Dynamique du liquide céphalo-rachidien et occlusion de l'espace sous-arachnoïdien suite à une lésion médullaire traumatique chez le porc : une étude utilisant l'imagerie par résonance magnétique
Étude sur la dynamique du liquide céphalo-rachidien après une lésion médullaire traumatique dans un modèle porcin
Contexte
La lésion médullaire traumatique (Traumatic Spinal Cord Injury, SCI) est une maladie neurologique grave qui entraîne souvent des déficits neurologiques permanents. Bien que les scientifiques aient travaillé pendant des années pour développer des traitements, les progrès thérapeutiques restent limités en raison de la complexité des mécanismes physiopathologiques et de l’hétérogénéité des lésions. Après une lésion médullaire, le gonflement de la moelle épinière et l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien (Subarachnoid Space, SAS) sont des phénomènes pathologiques courants, pouvant entraîner une compression médullaire et une réduction de la perfusion sanguine. La décompression chirurgicale rapide est considérée comme essentielle pour améliorer la récupération neurologique, mais tous les patients ne parviennent pas à rétablir complètement la perméabilité de l’espace sous-arachnoïdien. Ainsi, la surveillance de l’efficacité de la décompression et des changements pathologiques après une lésion médullaire devient une question cruciale dans la gestion clinique.
Les changements dans la dynamique du liquide céphalo-rachidien (Cerebrospinal Fluid, CSF) pourraient être étroitement liés aux processus pathologiques après une lésion médullaire. Le flux pulsatile du CSF est régulé par les systèmes cardiovasculaire et respiratoire dans un état sain, mais après une lésion médullaire, ce flux pourrait être altéré. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique (Magnetic Resonance Imaging, MRI), en particulier l’IRM de contraste de phase (Phase-Contrast MRI, PC-MRI), il est possible de surveiller de manière non invasive les caractéristiques du flux du CSF, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur les changements pathologiques après une lésion médullaire.
Source de l’article
Cet article a été rédigé par Madeleine Amy Bessen et son équipe, provenant de plusieurs institutions de recherche de l’Université d’Adélaïde (University of Adelaide) en Australie, notamment le groupe de recherche sur la colonne vertébrale d’Adélaïde et le laboratoire de neuropathologie. L’article a été publié en 2025 dans la revue Fluids and Barriers of the CNS sous le titre Fluids and Barriers of the CNS (2025) 22:6. L’étude a été financée par une subvention de recherche de base de la North American Spine Society et soutenue par le programme de formation à la recherche du gouvernement australien.
Déroulement de l’étude
1. Modèle animal et conception expérimentale
L’étude a utilisé 10 porcs femelles domestiques (pesant entre 22 et 29 kg), répartis aléatoirement en deux groupes : un groupe soumis à une lésion par chute de poids de 10 cm (n=5) et un autre à une chute de 20 cm (n=5). Tous les animaux ont subi des examens IRM avant la lésion, puis aux jours 3, 7 et 14 après la lésion. Les objectifs principaux de l’étude étaient : (1) caractériser l’étendue de l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien ; (2) étudier les changements dans la dynamique du CSF au cours des 14 jours suivant la lésion médullaire.
2. Induction de la lésion médullaire et soins postopératoires
La lésion médullaire a été induite au niveau de la vertèbre thoracique T10 à l’aide d’un dispositif de chute de poids. Après la lésion, les animaux ont reçu des soins continus pendant 24 heures, incluant des analgésiques et des antibiotiques. Aux jours 8 et 13 post-lésion, les chercheurs ont évalué la fonction motrice des membres postérieurs à l’aide de l’échelle de comportement thoracique porcine (Porcine Thoracic Behaviour Scale, PTIBS).
3. Acquisition des images IRM et analyse des données
Les examens IRM comprenaient des séquences pondérées en T2 et des IRM de contraste de phase (PC-MRI). Les images pondérées en T2 ont été utilisées pour mesurer la longueur de l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien et sa surface transversale, tandis que la PC-MRI a permis de mesurer la vitesse de pointe et le temps d’écoulement du CSF. Les données ont été analysées à l’aide de modèles linéaires à effets mixtes (Linear Mixed-Effects Models, LMM) pour évaluer l’impact du groupe de lésion et du point temporel sur l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien et la dynamique du CSF.
Résultats principaux
1. Changements dans l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien
L’étude a révélé que la longueur de l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien dans le groupe de lésion de 20 cm était significativement plus importante au jour 3 post-lésion que dans le groupe de 10 cm. Au fil du temps, la longueur de l’occlusion a diminué progressivement, tandis que la surface transversale a augmenté. Cela suggère que le gonflement de la moelle épinière diminue progressivement après la lésion, et que la perméabilité de l’espace sous-arachnoïdien se rétablit partiellement.
2. Changements dans la dynamique du CSF
Au jour 3 post-lésion, la vitesse de pointe du CSF a significativement diminué à tous les niveaux médullaires, en particulier au niveau T8/T9, où le flux pulsatile du CSF a presque disparu. Au fil du temps, la vitesse de pointe du CSF s’est progressivement rétablie, atteignant des niveaux proches de la ligne de base au jour 14 post-lésion. De plus, l’étude a montré que les changements dans la vitesse de pointe et le point temporel du CSF étaient étroitement liés à l’étendue de l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien.
3. Fonction motrice et analyse histologique
L’évaluation par PTIBS a montré que la fonction motrice des membres postérieurs était significativement plus faible dans le groupe de lésion de 20 cm que dans celui de 10 cm. L’analyse histologique a révélé que la zone de lésion médullaire était plus étendue dans le groupe de 20 cm, avec une plus grande surface de lésion.
Conclusion et signification
Cette étude a systématiquement examiné les changements dans l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien et la dynamique du CSF après une lésion médullaire traumatique dans un modèle porcin. Les résultats montrent que l’étendue de l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien est étroitement liée aux caractéristiques du flux du CSF, et que le flux pulsatile du CSF diminue significativement après la lésion mais se rétablit progressivement avec le temps. Ces découvertes offrent de nouvelles perspectives sur les mécanismes physiopathologiques après une lésion médullaire et fournissent une méthode potentielle non invasive pour surveiller les changements dans la dynamique du CSF en clinique.
Points forts de l’étude
- Méthode innovante : L’étude a combiné pour la première fois l’IRM pondérée en T2 et la PC-MRI dans un modèle porcin pour examiner systématiquement les changements dans l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien et la dynamique du CSF après une lésion médullaire.
- Signification clinique : Les résultats suggèrent que la PC-MRI peut être utilisée comme un outil non invasif pour surveiller les changements dans la dynamique du CSF après une lésion médullaire, offrant ainsi des informations précieuses pour le traitement clinique.
- Éclaircissement des mécanismes pathologiques : L’étude a révélé que le flux pulsatile du CSF est étroitement lié à l’étendue de l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien, fournissant une nouvelle perspective sur les mécanismes pathologiques après une lésion médullaire.
Autres informations pertinentes
L’étude a également montré que, bien que l’espace sous-arachnoïdien soit presque complètement occlus au jour 3 post-lésion, les caractéristiques du flux du CSF se rétablissent progressivement au jour 14, suggérant que le gonflement de la moelle épinière et l’occlusion de l’espace sous-arachnoïdien sont réversibles. Cette découverte ouvre de nouvelles pistes pour les stratégies thérapeutiques futures, telles que l’amélioration du flux du CSF pour favoriser la récupération fonctionnelle de la moelle épinière.
Cette étude fournit non seulement de nouvelles perspectives sur les mécanismes physiopathologiques après une lésion médullaire traumatique, mais elle propose également une méthode potentielle non invasive pour la surveillance et le traitement clinique.