Précision diagnostique et valeur de la PET/MRI ciblée CXCR4 utilisant le 68Ga-Pentixafor pour la localisation tumorale dans la maladie de Cushing
Précision diagnostique et valeur de la PET/MRI ciblant CXCR4 utilisant le 68Ga-Pentixafor pour la localisation tumorale dans la maladie de Cushing
Contexte académique
La maladie de Cushing est la principale étiologie du syndrome de Cushing, caractérisée par une sécrétion excessive d’hormone adrénocorticotrope (ACTH) par l’hypophyse, généralement due à un adénome hypophysaire. Les patients souffrent d’hypercortisolémie chronique, ce qui entraîne diverses complications systémiques, notamment métaboliques, cardiovasculaires, immunologiques et infectieuses, augmentant significativement la mortalité. Actuellement, la chirurgie endoscopique transsphénoïdale est le traitement de choix pour la maladie de Cushing, mais 20 à 30 % des patients présentent une hypercortisolémie persistante (non-rémission) après l’intervention, principalement en raison d’une résection tumorale incomplète. Une localisation précise de la tumeur avant la chirurgie peut améliorer les résultats opératoires, mais la localisation des tumeurs dans la maladie de Cushing reste un défi diagnostique, car la majorité (>70 %) des tumeurs hypophysaires sécrétant de l’ACTH sont des microadénomes (,0 cm), et 25 à 45 % de ces tumeurs ne sont pas détectables par IRM. De plus, les signaux IRM anormaux dans le contexte hypophysaire ne représentent pas nécessairement des adénomes fonctionnels, ce qui peut entraîner des erreurs d’interprétation lors de la neurochirurgie.
Récemment, le récepteur de chimiokine de type 4 C-X-C (CXCR4) a joué un rôle clé dans la régulation neuroimmunologique des fonctions physiologiques de l’hypophyse antérieure. La surexpression de CXCR4 et de son ligand favorise la prolifération autocrine/paracrine des cellules tumorales hypophysaires, contribuant potentiellement à la pathogenèse des adénomes. La forte expression de CXCR4 dans les tumeurs hypophysaires sécrétant de l’ACTH suggère son potentiel en tant que marqueur d’imagerie moléculaire. Le 68Ga-Pentixafor, un pentapeptide cyclique ayant une forte affinité pour CXCR4, s’est avéré être un traceur PET approprié pour les tumeurs neuroendocrines, y compris les adénomes surrénaliens. Cette étude vise à évaluer la précision diagnostique et la valeur de la PET/MRI au 68Ga-Pentixafor dans la localisation des tumeurs hypophysaires sécrétant de l’ACTH dans la maladie de Cushing.
Source de l’article
Cet article a été rédigé par Yue Wu, Yanfei Wu, Boyuan Yao et al., provenant de divers départements de l’hôpital Huashan de l’université Fudan, notamment les départements de radiologie, de neurochirurgie et de médecine nucléaire. L’article a été publié en décembre 2024 dans la revue Radiology, sous le titre “Diagnostic Accuracy and Value of CXCR4-Targeted PET/MRI Using 68Ga-Pentixafor for Tumor Localization in Cushing Disease”.
Processus et résultats de l’étude
Processus de l’étude
Il s’agit d’une étude prospective monocentrique incluant des patients atteints de la maladie de Cushing programmés pour une résection chirurgicale de tumeurs hypophysaires entre mars 2023 et février 2024. Tous les participants ont subi une PET/MRI au 68Ga-Pentixafor et une IRM avec contraste avant l’opération. Deux radiologues et médecins nucléaires ont analysé les images, les résultats chirurgicaux et histologiques servant de référence. La performance diagnostique a été comparée à l’aide du test de McNemar, et le test des rangs signés de Wilcoxon a été utilisé pour comparer la valeur maximale de captation standardisée (SUVmax) entre la tumeur et l’hypophyse normale. La corrélation entre la SUVmax et les caractéristiques histopathologiques ou hormonales a été analysée à l’aide du coefficient de Spearman et de tests de régression logistique.
Principaux résultats
L’étude a inclus 43 participants (âge médian de 37 ans, 35 femmes), avec 44 lésions hypophysaires identifiées par imagerie, dont 41 ont été confirmées comme sécrétant de l’ACTH. La sensibilité et la précision diagnostique de la PET/MRI au 68Ga-Pentixafor étaient respectivement de 92,7 % (38⁄41 lésions) et 88,6 % (39⁄44 lésions), supérieures à celles de l’IRM avec contraste (78,0 % [32⁄41 lésions] et 77,3 % [34⁄44 lésions]). La combinaison des deux techniques a augmenté la sensibilité à 100 % (41⁄41 lésions) et la précision à 95,5 % (42⁄44 lésions). Les tumeurs hypophysaires sécrétant de l’ACTH présentaient une SUVmax significativement plus élevée que l’hypophyse normale (3,9 vs 1,3, p < 0,001), et la SUVmax était positivement corrélée au score H de CXCR4 (r = 0,5, p < 0,001) et aux niveaux d’ACTH (r = 0,4, p = 0,01).
Conclusion
La PET/MRI au 68Ga-Pentixafor a démontré une sensibilité élevée dans la localisation des tumeurs hypophysaires sécrétant de l’ACTH, et la captation du 68Ga-Pentixafor était associée à l’expression de CXCR4 et aux niveaux d’ACTH. Cette technique pourrait améliorer les stratégies chirurgicales et les taux de rémission chez les patients atteints de la maladie de Cushing, en particulier dans les cas où l’IRM est négative.
Points forts de l’étude
- Haute sensibilité : La PET/MRI au 68Ga-Pentixafor a montré une sensibilité de 92,7 % dans la localisation des tumeurs hypophysaires sécrétant de l’ACTH, atteignant 100 % lorsqu’elle est combinée à l’IRM avec contraste.
- Distinction entre tumeur et tissu normal : La SUVmax des tumeurs sécrétant de l’ACTH était significativement plus élevée que celle de l’hypophyse normale, indiquant que cette technique peut efficacement distinguer la tumeur du tissu normal.
- Corrélation avec l’expression de CXCR4 : La SUVmax était positivement corrélée à l’expression de CXCR4, suggérant que la PET/MRI au 68Ga-Pentixafor peut refléter les caractéristiques moléculaires de la tumeur.
- Valeur clinique : Cette technique pourrait améliorer les stratégies chirurgicales chez les patients atteints de la maladie de Cushing, en particulier dans les cas où l’IRM est négative, permettant une localisation plus précise de la tumeur et augmentant les taux de réussite chirurgicale et de rémission des patients.
Signification et valeur de l’étude
Cette étude est la première à évaluer systématiquement la valeur diagnostique de la PET/MRI au 68Ga-Pentixafor dans la maladie de Cushing, démontrant sa haute sensibilité et précision dans la localisation des tumeurs hypophysaires sécrétant de l’ACTH. Cette technique permet non seulement de localiser plus précisément les tumeurs, mais aussi de refléter les caractéristiques moléculaires de la tumeur via la SUVmax, offrant ainsi des bases pour un traitement personnalisé. En particulier dans les cas où l’IRM est négative, l’utilisation de la PET/MRI au 68Ga-Pentixafor pourrait réduire la nécessité d’une chirurgie exploratoire, améliorant ainsi les taux de réussite chirurgicale et la qualité de vie des patients. Des recherches futures pourraient valider l’applicabilité de cette technique dans des cohortes plus larges et hétérogènes de patients atteints de la maladie de Cushing, et explorer son potentiel dans la distinction entre la sécrétion centrale et périphérique d’ACTH.
Autres informations utiles
Les limites de cette étude incluent un échantillon relativement petit, entraînant une incertitude statistique, et l’absence de participants sains ou atteints d’autres types de tumeurs hypophysaires comme témoins. Des recherches futures pourraient élargir l’échantillon pour valider davantage les performances diagnostiques et la valeur applicative de cette technique.