downstate Health Sciences University), l’Université de Temple, l’Université de Gothenburg, l’University College London (UCL), l’Université Johns Hopkins, et d’autres. L’article a été publié dans le journal EClinicalMedicine et est disponible en ligne depuis octobre 2024, DOI: 10.1016/j.eclinm.2024.103052.

Méthodologie de l’étude

Participants

Les données de cette étude proviennent de l’Interagency HIV Study pour Femmes (Women’s Interagency HIV Study, WIHS), qui a commencé en 1994 et est la plus grande étude prospective sur les femmes atteintes du VIH aux États-Unis. Les chercheurs ont sélectionné 417 participantes (290 WLWH, 127 WLWOh) qui ont complété des évaluations cognitives de base et de suivi entre 2008 et 2019, ainsi que des mesures de sNfL sérique.

Procédure d’échantillonnage et traitement

Les échantillons de sérum ont été collectés à l’aide de tubes Becton Dickinson Vacutainer® CPT™ et traités dans un laboratoire certifié CLIA. Ensuite, le sérum a été stocké à -70°C à -80°C pour assurer la qualité des échantillons.

Collecte de données

Les chercheurs ont recueilli des informations sur les caractéristiques sociodémographiques, les facteurs comportementaux, les données cliniques et les résultats des évaluations cognitives des participantes. Les évaluations cognitives comprenaient l’attention, la mémoire de travail, la fonction exécutive, la vitesse de traitement, l’apprentissage, la mémoire, la fluidité verbale et la cognition globale.

Analyses de laboratoire

La concentration de sNfL sérique a été mesurée à l’aide de la technologie de tableau à simple molécule (SIMOA) de Quanterix sur un analyseur HD-X. Tous les échantillons ont été mesurés lors d’une seule série d’expériences pour minimiser les erreurs expérimentales.

Analyse statistique

Les chercheurs ont utilisé des modèles de régression linéaire multivariés pour analyser la relation entre les niveaux de sNfL à la base et au suivi avec la performance cognitive. Les modèles ont été ajustés pour tenir compte de l’âge, du revenu, de l’IMC, des symptômes dépressifs, du taux de filtration glomérulaire estimé (eGFR), du diabète, du tabagisme, de la consommation d’alcool et d’autres substances. Pour les WLWH, des ajustements supplémentaires ont été effectués pour le comptage de CD4, la charge virale de VIH, l’utilisation de TRA et l’historique de SIDA.

Résultats de l’étude

Caractéristiques à la base

À la base, l’âge moyen des WLWH était de 51,6 ans, tandis que celui des WLWOh était de 48,7 ans. Environ la moitié des participantes se sont identifiées comme étant afro-américaines ou noires. La plupart des participantes avaient un niveau d’éducation post-secondaire et étaient des fumeuses actuelles ou anciennes. Les WLWH présentaient une performance cognitive inférieure, notamment en ce qui concerne la mémoire et la cognition globale.

Changement des niveaux de sNfL

À la base, les niveaux médians de sNfL chez les WLWH étaient significativement plus élevés que ceux des WLWOh (p < 0,001). Cette différence persistait au suivi (p < 0,0001). Sur une période d’environ 8 ans, les niveaux de sNfL chez les WLWH ont augmenté de 46,5 %, contre 24,4 % pour les WLWOh.

Relation entre la performance cognitive et les niveaux de sNfL

Chez les WLWH, des niveaux de sNfL plus élevés à la base étaient associés à une vitesse de traitement, une capacité d’apprentissage, une mémoire et une fluidité verbale inférieures. Chez les WLWOh, des niveaux de sNfL plus élevés à la base étaient associés à une fonction exécutive, une vitesse de traitement et une fluidité verbale inférieures. Au suivi, des niveaux de sNfL plus élevés étaient associés à une baisse de la fonction exécutive chez les WLWH, tandis que chez les WLWOh, ils étaient associés à une baisse de la fonction exécutive, de la vitesse de traitement, de l’attention, de la mémoire et de la cognition globale. Une augmentation de sNfL sur environ 8 ans était associée à une baisse de la fonction exécutive, de la vitesse de traitement, de la mémoire et de la cognition globale chez les WLWOh, et seulement à une baisse de la fonction exécutive chez les WLWH.

Conclusion

Cette étude a révélé que des niveaux plus élevés de sNfL et une augmentation d’environ 8 ans étaient étroitement liés à une baisse de la performance cognitive chez les WLWH et les WLWOh, mais avec des schémas de corrélation différents selon les points de temps et les domaines cognitifs. Bien que les niveaux de sNfL soient plus élevés chez les WLWH, la baisse de la performance cognitive était plus marquée chez les WLWOh. Cela suggère que sNfL pourrait avoir une valeur potentielle en tant que biomarqueur pour évaluer la santé cognitive chez les femmes vivant avec et sans VIH.

Points forts de l’étude

  1. Première étude longitudinale : Cette étude est la première à examiner les changements des niveaux de sNfL sur environ 8 ans et leur relation avec la performance cognitive chez les femmes vivant avec et sans VIH.
  2. Nouveau biomarqueur : sNfL, en tant que biomarqueur sanguin, peut refléter l’ampleur des lésions neuronales, offrant un nouvel outil pour évaluer la santé cérébrale chez les femmes vivant avec le VIH.
  3. Importance clinique majeure : Les résultats soutiennent l’utilisation de sNfL comme indicateur important pour surveiller les maladies neurodégénératives et les troubles cognitifs, facilitant ainsi le diagnostic précoce et l’intervention.

Signification et valeur de l’étude

Cette étude révèle non seulement la relation complexe entre les niveaux de sNfL et la performance cognitive chez les femmes vivant avec et sans VIH, mais fournit également des références importantes pour des recherches futures. En explorant davantage l’application de sNfL dans différentes populations, on peut mieux comprendre les mécanismes pathogéniques des maladies neurodégénératives et développer des stratégies de prévention et de traitement plus efficaces. De plus, cette étude souligne l’importance d’utiliser des biomarqueurs sanguins pour évaluer la santé cérébrale dans des environnements à ressources limitées, offrant de nouvelles perspectives pour les activités de santé publique.