Évaluation de l'efficacité de la chirurgie cytoréductive dans le cancer de la prostate oligométastatique : aperçus de l'analyse quantitative et des études de cohorte rétrospectives

Évaluation de l’efficacité de la chirurgie cytoréductive dans le cancer de la prostate oligométastatique

Contexte académique

Le cancer de la prostate est la deuxième tumeur maligne la plus fréquente chez les hommes dans le monde, en particulier aux stades avancés, où il s’accompagne souvent de métastases, affectant gravement la qualité de vie et le pronostic des patients. Le cancer de la prostate oligométastatique (OMPCa) est un état intermédiaire entre la maladie localisée et la maladie métastatique étendue, caractérisé par un nombre limité de lésions métastatiques confinées à quelques organes. Ces dernières années, les stratégies de traitement du cancer de la prostate oligométastatique ont suscité un intérêt considérable, en particulier l’utilisation de la chirurgie cytoréductive (CRP). Cependant, l’efficacité de la chirurgie cytoréductive dans ce contexte clinique spécifique reste controversée. Cette étude vise à évaluer l’efficacité de la chirurgie cytoréductive dans le traitement du cancer de la prostate oligométastatique par une analyse quantitative et une étude de cohorte rétrospective, fournissant ainsi des bases pour les décisions cliniques.

Source de l’article

Cet article a été rédigé conjointement par Bisheng Cheng, Bingheng Li, Jianhan Fu et d’autres auteurs, issus de plusieurs institutions telles que l’hôpital commémoratif Sun Yat-sen de l’université Sun Yat-sen, l’hôpital Nanfang de l’université médicale du Sud, et le centre de prévention et de traitement du cancer de l’université Sun Yat-sen. L’article a été publié en ligne le 15 juillet 2024 dans la revue International Journal of Surgery, avec le DOI 10.1097/js9.0000000000001968.

Conception et méthodes de l’étude

Objectifs de l’étude

Cette étude vise à évaluer l’efficacité de la chirurgie cytoréductive dans le traitement du cancer de la prostate oligométastatique, en se concentrant sur les indicateurs cliniques suivants : la survie globale (overall survival, OS), la survie sans progression (progression-free survival, PFS), la survie spécifique au cancer (cancer-specific survival, CSS) et la survie sans cancer de la prostate résistant à la castration (castration-resistant prostate cancer-free survival, CRPCFS).

Processus de l’étude

  1. Recherche et sélection de la littérature
    L’équipe de recherche a systématiquement interrogé les bases de données PubMed, Embase, Web of Science et CNKI, et a sélectionné les études publiées jusqu’en décembre 2023 sur l’application de la chirurgie cytoréductive dans le cancer de la prostate oligométastatique. Au total, 18 études ont été incluses, dont 2 essais contrôlés randomisés (RCT) et 16 études non randomisées, impliquant 1733 patients.

  2. Extraction des données et évaluation de la qualité
    Deux chercheurs ont indépendamment sélectionné les articles et extrait les données, y compris les données démographiques des patients (comme l’âge, le score de Gleason), les caractéristiques tumorales (comme le nombre de lésions métastatiques), les résultats chirurgicaux et les indicateurs de survie. La qualité des études a été évaluée à l’aide de l’outil d’évaluation du risque de biais Cochrane et de l’échelle de Newcastle-Ottawa (Newcastle-Ottawa Scale, NOS).

  3. Analyse quantitative
    Un modèle à effets aléatoires a été utilisé pour la méta-analyse, calculant le rapport de risque (hazard ratio, HR) et son intervalle de confiance à 95 % (confidence interval, CI). L’hétérogénéité entre les études a été évaluée par le test I².

  4. Étude de cohorte rétrospective
    L’équipe de recherche a également mené une étude de cohorte rétrospective multicentrique, incluant 64 patients atteints de cancer de la prostate oligométastatique traités entre janvier 2008 et juin 2018 à l’hôpital Nanfang et au centre de prévention et de traitement du cancer de l’université Sun Yat-sen. Parmi eux, 32 patients ont reçu une chirurgie cytoréductive associée à une thérapie de privation androgénique (androgen deprivation therapy, ADT), tandis que les 32 autres ont reçu uniquement une ADT.

Résultats principaux

Résultats de l’analyse quantitative

  1. Survie globale (OS)
    La survie globale du groupe ayant subi une chirurgie cytoréductive était significativement meilleure que celle du groupe non chirurgical (HR 0,50, IC à 95 % 0,40–0,60). Dans les études RCT et non RCT, le groupe chirurgie cytoréductive a montré de meilleurs résultats en termes d’OS.

  2. Survie sans progression (PFS)
    La survie sans progression du groupe chirurgie cytoréductive était significativement meilleure que celle du groupe non chirurgical (HR 0,39, IC à 95 % 0,27–0,51).

  3. Survie spécifique au cancer (CSS)
    La survie spécifique au cancer du groupe chirurgie cytoréductive était significativement meilleure que celle du groupe non chirurgical (HR 0,44, IC à 95 % 0,23–0,65).

  4. Survie sans cancer de la prostate résistant à la castration (CRPCFS)
    La survie sans cancer de la prostate résistant à la castration du groupe chirurgie cytoréductive était significativement meilleure que celle du groupe non chirurgical (HR 0,48, IC à 95 % 0,36–0,59).

Résultats de l’étude de cohorte rétrospective

  1. Survie globale (OS)
    La médiane de survie globale du groupe chirurgie cytoréductive était de 60,0 mois, significativement meilleure que celle du groupe ADT (36,3 mois, p=0,0182).

  2. Survie sans progression (PFS)
    La médiane de survie sans progression du groupe chirurgie cytoréductive était de 44 mois, significativement meilleure que celle du groupe ADT (21 mois, p=0,0297).

  3. Survie sans cancer de la prostate résistant à la castration (CRPCFS)
    La médiane de survie sans cancer de la prostate résistant à la castration du groupe chirurgie cytoréductive était de 44,5 mois, significativement meilleure que celle du groupe ADT (21,5 mois, p=0,0125).

  4. Complications chirurgicales
    Dans le groupe chirurgie cytoréductive, 25 % des patients ont présenté des complications périopératoires, la plus fréquente étant l’incontinence urinaire (9,4 %).

Conclusion et signification

Cette étude, à travers une analyse quantitative et une étude de cohorte rétrospective, a confirmé les avantages significatifs de la chirurgie cytoréductive dans le traitement du cancer de la prostate oligométastatique. La chirurgie cytoréductive associée à l’ADT améliore significativement la survie globale, la survie sans progression et la survie sans cancer de la prostate résistant à la castration. Ces résultats offrent de nouvelles perspectives pour le traitement du cancer de la prostate oligométastatique, soulignant la valeur potentielle du traitement local dans cette population spécifique de patients.

Points forts de l’étude

  1. Taille d’échantillon importante : Cette étude inclut 1733 patients, ce qui en fait la plus grande étude de ce type à ce jour.
  2. Évaluation multidimensionnelle : L’étude ne se concentre pas uniquement sur la survie globale, mais évalue également la survie sans progression, la survie spécifique au cancer et la survie sans cancer de la prostate résistant à la castration, fournissant des données complètes sur les résultats cliniques.
  3. Validation par une cohorte rétrospective : Une étude de cohorte rétrospective multicentrique a permis de valider les résultats de l’analyse quantitative, renforçant la crédibilité des conclusions.

Perspectives futures

Bien que cette étude fournisse des preuves solides de l’utilisation de la chirurgie cytoréductive dans le cancer de la prostate oligométastatique, des essais contrôlés randomisés prospectifs sont nécessaires pour valider ses effets à long terme et sa sécurité. De plus, les recherches futures devraient explorer l’utilisation combinée de la chirurgie cytoréductive avec d’autres modalités de traitement (comme la radiothérapie et l’immunothérapie) afin d’optimiser les stratégies de traitement du cancer de la prostate oligométastatique.