Effet de l'immunosuppression sur le risque de développer des symptômes généralisés dans la myasthénie grave oculaire

Effet de l’immunosuppression sur le risque de généralisation de la myasthénie oculaire

Contexte

La myasthénie oculaire (Ocular Myasthenia Gravis, OMG) est une manifestation précoce et locale de la myasthénie grave (MG), de nombreux patients présentant initialement des symptômes oculaires tels que la ptose fatigable et la diplopie. Environ 85 % des patients atteints de MG présentent initialement des symptômes oculaires. Cependant, les études montrent que la MG n’est pas limitée localement, jusqu’à 50 %-80 % des patients se généralisant en myasthénie grave généralisée (Generalized Myasthenia Gravis, GMG) dans les deux premières années de la maladie. Certains facteurs, tels que l’âge de début, le sexe, la gravité des symptômes, la stimulation nerveuse répétée anormale, les anticorps anti-récepteurs de l’acétylcholine (Acetylcholine Receptor Antibody, AChR Ab) positifs et l’hyperplasie thymique, sont associés à la généralisation. Cependant, ces associations varient selon les études.

Des études prospectives à petite échelle et des études rétrospectives suggèrent que l’utilisation précoce des glucocorticoïdes pourrait prévenir la généralisation de l’OMG, mais en raison du manque de preuves de haute qualité, cette opinion est contestée. Deux essais contrôlés randomisés n’ont pas fourni de preuves suffisantes en raison de diverses limitations. Des méthodes statistiques telles que le score de propension (Propensity Score, PS) peuvent réduire efficacement les facteurs de confusion et les biais de traitement dans les études observationnelles, comblant ainsi cette lacune dans les connaissances.

Source de l’article

Cette étude a été réalisée par une équipe de médecins dirigée par Deepak Menon, Mohammed Alharbi, Hans D. Katzberg, Vera Bril, Meg G. Mendoza et Carolina Barnett-Tapia. Les auteurs sont affiliés à l’Institut National de la Santé Mentale et des Neurosciences de Bangalore en Inde (National Institute of Mental Health and Neuro Sciences, Bangalore) et au Centre de maladies neuromusculaires Prosserman du Réseau de Santé de l’Université de Toronto, au Canada (University Health Network). Cet article a été publié dans la revue Neurology le 27 août 2024, numéro d’article e209722.

Processus de recherche

L’étude comprenait une série de procédures et de méthodes, détaillées comme suit :

Étapes détaillées du processus

a) Sujets de l’étude et collecte de données : Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective, incluant tous les patients atteints d’OMG ayant visité le Centre de maladies neuromusculaires Prosserman de Toronto entre 2015 et 2020, avec un suivi d’au moins six mois. Sur les 186 patients, 154 ont finalement été retenus. Les critères de diagnostic de l’OMG comprenaient la ptose fatigable et/ou la diplopie sans autres symptômes de faiblesse musculaire généralisée, et remplissant au moins une des conditions suivantes : test de stimulation nerveuse répétée anormal, examen électrophysiologique anormal ou anticorps anti-acétylcholine positifs. Les données recueillies comprenaient l’âge des patients, le sexe, l’âge d’apparition des symptômes, le statut des anticorps, l’état thymique, le temps de généralisation, la durée du suivi et la gravité de la MG lors du dernier suivi.

b) Analyse des données et appariement : L’analyse des données a été réalisée avec SPSS version 2020 et R version 3.5.1. Pour combler les données manquantes, le package “MICE” a été utilisé pour des imputation multiples, créant 20 ensembles de données imputés. Nous avons également utilisé un modèle de score de propension pour éliminer le biais de choix de traitement dans les études observationnelles à travers des méthodes d’appariement de variables. De plus, le modèle de risques proportionnels de Cox a été utilisé pour estimer le risque de généralisation.

c) Résultats principaux : Sur une période de suivi moyenne de 87,4 ± 73 mois, 43 des 154 patients (28 %) ont montré une généralisation. Les patients n’ayant pas reçu de traitement par glucocorticoïdes avaient une proportion plus élevée d’anticorps anti-récepteurs d’acétylcholine positifs et étaient principalement des hommes. L’ensemble de données appariées a montré que le risque de généralisation était significativement réduit chez les patients traités par glucocorticoïdes (HR 0.43, 95 % CI 0.19-1.06). Dans l’ensemble de données non appariées, le HR était de 0.46 (95 % CI 0.21-0.89).

Soutien des données et résultats réels

  1. Rapport de risque de temps à la généralisation : Les données appariées montrent que les patients recevant un traitement immunosuppresseur avaient un risque de généralisation plus faible, avec un HR de 0.30 (95 % CI 0.11-0.77).
  2. Analyse pondérée par le temps des ensembles de données non appariés montre des résultats similaires, confirmant l’efficacité du traitement immunosuppresseur.

Conclusion

L’étude a conclu que l’utilisation de glucocorticoïdes et d’immunosuppresseurs non glucocorticoïdes réduit significativement le risque de généralisation de l’OMG vers la GMG. L’étude démontre que l’intervention précoce et l’utilisation rapide de traitements immunosuppresseurs ont une valeur clinique importante.

Points forts de l’étude

  • Découverte importante : Confirme l’efficacité du traitement immunosuppresseur dans le contrôle de la généralisation de l’OMG, fournissant une référence importante pour la pratique clinique.
  • Méthode de balance statistique : Utilisation de l’appariement PS, réduisant au maximum le biais de l’étude et augmentant la fiabilité des résultats.
  • Modèle pondéré par le temps : Évaluation plus précise de l’effet du traitement grâce aux modèles pondérés par le temps et dépendants du temps, rendant les résultats plus crédibles.

Signification de l’étude

Cette étude utilise des données à grande échelle et diverses méthodes d’analyse statistique pour combler les lacunes dans le traitement de l’OMG, soulignant l’importance du traitement immunosuppresseur précoce dans le contrôle de l’évolution de la maladie et la réduction de la généralisation des symptômes. Elle fournit une base décisionnelle importante pour les cliniciens. De plus, l’utilisation de l’appariement de variables et de modèles dépendants du temps dans la conception de l’étude offre également un modèle de référence pour les futures recherches cliniques.