Régime méditerranéen et associations avec le microbiote intestinal et la sclérose en plaques pédiatrique utilisant une analyse trivariée

Rapport de recherche : Analyse tripartite du régime méditerranéen, du microbiote intestinal et de la sclérose en plaques chez les adolescents

Contexte de l’étude

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque la gaine protectrice des cellules nerveuses. De nombreuses études ont établi un lien entre des facteurs de risque environnementaux, tels qu’une faible concentration en vitamine D et l’infection par le virus EB, et la SEP. Cependant, ces facteurs à eux seuls ne suffisent pas à provoquer la SEP et pourraient dépendre d’autres éléments. Récemment, l’intérêt pour l’interaction entre le régime alimentaire et le microbiote intestinal a augmenté, notamment dans le contexte de la SEP, car ces facteurs peuvent exercer des effets immunomodulateurs et neuroprotecteurs. En particulier, le régime méditerranéen, qui a été largement prouvé dans la population générale pour être associé à de meilleurs résultats de santé, y compris une réduction du risque de mortalité et de plusieurs maladies chroniques.

Source de l’étude

Cette recherche a été rédigée par Ali I. Mirza, Feng Zhu et d’autres, impliquant plusieurs institutions, y compris l’University of British Columbia, Simon Fraser University, University of Toronto, University of California San Francisco, etc. Les résultats de l’étude ont été publiés dans le volume 4, numéro 148 de l’année 2024 du journal “Communications Medicine”.

Méthodologie de l’étude

Conception de l’étude

L’étude a utilisé une conception cas-témoins, incluant 95 participants (44 cas de SEP avec déclenchement à l’adolescence et 51 témoins sains), issus du réseau de recherche canadien sur les maladies démyélinisantes pédiatriques. Tous les participants ont rempli un questionnaire de fréquence alimentaire avant l’âge de 21 ans, et 59 d’entre eux ont fourni des échantillons de selles.

Déroulement de l’étude

  1. Sélection des participants et sources de données : Les participants ont été recrutés via sept sites du réseau de recherche canadien sur les maladies démyélinisantes pédiatriques (six sites canadiens et un site américain), ayant tous obtenu l’approbation des comités d’éthique et s’assurant que tous les participants et/ou leurs parents ou tuteurs légaux ont signé un formulaire de consentement éclairé.

  2. Évaluation du score diététique : Utilisation du score méditerranéen révisé (AMED), un système de notation basé sur sept composants alimentaires, y compris fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, poissons, viandes rouges et charcuteries, ainsi que le rapport entre les acides gras monoinsaturés et les acides gras saturés.

  3. Collecte et traitement des échantillons du microbiote : Les échantillons de selles des participants ont été collectés à l’aide des outils de prélèvement fournis et conservés à -80 °C. L’ADN extrait des échantillons de selles a été analysé par amplification et séquençage de la région V4 du gène de l’ARNr 16S.

  4. Analyse statistique : Les analyses des données diététiques et du sous-groupe diète-microbiote incluaient des régressions logistiques, des régressions linéaires et des analyses de médiation. L’analyse des données sur le microbiote a été réalisée après transformation des données en log-ratios centrés et élimination des séquences erronées.

Données et résultats

  1. Résultats liés à l’alimentation : Un score élevé dans le régime méditerranéen et une consommation plus élevée de fibres (grammes par jour), d’aliments complets (onces équivalentes/jour) et de fer (milligrammes par jour) sont associés à une réduction du risque de SEP. Chaque augmentation d’un point dans le score méditerranéen est associée à une réduction du risque de SEP de 37 %.

  2. Résultats liés à l’alimentation-microbiote : Le score méditerranéen et la consommation de fibres ont un impact significatif sur le microbiote intestinal. Plus précisément, l’abondance de certains groupes bactériens, tels que Methanobrevibacter, est significativement plus élevée chez les patients atteints de SEP, alors que le groupe Clostridiales vadin bb60 et le groupe Ruminococcaceae NK4A214 sont significativement moindres chez ces patients.

Conclusion et importance de l’étude

Cette étude a trouvé que des scores plus élevés dans le régime méditerranéen et une plus grande apport en nutriments sont associés à un risque réduit de sclérose en plaques chez les adolescents. Ces éléments nutritifs peuvent exercer un effet protecteur en modulant la composition du microbiote intestinal et en régulant la réponse immunitaire de l’hôte. Ces découvertes indiquent que dans la SEP, la relation tripartite entre l’hôte, le microbiote et le régime alimentaire est particulièrement importante.

Points saillants de l’étude

  1. Le rôle protecteur des modèles alimentaires contre la SEP : Le modèle alimentaire méditerranéen et ses composants ont montré un effet protecteur significatif contre le risque de SEP.

  2. Le rôle de médiateur du microbiote intestinal : Certains groupes de bactéries intestinales peuvent jouer un rôle de médiateur dans l’effet protecteur du régime méditerranéen contre la SEP.

  3. Innovation méthodologique : Application d’une méthode d’analyse tripartite, évaluant systématiquement la relation entre le régime alimentaire, le microbiote intestinal et la SEP chez les adolescents pour la première fois.

  4. Précision de l’analyse des données : Utilisation de diverses méthodes d’analyse statistique, y compris la régression logistique, la régression linéaire et l’analyse de médiation, pour assurer la précision et la fiabilité des résultats.

Autres informations importantes

  1. Directions futures pour la recherche : Il est suggéré de mener des études longitudinales à plus grande échelle pour vérifier si ces relations entre le régime alimentaire et le microbiote intestinal sont causales.

  2. Limites de l’étude : La conception transversale de l’étude actuelle ne permet pas d’établir de relation de cause à effet. De plus, le nombre limité d’échantillons pourrait ne pas capturer toutes les relations significatives.

Cette recherche offre un aperçu précieux des relations entre le régime méditerranéen, le microbiote intestinal et la sclérose en plaques chez les adolescents, ouvrant de nouvelles voies pour explorer davantage le rôle protecteur potentiel de l’alimentation dans la SEP.