Du chevet au laboratoire : nouvelles perspectives sur les tumeurs associées à l'épilepsie basées sur les mises à jour récentes de la classification et les modèles animaux sur les réseaux de tumeurs cérébrales
Études sur les dernières classifications et modèles animaux des tumeurs associées à l’épilepsie
Introduction
L’épilepsie est une maladie neurologique courante, et certains patients présentent des tumeurs cérébrales, en particulier des tumeurs neuroépithéliales de bas grade (low-grade neuroepithelial tumors, LGNTs). Ces tumeurs se développent généralement lentement, mais sont fortement associées à une épilepsie pharmacorésistante. Bien que les recherches sur ces tumeurs aient augmenté ces dernières années, aucun traitement spécifique antiépileptique ou antitumoral n’a encore été développé. Pour mieux comprendre la relation entre ces tumeurs et l’épilepsie, les chercheurs ont commencé à utiliser des modèles animaux pour simuler la croissance tumorale et ses interactions avec les neurones.
Cet article, rédigé par Silvia Cases-Cunillera, Lea L. Friker, Philipp Müller, Albert J. Becker et Gerrit H. Gielen, a été publié en juin 2024 dans la revue Molecular Oncology. L’équipe de recherche, issue de l’Université de Paris et de l’hôpital universitaire de Bonn en Allemagne, vise à résumer les dernières classifications tumorales et les études sur les modèles animaux afin de révéler les mécanismes moléculaires des tumeurs associées à l’épilepsie et leurs interactions avec les réseaux neuronaux.
Contenu principal de l’article
1. Classification des tumeurs associées à l’épilepsie et défis diagnostiques
Les tumeurs neuroépithéliales de bas grade (LGNTs) sont une catégorie de tumeurs fortement associées à l’épilepsie, en particulier les gangliogliomes (gangliogliomas, GGs) et les tumeurs neuroépithéliales dysembryoplasiques (dysembryoplastic neuroepithelial tumors, DNTs). Le diagnostic de ces tumeurs est difficile en raison du chevauchement important de leurs caractéristiques moléculaires. La classification 2021 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les tumeurs du système nerveux central a mis à jour les critères, en soulignant l’importance des caractéristiques moléculaires dans le diagnostic. En particulier, l’activation de la voie de signalisation MAPK est fréquente dans plusieurs LGNTs, offrant ainsi une nouvelle base pour un diagnostic précis.
2. Application des modèles animaux dans l’étude des interactions tumeur-neurone
Pour étudier les interactions entre les tumeurs et les neurones, les chercheurs ont développé divers modèles animaux. Parmi eux, les modèles de xénogreffes dérivées de patients (patient-derived xenografts, PDX) sont largement utilisés pour étudier les gliomes de haut grade (high-grade gliomas, HGGs). Ces modèles ont révélé comment les cellules tumorales peuvent provoquer des crises d’épilepsie en modifiant l’excitabilité des réseaux neuronaux. Cependant, les modèles PDX présentent des limites dans la simulation des LGNTs, en particulier en ce qui concerne l’interaction à long terme entre les tumeurs et les neurones.
3. Application de l’électroporation in utero (in utero electroporation, IUE)
Pour surmonter les limites des modèles PDX, les chercheurs ont utilisé la technique d’électroporation in utero (IUE), qui permet de simuler le développement tumoral dans le cerveau de souris. Les modèles IUE peuvent mieux simuler les interactions entre les tumeurs et les neurones, offrant un avantage significatif pour étudier les effets à long terme des tumeurs associées à l’épilepsie. Grâce à la technique IUE, les chercheurs ont réussi à créer des modèles murins reproduisant les LGNTs humains et ont révélé des interactions bidirectionnelles entre les cellules tumorales et les neurones.
4. Mécanismes moléculaires des interactions tumeur-neurone
Les études montrent que les cellules tumorales modifient l’excitabilité des réseaux neuronaux en libérant des neurotransmetteurs tels que le glutamate. De plus, l’activité neuronale influence également la croissance tumorale. Par exemple, l’activité neuronale favorise la progression des gliomes par la libération de neuroligine-3 (neuroligin-3, NGLN3). Ces découvertes offrent de nouvelles perspectives pour comprendre les mécanismes de l’épilepsie associée aux tumeurs.
5. Directions futures et potentiel thérapeutique
Bien que des progrès aient été réalisés dans la recherche sur les LGNTs, de nombreuses questions restent sans réponse. Les recherches futures devront approfondir les mécanismes d’interaction entre les tumeurs et les neurones et développer des médicaments antiépileptiques et antitumoraux ciblant ces mécanismes. En particulier, les modèles IUE offrent de nouveaux outils pour étudier le microenvironnement tumoral (tumor microenvironment, TME) et les réponses immunitaires.
Importance et valeur de l’article
Cet article, en résumant les dernières classifications tumorales et les études sur les modèles animaux, fournit une base théorique importante pour comprendre les mécanismes moléculaires des tumeurs associées à l’épilepsie et leurs interactions avec les réseaux neuronaux. L’application de la technique IUE offre de nouveaux outils pour étudier le développement tumoral et ses interactions à long terme avec les neurones. Ces résultats de recherche contribuent non seulement à élucider les mécanismes de l’épilepsie associée aux tumeurs, mais fournissent également des cibles moléculaires potentielles pour le développement de nouveaux traitements.
Points forts
- Mise à jour de la classification des tumeurs : La classification 2021 de l’OMS souligne l’importance des caractéristiques moléculaires dans le diagnostic des LGNTs, en particulier l’activation de la voie MAPK.
- Innovation dans les modèles animaux : La technique IUE offre de nouveaux outils pour étudier les interactions à long terme entre les tumeurs et les neurones.
- Révélation d’interactions bidirectionnelles : Les cellules tumorales provoquent des crises d’épilepsie en modifiant l’excitabilité des réseaux neuronaux, tandis que l’activité neuronale influence également la croissance tumorale.
- Potentiel thérapeutique futur : Les résultats de la recherche fournissent des cibles moléculaires potentielles pour le développement de nouveaux traitements contre l’épilepsie associée aux tumeurs.
Grâce à cette étude, les scientifiques ont fait un pas important dans la compréhension des tumeurs associées à l’épilepsie, ouvrant de nouvelles perspectives pour les stratégies thérapeutiques futures.