Revue et perspectives de la kératose palmoplantaire : Un accent particulier sur l'histoire de la kératose palmoplantaire de type Nagashima

Histoire et perspectives de la kératose palmoplantaire de type Nagashima

Contexte

La kératodermie palmoplantaire (KPP) est un groupe de maladies cutanées génétiques ou inflammatoires caractérisées par une hyperkératose des paumes et des plantes des pieds, avec des manifestations cliniques variées et un diagnostic complexe. La kératose palmoplantaire de type Nagashima (NPPK) est la forme de KPP la plus courante dans les populations est-asiatiques, causée par des variants pathogènes bialléliques du gène SERPINB7. Depuis sa première description au Japon dans les années 1970, l’indépendance et le mécanisme génétique de la NPPK ont fait l’objet de débats. Ce n’est qu’en 2013 que la découverte des variants pathogènes du gène SERPINB7 a établi la NPPK comme une maladie génétique indépendante. Par la suite, les chercheurs ont découvert que les variants du gène SERPINA12 provoquent également des symptômes cliniques similaires à ceux de la NPPK. Cet article retrace l’histoire de la recherche sur la NPPK, explore ses mécanismes génétiques, ses manifestations cliniques, ses marqueurs diagnostiques et ses perspectives futures.

Source de l’article

Cet article, rédigé par Akiharu Kubo, a été publié dans le Journal of Dermatology, numéro de janvier 2025. Akiharu Kubo est un expert renommé dans le domaine des maladies cutanées génétiques et travaille au Département de Dermatologie de la Faculté de Médecine de l’Université de Kobe au Japon. En retraçant l’histoire de la recherche sur la NPPK, cet article résume systématiquement les bases génétiques, les manifestations cliniques et les relations de la NPPK avec d’autres maladies associées, tout en envisageant les pistes de recherche futures.

Points clés

1. Indépendance et fondements génétiques de la NPPK

Initialement considérée comme une variante du mal de Meleda, la NPPK a été pour la première fois distinguée par Masaji Nagashima en 1977, qui a noté des différences cliniques marquées entre les patients japonais et ceux atteints du mal de Meleda. La NPPK se manifeste par des lésions kératosiques rouges légères sur les paumes et les plantes des pieds, accompagnées d’une extension des lésions appelée « transgrediens » (dorsum des mains et des pieds, etc.). En 2013, Akiharu Kubo et son équipe ont identifié des variants pathogènes bialléliques du gène SERPINB7 chez 13 patients atteints de NPPK, confirmant ainsi son statut de maladie génétique indépendante. SERPINB7 code pour un inhibiteur de la sérine protéase, et sa perte de fonction entraîne un défaut de la barrière cutanée et une hyperkératose.

Éléments de preuve :
- Les manifestations cliniques de la NPPK, moins sévères que celles du mal de Meleda, incluent des lésions kératosiques rouges légères.
- Les variants pathogènes de SERPINB7, dont le variant c.796C>T, dit « fondateur », ont été identifiés chez 13 patients est-asiatiques.
- L’expression de SERPINB7 dans les kératinocytes est cruciale pour la fonction de barrière cutanée.

2. Marqueur diagnostique de la NPPK : le « signe de l’eau »

La NPPK se caractérise par des lésions kératosiques rouges sur les paumes et les plantes des pieds, accompagnées d’un « transgrediens ». De plus, une modification blanchâtre temporaire apparaît sur les lésions cutanées au contact de l’eau, phénomène appelé « signe de l’eau » (Water Sign). Ceci est attribué au défaut de la barrière cutanée causé par la perte de fonction de SERPINB7.

Éléments de preuve :
- Le « signe de l’eau » a été observé chez les 13 patients atteints de NPPK, apparaissant immédiatement après le contact avec l’eau et disparaissant après séchage.
- Ce signe est considéré comme un marqueur diagnostique clé de la NPPK, facilitant sa distinction d’autres formes de KPP.

3. Similitudes entre la KPP liée à SERPINA12 et la NPPK

En 2020, des variants du gène SERPINA12 ont été associés à des manifestations cliniques similaires à celles de la NPPK. SERPINA12 code pour un autre inhibiteur de la sérine protéase, et sa perte de fonction entraîne un défaut de la barrière cutanée et une hyperkératose. Bien que les phénotypes cliniques de la NPPK et de la KPP liée à SERPINA12 soient similaires, leurs mécanismes génétiques diffèrent.

Éléments de preuve :
- Les patients atteints de KPP liée à SERPINA12 présentent également des lésions kératosiques rouges sur les paumes et les plantes des pieds, avec un « transgrediens ».
- L’expression de SERPINA12 dans les kératinocytes joue un rôle clé dans la fonction de barrière cutanée.

4. Association entre la NPPK et la dermatite atopique

La prévalence de la dermatite atopique est plus élevée chez les patients atteints de NPPK, suggérant un lien potentiel entre les deux maladies. En 2020, une étude d’association pangénomique (GWAS) a identifié des variants du gène SERPINB7 comme modificateurs de la susceptibilité à la dermatite atopique.

Éléments de preuve :
- Le variant fondateur de SERPINB7 identifié en Finlande est associé à la dermatite atopique.
- La fréquence accrue de dermatite atopique chez les patients atteints de NPPK suggère que le défaut de la barrière cutanée pourrait favoriser la pénétration des allergènes et la réponse inflammatoire.

5. État actuel du traitement et perspectives futures

Actuellement, le traitement de la NPPK est principalement symptomatique, incluant l’utilisation de cosmétiques pour masquer les rougeurs cutanées et de désodorisants pour réduire les odeurs. De plus, des approches de thérapie génique, telles que la lecture de mutation induite par la gentamicine, sont en cours d’exploration pour rétablir la fonction de SERPINB7.

Éléments de preuve :
- Aucun traitement spécifique de la NPPK n’est disponible, les patients dépendant de soins symptomatiques pour améliorer leur qualité de vie.
- Les méthodes de thérapie génique montrent un potentiel dans les études in vitro, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires.

Contribution et valeur de l’article

Cet article offre une revue systématique de l’histoire de la recherche sur la NPPK, résumant ses bases génétiques, ses manifestations cliniques et ses relations avec d’autres maladies, fournissant ainsi des bases théoriques essentielles pour le diagnostic et le traitement de la NPPK. De plus, il propose des pistes de recherche futures, notamment l’étude approfondie des mécanismes de SERPINB7 et SERPINA12, et le développement de traitements spécifiques pour la NPPK. Les résultats de cette recherche enrichissent non seulement la compréhension de la NPPK, mais offrent également des références pour le diagnostic et le traitement d’autres maladies cutanées génétiques.

Autres contenus pertinents

  • L’article détaille le rôle de SERPINB7 et SERPINA12 dans la fonction de barrière cutanée, fournissant des indices importants pour comprendre les mécanismes moléculaires de cette barrière.
  • Il propose une association potentielle entre la NPPK et la dermatite atopique, ouvrant de nouvelles perspectives pour étudier leur relation causale.

Cet article, à travers son examen approfondi de la NPPK, offre des orientations théoriques et pratiques essentielles pour la recherche et le traitement de cette maladie cutanée génétique.