Résultats à long terme de la stratégie de radiothérapie accélérée hyperfractionnée de Milan pour le médulloblastome à haut risque, y compris l'impact du sous-type moléculaire

Résultats à long terme du traitement des médulloblastomes à haut risque

Contexte

Le médulloblastome (Medulloblastoma) est l’une des tumeurs cérébrales malignes les plus fréquentes chez les enfants. Bien que les traitements aient progressé ces dernières années, le pronostic des patients atteints de médulloblastomes à haut risque reste sombre. Les médulloblastomes à haut risque incluent généralement des patients présentant des lésions métastatiques, des mutations TP53, des amplifications des gènes MYC/MYCN ou des sous-types histologiques à grandes cellules/anaplasiques (LC/A). Les stratégies de traitement pour ces patients sont complexes, et les taux de survie à long terme sont faibles. Par conséquent, la recherche de traitements plus efficaces pour améliorer le pronostic de ces patients est un axe de recherche majeur en neuro-oncologie.

Cette étude, dirigée par Maura Massimino et son équipe de la Fondazione IRCCS Istituto Nazionale dei Tumori en Italie, vise à évaluer l’efficacité à long terme d’une stratégie thérapeutique appelée “Stratégie de Milan” (Milano Strategy), qui combine une chimiothérapie à haute dose avec une radiothérapie accélérée hyperfractionnée (Hyperfractionated Accelerated Radiotherapy, HART) chez des patients atteints de médulloblastomes à haut risque. L’étude se concentre particulièrement sur l’impact des sous-types moléculaires sur le pronostic, notamment le sous-type Sonic Hedgehog (SHH).

Source de l’article

Cette étude est dirigée par Maura Massimino et son équipe de la Fondazione IRCCS Istituto Nazionale dei Tumori en Italie, en collaboration avec d’autres institutions telles que le Princess Máxima Center aux Pays-Bas et le Hopp Children’s Cancer Center en Allemagne. L’article a été publié en ligne le 27 septembre 2024 dans la revue Neuro-Oncology, avec le DOI 10.1093/neuonc/noae189.

Méthodologie et résultats

Méthodologie

  1. Inclusion des patients et stratégie thérapeutique
    L’étude a inclus 89 patients atteints de médulloblastomes à haut risque traités à la Fondazione IRCCS Istituto Nazionale dei Tumori entre 1998 et 2021. Tous les patients ont subi une résection chirurgicale de la tumeur, suivie d’une stadification et d’une analyse histo-biologique. Le protocole de traitement comprenait une chimiothérapie séquentielle à haute dose (HD-MTX, HD-VP16, HD-Cyclo, HD-Carbo) et une radiothérapie accélérée hyperfractionnée (HART). La dose de radiothérapie était ajustée en fonction de l’âge du patient et de la réponse à la chimiothérapie : les patients de moins de 10 ans ayant atteint une réponse complète (CR) ou partielle (PR) recevaient une dose de 31,2 Gy, tandis que les autres patients recevaient 39 Gy. Une dose supplémentaire de 9 Gy était administrée pour les lésions résiduelles de la fosse postérieure ou les métastases.

  2. Analyse des sous-types moléculaires
    L’étude a analysé les sous-types moléculaires dans 66 échantillons tumoraux, révélant 15 cas de sous-type SHH, 15 cas de Groupe 3 et 29 cas de Groupe 4. Parmi les patients SHH, deux présentaient des mutations TP53.

  3. Suivi à long terme et analyse statistique
    Les patients ont été suivis pendant une médiane de 136 mois, avec une évaluation des taux de survie globale (OS) et de survie sans événement (EFS). Les courbes de survie ont été établies selon la méthode de Kaplan-Meier, et une analyse multivariée a été réalisée à l’aide du modèle de risques proportionnels de Cox pour évaluer l’impact de facteurs tels que l’âge, les sous-types moléculaires, et la réponse à la chimiothérapie et à la radiothérapie.

Résultats principaux

  1. Taux de survie
    Les taux de survie globale (OS) à 5 et 15 ans étaient respectivement de 75,9 % et 66,5 %, tandis que les taux de survie sans événement (EFS) étaient de 68,2 % et 65,3 %. Les patients du sous-type SHH avaient le pronostic le plus sombre, avec un EFS à 15 ans de 45,7 %, significativement inférieur à celui des patients des Groupes 3 et 4 (69,8 %).

  2. Réponse à la chimiothérapie et à la radiothérapie
    La réponse à la chimiothérapie et à la radiothérapie était significativement corrélée au pronostic. Les patients dont la maladie progressait après la chimiothérapie (PD) ou qui présentaient une maladie stable (SD) ou une progression (PD) après la radiothérapie avaient un pronostic plus sombre (p < 0,001).

  3. Ajustement des doses de radiothérapie
    Chez les patients de moins de 10 ans, 31 patients ont reçu une dose réduite de radiothérapie (31,2 Gy) en fonction de leur réponse à la chimiothérapie, sans impact négatif sur leur survie.

Conclusions et implications

Cette étude confirme l’efficacité à long terme de la “Stratégie de Milan” chez les patients atteints de médulloblastomes à haut risque, en particulier pour le sous-type SHH, dont le pronostic reste sombre mais pourrait être amélioré par une optimisation des stratégies de chimiothérapie et de radiothérapie. L’étude montre également que l’ajustement des doses de radiothérapie en fonction de la réponse à la chimiothérapie est réalisable sans compromettre la survie à long terme. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour le traitement des médulloblastomes à haut risque et fournissent des références importantes pour la conception des futurs essais cliniques.

Points forts de l’étude

  1. Données de suivi à long terme
    L’étude fournit des données de suivi à long terme avec une médiane de 136 mois, offrant une base solide pour l’évaluation du pronostic à long terme des médulloblastomes à haut risque.

  2. Analyse des sous-types moléculaires
    L’étude est la première à analyser systématiquement l’impact des sous-types moléculaires sur le pronostic des médulloblastomes à haut risque, en particulier le sous-type SHH.

  3. Ajustement des doses de radiothérapie
    L’étude confirme la faisabilité de l’ajustement des doses de radiothérapie en fonction de la réponse à la chimiothérapie, offrant une base pour réduire les effets secondaires liés à la radiothérapie.

Autres informations pertinentes

L’étude rapporte également que 20 % des survivants à long terme ont développé des tumeurs secondaires, dont trois cas mortels. Cette observation souligne que, bien que le traitement améliore les taux de survie, le risque de tumeurs secondaires doit être surveillé lors du suivi à long terme.