Étude rétrospective de la prévalence et de l'association pronostique de l'isoforme 2 de Claudin 18 dans l'adénocarcinome gastrique et de la jonction gastroesophagienne

Rapport de recherche sur Claudin 18.2 dans le cancer de l’estomac et l’adénocarcinome de la jonction gastro-œsophagienne

Introduction

Le cancer de l’estomac et l’adénocarcinome de la jonction gastro-œsophagienne (G/GEJ) représentent un fardeau de santé majeur à l’échelle mondiale. On estime qu’en 2020, il y a eu environ 1,7 million de nouveaux cas de cancer de l’estomac et de l’œsophage dans le monde, avec 1,3 million de décès associés. Aux États-Unis, on prévoit en 2023 qu’il y aura 48 060 nouveaux cas de cancer de l’estomac et de cancers associés, avec 27 250 décès. Actuellement, les options de traitement pour l’adénocarcinome G/GEJ sont limitées, et le taux de survie relative à cinq ans pour les cas de métastases à distance est resté à environ 10 % depuis 2007. Par conséquent, il est urgent de mieux comprendre les caractéristiques de la maladie, de découvrir de nouveaux biomarqueurs et de comprendre l’impact des caractéristiques cliniques et tumorales sur le diagnostic, la gestion et le pronostic.

La famille des protéines transmembranaires Claudin (Claudin, CLDN) comprend au moins 27 protéines distinctes, qui présentent des profils d’expression uniques dans les tissus normaux et cancéreux. Claudin 18.2 (CLDN18.2) est présent dans la muqueuse gastrique et reste conservé lors de la transformation maligne des cellules de la muqueuse gastrique. Il peut être exposé et accessible lorsque les jonctions serrées sont perturbées. Par conséquent, CLDN18.2 attire une attention croissante en tant que biomarqueur émergent et cible thérapeutique dans l’adénocarcinome G/GEJ.

Source de la recherche

Cet article de recherche est rédigé par Rebecca Waters, Matheus Sewastjanow-Silva, Kohei Yamashita, Ahmed Abdelhakeem, Kenneth K. Iwata, Diarmuid Moran, Dina Elsouda, Abraham Guerrero, Melissa Pizzi, Ernesto Rosa Vicentini, Namita Shanbhag, Anh Ta, Deyali Chatterjee et Jaffer A. Ajani, dont le premier auteur et auteur correspondant, Jaffer A. Ajani, travaille au centre de cancérologie MD Anderson. Cet article est publié le 23 mai 2024 dans la revue « JCO Precision Oncology » et utilise des échantillons de tissus de patients atteints de cancer provenant de la biobanque de ce centre.

Contenu de la recherche

Conception et méthodes de l’étude

Cette étude rétrospective utilise des échantillons de tissus de patients atteints d’adénocarcinome G/GEJ issus de la biobanque du centre de cancérologie MD Anderson, en extrayant parallèlement des données cliniques des dossiers médicaux des patients. L’étude a été approuvée par le Comité d’éthique du centre de cancérologie MD Anderson et a été réalisée conformément aux bonnes pratiques cliniques et épidémiologiques et à toutes les lois, réglementations et règlements fédéraux, étatiques et locaux applicables.

Les échantillons devaient provenir de patients ayant un diagnostic histologique confirmé d’adénocarcinome G/GEJ, être des spécimens tissulaires fixés au formol et inclus en paraffine complets, et les patients devaient fournir leur consentement éclairé par écrit. Les échantillons datant de plus de 10 ans ou sans données cliniques de résultats ont été exclus.

Les échantillons tumoraux de 304 patients atteints d’adénocarcinome G/GEJ ont été testés pour l’expression de CLDN18.2 par immunohistochimie, définie comme ayant ≥50 % ou ≥75 % des cellules tumorales avec une intensité de coloration CLDN18 de 2+ ou 3+. Les résultats ont été évalués indépendamment par deux pathologistes, en utilisant deux critères différents de positivité (≥50 % et ≥75 %).

Résultats

Selon le critère de ≥75 %, la proportion de CLDN18.2 positif dans tous les échantillons était de 44,4 %, avec un taux de positivité de 51,4 % pour les échantillons d’adénocarcinome gastrique et de 34,6 % pour les échantillons d’adénocarcinome GEJ. Selon le critère de ≥50 %, la proportion de CLDN18.2 positif dans tous les échantillons était de 56,3 %, avec un taux de positivité de 64,4 % pour les échantillons d’adénocarcinome gastrique et de 44,9 % pour les échantillons d’adénocarcinome GEJ.

L’analyse des différents paramètres (y compris le sexe, le type de tissu, le stade du cancer, etc.) a révélé une corrélation significative de la positivité de CLDN18.2 avec le sexe, le type de tissu de l’adénocarcinome gastrique et certains sous-types d’adénocarcinome (critère de ≥75 %), les sites métastatiques et la gradation des tumeurs (critère de ≥50 %). Cependant, indépendamment du critère utilisé (≥50 % ou ≥75 %), il n’y avait pas de corrélation évidente entre la positivité de CLDN18.2 et la survie globale.

Pour les échantillons tumoraux primaires et métastatiques appariés, la cohérence de la positivité de CLDN18.2 était de 73 % (critère de ≥75 %), et la cohérence de la positivité de CLDN18.2 avant et après chimiothérapie était de 74 %.

Conclusion et importance

L’étude montre que l’expression positive de CLDN18.2 dans les adénocarcinomes G/GEJ n’est pas associée à la survie, en accord avec les données existantes. Basé sur l’analyse des échantillons appariés, CLDN18.2 a montré une cohérence supérieure à 70 % en tant que biomarqueur. La découverte de sa corrélation avec certaines caractéristiques des patients et des tumeurs nécessite une confirmation par des recherches supplémentaires.

L’étude souligne l’importance de CLDN18.2 en tant que biomarqueur et cible thérapeutique, et recommande d’explorer plus en détail sa valeur d’application dans des contextes cliniques spécifiques dans les recherches futures. Par exemple, le Zolbetuximab (anticorps anti-CLDN18.2) a montré des effets significatifs dans plusieurs essais cliniques de phase III pour traiter les patients atteints d’adénocarcinome G/GEJ positif pour CLDN18.2, ce qui renforce l’importance de développer et d’évaluer cette thérapie dans des recherches futures.

Points forts et innovations de l’étude

  1. Découverte importante : Cette étude analyse en détail l’expression de CLDN18.2 dans 304 échantillons de patients atteints d’adénocarcinome G/GEJ, révélant sa corrélation avec la gradation des tumeurs, les sites métastatiques, le sexe, etc.
  2. Absence de liaison avec la survie : Bien que CLDN18.2 soit largement examiné, l’étude montre clairement que son expression positive n’est pas significativement reliée à la survie globale des patients.
  3. Analyse de la cohérence : L’analyse des échantillons appariés a validé la fiabilité de CLDN18.2 en tant que biomarqueur, avec une cohérence de plus de 70 % entre les tumeurs primaires et métastatiques et avant/après chimiothérapie.

Cette recherche fournit non seulement des données et des perspectives précieuses dans le domaine de l’étude des biomarqueurs, mais elle offre également une base scientifique pour le développement futur de traitements précis ciblant CLDN18.2.