Analyse clinique de la maladie associée aux anticorps MOG chevauchant l'encéphalite anti-récepteur NMDA : une étude rétrospective à long terme
Analyse clinique du syndrome de chevauchement entre la maladie associée aux anticorps anti-MOG et l’encéphalite anti-NMDAR
Contexte
Ces dernières années, avec l’approfondissement des recherches sur l’encéphalite auto-immune (Autoimmune Encephalitis, AE) et les maladies démyélinisantes du système nerveux central (Central Nervous System, CNS), les scientifiques ont identifié des cas rares de syndromes de chevauchement. Parmi eux, le chevauchement entre la maladie associée aux anticorps anti-MOG (MOG Antibody-Associated Disease, MOGAD) et l’encéphalite anti-N-méthyl-D-aspartate (NMDAR) a suscité un intérêt considérable. La MOGAD est une maladie inflammatoire démyélinisante du CNS déclenchée par des anticorps dirigés contre la glycoprotéine de la myéline des oligodendrocytes (Myelin Oligodendrocyte Glycoprotein, MOG), tandis que l’encéphalite anti-NMDAR est une encéphalite auto-immune causée par des anticorps anti-NMDAR. Bien que ces deux maladies diffèrent par leurs manifestations cliniques et leurs mécanismes pathologiques, de plus en plus de cas rapportés montrent que certains patients présentent des symptômes des deux maladies simultanément ou successivement, suggérant un lien possible entre elles.
Cependant, les études systématiques sur les caractéristiques cliniques, les manifestations radiologiques, les options de traitement et le pronostic du syndrome de chevauchement entre la MOGAD et l’encéphalite anti-NMDAR restent très limitées. La plupart des recherches connexes se limitent à des rapports de cas isolés, manquant de données de suivi à long terme sur de grands échantillons. Par conséquent, cette étude vise à résumer les caractéristiques cliniques, les manifestations radiologiques, les options de traitement et le pronostic des patients diagnostiqués avec un syndrome de chevauchement entre la MOGAD et l’encéphalite anti-NMDAR entre 2018 et 2023, afin de fournir aux cliniciens des références plus complètes pour le diagnostic et le traitement.
Source de l’article
Cet article a été rédigé par des chercheurs du département de neurologie du deuxième hôpital Xiangya de l’université centrale du Sud en Chine, notamment Tianjiao Duan, Song Ouyang, Zhaolan Hu, Qiuming Zeng et Weifan Yin. La recherche a été financée par plusieurs projets, dont la Fondation nationale des sciences naturelles de Chine et la Fondation des sciences naturelles de la province du Hunan. L’article a été publié en 2025 dans le European Journal of Neuroscience, avec le DOI 10.1111/ejn.16654.
Méthodologie et résultats
1. Inclusion des patients et critères de diagnostic
L’étude a analysé rétrospectivement 10 patients diagnostiqués avec un syndrome de chevauchement entre la MOGAD et l’encéphalite anti-NMDAR au deuxième hôpital Xiangya de l’université centrale du Sud entre janvier 2018 et juin 2023. Les critères d’inclusion comprenaient : la détection simultanée d’anticorps anti-MOG et anti-NMDAR dans le sérum et/ou le liquide céphalo-rachidien (Cerebrospinal Fluid, CSF), et un suivi d’au moins 3 mois. Les critères d’exclusion comprenaient : un diagnostic d’AE positif pour d’autres anticorps ou de maladie du spectre de la neuromyélite optique (Neuromyelitis Optica Spectrum Disorder, NMOSD) positive pour AQP4-IgG.
2. Tests d’anticorps et examens d’imagerie
Des échantillons de sérum et de CSF de tous les patients ont été testés pour les anticorps anti-MOG et anti-NMDAR. Le test des anticorps anti-MOG a été réalisé par une méthode basée sur des cellules vivantes (Cell-Based Assay, CBA), tandis que le test des anticorps anti-NMDAR a utilisé une CBA fixe. De plus, tous les patients ont subi une imagerie par résonance magnétique (Magnetic Resonance Imaging, MRI) cérébrale, et certains ont également subi une MRI du nerf optique et de la moelle épinière.
3. Caractéristiques cliniques et analyses de laboratoire
Parmi les 10 patients, 6 étaient des adultes et 4 des adolescents, avec un âge médian au début de la maladie de 23 ans (plage : 10-43 ans). Les symptômes les plus fréquents comprenaient l’encéphalopathie (8⁄10), les maux de tête (7⁄10), la fièvre (6⁄10), la névrite optique (Optic Neuritis, ON) (6⁄10) et des déficits neurologiques focaux (4⁄10). L’analyse du CSF a révélé une pléocytose chez 9 patients (médiane de 63,9 cellules/μl) et une élévation des protéines chez 4 patients (médiane de 426,1 mg/L).
4. Manifestations radiologiques
L’IRM cérébrale de tous les patients a montré des signaux anormaux, les sites les plus fréquemment touchés étant le tronc cérébral (37,5 %), le cortex cérébral (33,3 %), les noyaux gris centraux (25,0 %) et l’hippocampe (20,8 %). Certains patients présentaient également des signaux anormaux dans le nerf optique et la moelle épinière.
5. Options de traitement et pronostic
Tous les patients ont reçu un traitement immunomodulateur, comprenant des injections intraveineuses de méthylprednisolone (Intravenous Methylprednisolone, IVMP) et d’immunoglobulines intraveineuses (Intravenous Immunoglobulins, IVIG). Sept patients ont bien répondu au traitement de première ligne, mais tous ont connu au moins une rechute, avec un intervalle médian de 6,7 mois. Un traitement immunosuppresseur à long terme (comme l’azathioprine, le mycophénolate mofétil et le rituximab) a été utilisé pour prévenir les rechutes.
6. Analyse des sous-populations lymphocytaires
Six patients ont subi une analyse des sous-populations lymphocytaires du sang périphérique pendant la phase aiguë et la phase de rémission. Les résultats ont montré une augmentation significative des proportions de cellules T CD3+ et CD4+ après traitement (p < 0,01 et p < 0,05), tandis que les proportions de cellules T CD8+ et le ratio CD4+/CD8+ n’ont pas changé de manière significative.
Conclusions et implications
Cette étude est la première à résumer systématiquement les caractéristiques cliniques, les manifestations radiologiques, les options de traitement et le pronostic du syndrome de chevauchement entre la MOGAD et l’encéphalite anti-NMDAR. Les résultats montrent que ce syndrome de chevauchement présente un phénotype clinique distinct, différent de la MOGAD ou de l’encéphalite anti-NMDAR seule. Les lésions du tronc cérébral et du cortex pourraient être des signes avant-coureurs de ce syndrome de chevauchement. En raison du taux élevé de rechutes, un diagnostic précoce et un traitement rapide avec des immunosuppresseurs efficaces sont recommandés.
Points forts de l’étude
- Phénotype clinique distinct : Le syndrome de chevauchement entre la MOGAD et l’encéphalite anti-NMDAR présente des manifestations cliniques différentes de celles de la MOGAD ou de l’encéphalite anti-NMDAR seule, suggérant qu’il pourrait s’agir d’une entité pathologique indépendante.
- Taux de rechute élevé : Tous les patients ont connu au moins une rechute, indiquant un risque élevé de récidive et la nécessité d’un traitement immunosuppresseur à long terme.
- Analyse des sous-populations lymphocytaires : C’est la première fois que les changements dans les sous-populations lymphocytaires des patients atteints de ce syndrome de chevauchement sont rapportés, fournissant de nouvelles pistes pour comprendre son mécanisme immunologique.
Autres informations utiles
Les limites de cette étude incluent un échantillon de petite taille, un design rétrospectif pouvant entraîner des biais, et des données incomplètes sur les sous-populations lymphocytaires. Les recherches futures devraient élargir l’échantillon et mener des études prospectives pour valider les conclusions de cette étude.
Cette étude fournit des références cliniques importantes pour le diagnostic et le traitement du syndrome de chevauchement entre la MOGAD et l’encéphalite anti-NMDAR, avec une valeur scientifique et pratique significative.