Signatures pronostiques contemporaines et stratification affinée des risques des gliomes : une analyse de 4400 tumeurs

Classification moléculaire et analyse des caractéristiques pronostiques des gliomes

Introduction

Les gliomes sont les tumeurs cérébrales malignes les plus courantes chez l’adulte, et leur classification, stratification des risques et normes de soins ont subi des changements significatifs ces dernières années. Avec l’introduction de marqueurs moléculaires, la classification des gliomes est passée d’une classification histopathologique traditionnelle à une classification moléculaire. Cette transition a non seulement amélioré la précision de la prédiction du comportement des tumeurs, mais a également fourni de nouvelles bases pour le choix des traitements et l’évaluation du pronostic des patients. Cependant, malgré l’importance de la classification moléculaire dans le diagnostic et le traitement des gliomes, les études systématiques sur les taux de survie et les caractéristiques pronostiques des patients atteints de différents sous-types moléculaires de gliomes restent limitées.

Pour combler cette lacune, des scientifiques de plusieurs institutions de recherche ont mené une étude à grande échelle visant à évaluer les tendances de survie des patients atteints de gliomes en intégrant des données moléculaires et cliniques, et à identifier les caractéristiques moléculaires associées au pronostic. Cette étude fournit non seulement de nouvelles perspectives sur la classification moléculaire des gliomes, mais offre également des outils pronostiques pratiques pour les cliniciens.

Source de l’article

Cet article a été rédigé par des scientifiques de plusieurs institutions de recherche renommées, notamment le Brigham and Women’s Hospital de la Harvard Medical School, le Dana-Farber Cancer Institute et le Broad Institute of Harvard and MIT. Les auteurs principaux incluent Hia S. Ghosh, Ruchit V. Patel et Wenya Linda Bi, entre autres. L’étude a été publiée en avance le 21 août 2024 dans la revue Neuro-Oncology, sous le titre “Contemporary Prognostic Signatures and Refined Risk Stratification of Gliomas: An Analysis of 4400 Tumors”.

Méthodologie et résultats

1. Collecte et classification des sujets de l’étude

L’équipe de recherche a collecté des données provenant de 4400 patients diagnostiqués avec un gliome par histopathologie, à partir de trois ensembles de données : le Dana-Farber Cancer Institute/Brigham and Women’s Hospital (DFCI/BWH), le Project Genomics Evidence Neoplasia Information Exchange (GENIE) et The Cancer Genome Atlas (TCGA). L’âge médian des patients était de 52 ans, avec une fourchette allant de 0 à 94 ans. Selon les critères de classification moléculaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2021, ces gliomes ont été divisés en cinq sous-groupes : glioblastome (glioblastoma), astrocytome muté IDH1/2 (astrocytoma), oligodendrogliome muté IDH1/2 (oligodendroglioma), gliome de type pédiatrique (pediatric-type glioma) et autres gliomes IDH1/2 de type sauvage (other IDH1/2-wild-type gliomas).

2. Révision des diagnostics histopathologiques par la classification moléculaire

L’étude a révélé que la classification moléculaire a significativement révisé 27,2 % des diagnostics histopathologiques initiaux des gliomes. Par exemple, 87,4 % des glioblastomes classés moléculairement correspondaient à leur diagnostic initial, tandis que les astrocytomes mutés IDH1/2 présentaient une hétérogénéité importante dans leur diagnostic initial, avec seulement 55,0 % des cas initialement diagnostiqués comme astrocytomes et 24,8 % comme glioblastomes. En revanche, les oligodendrogliomes mutés IDH1/2 présentaient une concordance plus élevée avec leur diagnostic initial, 84,8 % des cas ayant été initialement diagnostiqués comme oligodendrogliomes.

3. Distribution des caractéristiques moléculaires et analyse pronostique

L’équipe de recherche a également analysé la distribution des caractéristiques moléculaires dans les différents sous-types de gliomes. Les résultats ont montré que les altérations moléculaires les plus courantes dans les glioblastomes incluaient un gain du chromosome 7 et une perte du chromosome 10 (7+/10-), tandis que les amplifications d’EGFR étaient rares dans les astrocytomes mutés IDH1/2, mais plus fréquentes dans les tumeurs de haut grade. De plus, l’étude a révélé que les altérations moléculaires dans les voies de tumorigenèse étaient souvent mutuellement exclusives, par exemple, les altérations d’EGFR et de PDGFRA, MET et d’autres récepteurs tyrosine kinase (RTK) coexistaient rarement.

4. Analyse de la survie

L’équipe de recherche a comparé les taux de survie des patients non-TCGA à ceux des patients TCGA. Les résultats ont montré que la survie globale des patients non-TCGA était significativement plus élevée que celle des patients TCGA. Plus précisément, la survie médiane des patients atteints de glioblastome non-TCGA était de 19,0 mois, soit 26,7 % de plus que les 15,0 mois des patients TCGA. Les taux de survie des patients atteints d’astrocytomes mutés IDH1/2 et d’oligodendrogliomes non-TCGA étaient encore plus élevés, dépassant respectivement de 55,6 % et 127,8 % ceux des patients TCGA.

5. Identification des caractéristiques pronostiques

Grâce à une analyse multivariée, l’équipe de recherche a identifié plusieurs caractéristiques moléculaires associées au pronostic. Par exemple, dans les glioblastomes, les altérations de NF1 et les pertes de 21q étaient associées à un pronostic plus défavorable, tandis que les amplifications d’EGFR et les pertes de 22q dans les astrocytomes mutés IDH1/2 montraient un impact négatif sur le pronostic. De plus, l’étude a révélé que les délétions hétérozygotes de CDKN2A/B avaient un impact pronostique similaire à celui des délétions homozygotes, suggérant que même une perte partielle de CDKN2A/B a une valeur pronostique.

Conclusions et implications

Cette étude, en intégrant des données moléculaires et cliniques à grande échelle, fournit de nouvelles perspectives sur la classification moléculaire et l’évaluation pronostique des gliomes. Les résultats montrent que la classification moléculaire peut non seulement réviser les diagnostics histopathologiques traditionnels, mais aussi identifier des caractéristiques moléculaires étroitement liées à la survie des patients. Ces découvertes offrent des outils pronostiques pratiques pour les cliniciens et fournissent une référence importante pour les futurs essais cliniques et les stratégies de traitement personnalisées.

Points forts de l’étude

  1. Révision par la classification moléculaire : L’étude montre que la classification moléculaire a révisé plus de 25 % des diagnostics histopathologiques initiaux des gliomes, soulignant l’importance des marqueurs moléculaires dans la classification des gliomes.
  2. Amélioration significative de la survie : La survie des patients non-TCGA était significativement plus élevée que celle des patients TCGA, démontrant l’impact positif des avancées modernes en matière de traitement et de diagnostic moléculaire sur le pronostic des patients.
  3. Identification des caractéristiques pronostiques : L’étude a identifié plusieurs caractéristiques moléculaires associées au pronostic, telles que les altérations de NF1 et les amplifications d’EGFR, fournissant de nouvelles bases pour l’évaluation clinique du pronostic.

Autres informations utiles

L’étude a également révélé que l’âge avait un impact significatif sur le pronostic des patients atteints de gliomes, les patients plus âgés ayant généralement des taux de survie plus faibles. De plus, le statut de méthylation du promoteur MGMT était similaire dans différents groupes d’âge, mais chez les patients plus âgés atteints de gliomes mutés IDH1/2, le taux de méthylation de MGMT était significativement plus élevé que chez les patients plus jeunes, suggérant que les patients âgés pourraient avoir un sous-type de gliome biologiquement plus favorable.

Cette étude fournit non seulement de nouvelles perspectives sur la classification moléculaire et l’évaluation pronostique des gliomes, mais jette également les bases pour les futures recherches cliniques et les stratégies de traitement personnalisées.