Modèles de rechute distincts parmi les types moléculaires d'épendymome

Modèles de récidive des épendymomes intracrâniens de différents types moléculaires

Étude sur les modèles de récidive des épendymomes intracrâniens

Contexte

L’épendymome (Ependymoma, EPn) est une tumeur rare mais hautement hétérogène du système nerveux central, particulièrement fréquente chez les enfants. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés ces dernières années dans la compréhension de la biologie et des caractéristiques moléculaires des épendymomes, leurs modèles de récidive restent mal définis. Le moment et la localisation de la récidive varient considérablement selon les sous-types moléculaires, ce qui influence directement les stratégies de traitement et de suivi des patients. Par conséquent, l’étude des modèles de récidive des épendymomes selon leurs sous-types moléculaires est cruciale pour optimiser les traitements et améliorer le pronostic des patients.

Cette étude vise à analyser les données cliniques et moléculaires de 269 patients atteints d’épendymomes intracrâniens récidivants afin de révéler les modèles de récidive selon les sous-types moléculaires et leur impact sur la survie des patients. L’équipe de recherche espère que ces données fourniront une base scientifique pour les futurs essais cliniques, les ajustements thérapeutiques et les stratégies de suivi.

Source de l’article

Cette recherche a été menée par des chercheurs de plusieurs institutions internationales renommées, dont les principaux auteurs sont Denise Obrecht-Sturm, Melanie Schoof, Alicia Eckhardt, entre autres. L’équipe de recherche provient du Centre médical universitaire de Hambourg en Allemagne, de l’Institut national du cancer aux États-Unis, de l’Hôpital pour enfants malades au Canada, entre autres. L’article a été publié en avance le 22 août 2024 dans la revue Neuro-Oncology, avec le DOI 10.1093/neuonc/noae166.

Méthodologie et résultats

1. Inclusion des sujets et collecte des données

L’équipe de recherche a collecté les données cliniques et moléculaires de 269 patients atteints d’épendymomes intracrâniens récidivants provenant de plusieurs cohortes européennes et nord-américaines, incluant 233 enfants et 36 adultes. Tous les patients avaient un diagnostic histopathologique confirmé et ont été classés selon les critères moléculaires de l’OMS. Les patients ont été sélectionnés selon les étapes suivantes : - Recherche dans les bases de données allemandes HIT-MED et HIT-REZ pour les cas entre 2001 et 2021 ; - Consultation des archives locales du département de neuropathologie et de neurochirurgie du Centre médical universitaire de Hambourg ; - Collaboration avec l’équipe de recherche autrichienne (J. Gojo, N. Stepien) pour obtenir les données de la cohorte de Vienne ; - Inclusion des patients de l’étude publiée par Ramaswamy et al. en 2016.

2. Analyse de la méthylation de l’ADN et classification moléculaire

L’équipe de recherche a analysé les profils de méthylation de l’ADN des échantillons tumoraux en utilisant la puce Illumina Human Methylation EPIC BeadChip, et a examiné les variations du nombre de copies à l’aide du logiciel Conumee. Les tumeurs ont été classées en sous-types moléculaires selon le classificateur des tumeurs cérébrales de Heidelberg (version 12.5). Les sous-types moléculaires identifiés sont les suivants : - PF-EPN-A (épendymome de la fosse postérieure de type A) : 177 cas ; - ST-EPN-ZFTA (épendymome sus-tentoriel avec fusion ZFTA) : 45 cas ; - PF-EPN-B (épendymome de la fosse postérieure de type B) : 31 cas ; - PF-EPN-SE (épendymome sous-épendymaire de la fosse postérieure) : 12 cas ; - ST-EPN-YAP (épendymome sus-tentoriel avec fusion YAP) : 4 cas.

3. Analyse des modèles de récidive

L’équipe de recherche a analysé le moment et la localisation de la première récidive selon les sous-types moléculaires. Les résultats montrent : - Pour le PF-EPN-A, le temps médian jusqu’à la récidive était de 1,9 an, avec une récidive principalement localisée au lit tumoral initial (71,6 %), mais 30 % des récidives impliquaient la région sus-tentorielle et 40 % la moelle épinière ; - Pour le PF-EPN-B, le temps médian jusqu’à la récidive était de 4,3 ans, avec 35,5 % de récidives à distance, dont 72,7 % impliquant la moelle épinière ; - Pour le ST-EPN-ZFTA, le temps médian jusqu’à la récidive était de 2,4 ans, avec 66,7 % des récidives limitées au lit tumoral initial et 33,3 % à distance ; - Pour le ST-EPN-YAP et le PF-EPN-SE, les récidives étaient limitées au lit tumoral initial, sans métastases à distance observées.

4. Analyse de la survie après récidive

L’équipe de recherche a également analysé le taux de survie après récidive (PRS) selon les sous-types moléculaires : - Pour le PF-EPN-A et le ST-EPN-ZFTA, le PRS à 5 ans était respectivement de 44,5 % et 47,8 %, avec une baisse significative à 10 ans ; - Pour le PF-EPN-B et le PF-EPN-SE, le PRS à 5 ans était respectivement de 89,5 % et 90,0 %, mais celui du PF-EPN-B chutait à 45,8 % à 10 ans ; - Pour le ST-EPN-YAP et le PF-EPN-SE, le taux de survie après récidive était élevé, sans cas de décès à long terme observé.

5. Relation entre le traitement et les modèles de récidive

L’équipe de recherche a également examiné l’impact du traitement postopératoire sur les modèles de récidive. Les résultats montrent qu’il n’y a pas de lien significatif entre le champ de radiothérapie (radiothérapie locale vs. craniospinale) et les modèles de récidive ou l’implication de la moelle épinière. Il est à noter que tous les patients atteints de ST-EPN-YAP ont été sauvés avec succès par radiothérapie après récidive, tandis que la plupart des patients atteints de PF-EPN-SE n’ont pas reçu de radiothérapie postopératoire.

Conclusions et implications

Cette étude est la première à révéler systématiquement les modèles de récidive des épendymomes selon leurs sous-types moléculaires et leur impact sur la survie des patients. Les résultats montrent que les PF-EPN-A, PF-EPN-B et ST-EPN-ZFTA sont plus susceptibles de développer des métastases à distance, en particulier dans la moelle épinière, tandis que les récidives des ST-EPN-YAP et PF-EPN-SE sont limitées au lit tumoral initial. Ces découvertes fournissent une base importante pour les futurs essais cliniques et les stratégies de traitement personnalisé.

En outre, l’étude souligne l’importance d’un suivi à long terme, en particulier pour les patients atteints de PF-EPN-B, dont le risque de récidive peut s’étendre jusqu’à 30 ans. L’équipe de recherche recommande une IRM rachidienne complète lors de la récidive pour assurer un bilan précis.

Points forts de l’étude

  1. Première analyse systématique des modèles de récidive des épendymomes selon les sous-types moléculaires, révélant un taux élevé de métastases spinales pour les PF-EPN-B et PF-EPN-A ;
  2. Inclusion de données de suivi à long terme, mettant en évidence le risque de récidive tardive pour les patients atteints de PF-EPN-B ;
  3. Fournit une base scientifique pour les stratégies de traitement et de suivi personnalisées, en particulier pour les patients atteints de ST-EPN-YAP et PF-EPN-SE, où une désescalade de la radiothérapie postopératoire pourrait être envisagée.

Valeur de l’étude

Cette étude approfondit la compréhension du comportement biologique des épendymomes et fournit des orientations cruciales pour les cliniciens en matière de traitement et de suivi. En combinant la classification moléculaire et les modèles de récidive, il sera possible à l’avenir de concevoir des stratégies thérapeutiques plus précises, améliorant ainsi la survie et la qualité de vie des patients.