Test de protéomique plasmatique pour la sélection du traitement de première ligne dans le cancer pulmonaire non à petites cellules métastatique

Dans le microenvironnement tumoral (Tumor Microenvironment, TME), l’utilisation des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (Immune Checkpoint Inhibitors, ICIs) qui ciblent PD-1 ou PD-L1 aide à renforcer la capacité naturelle de l’organisme à éliminer les cellules cancéreuses en interrompant les interactions récepteur-ligand inhibitrices. Cependant, les essais clés montrent que même ainsi, le taux de réponse à la monothérapie est inférieur à 50%, et la durée médiane de survie sans progression (Progression-Free Survival, PFS) se situe entre 5 et 8 mois. Par conséquent, la nécessité de comprendre les interactions complexes entre les caractéristiques de la tumeur, l’influence du microenvironnement et les facteurs immunitaires rend de plus en plus importante la prise de décisions thérapeutiques personnalisées fondées sur les variations individuelles des patients et les facteurs immunitaires de l’hôte.

Ces dernières années, bien que la contribution du test de PD-L1 dans la prise de décision thérapeutique soit évidente, les différences pratiques cliniques sont énormes. Par exemple, environ 75% des patients atteints d’une tumeur à forte expression de PD-L1 reçoivent des inhibiteurs PD-1/PD-L1 seuls dans un contexte de traitement de première ligne (1L), les 25% restants optant pour une chimiothérapie combinée. Par conséquent, le score PD-L1 actuel et d’autres biomarqueurs, tels que la charge mutationnelle tumorale (Tumor Mutational Burden, TMB), ne peuvent pas fournir la valeur prédictive élevée nécessaire pour optimiser les décisions thérapeutiques sur une base individuelle. Les stratégies de traitement existantes pour le cancer du poumon non à petites cellules métastatique (mNSCLC) présentent des limites et nécessitent une méthode plus précise pour personnaliser les décisions thérapeutiques.

L’équipe de recherche dirigée par le professeur Petros Christopoulos a publié un article important intitulé “Plasma Proteome-Based Test for First-Line Treatment Selection in Metastatic Non–Small Cell Lung Cancer” dans le journal JCO Precision Oncology en 2024. Dans cet article, l’équipe de recherche a développé conjointement un algorithme d’apprentissage automatique basé sur le profil protéomique du plasma prétraité - Prophet - et l’a validé en aveugle, dans le but d’améliorer la prise de décision personnalisée dans le choix du traitement du mNSCLC. L’étude a inclus 540 patients traités initialement avec des inhibiteurs PD-1/PD-L1 et 85 patients supplémentaires traités avec une chimiothérapie, tous soumettant leurs données plasmatiques et cliniques pour prélèvement et traitement préalable. L’analyse protéomique du plasma a été réalisée avec la méthode SomaScan v4.1.

Les résultats de l’étude montrent qu’il existe une corrélation forte entre le test Prophet et le bénéfice clinique (Clinical Benefit, CB), avec une prédictibilité et une observation de CB hautement cohérentes (r2 = 0.98, p < .001), et en classifiant les patients en positifs ou négatifs à Prophet, il permet une stratification ultérieure des résultats des patients au-delà du niveau d’expression de PD-L1. Prophet a réussi à distinguer les patients négatifs à Prophet ayant de hauts niveaux de PD-L1 tumoral (≥50%) et a montré que, comparativement à l’immunothérapie seule, le résultat du groupe traité conjointement avec l’immunothérapie et la chimiothérapie était significativement supérieur à la fois en termes de survie globale (Overall Survival, OS) et de PFS (rapport de risque [Hazard Ratio, HR] de 0.23 [95% Intervalle de Confiance, CI, 0.1 à 0.51], p = .0003). À l’inverse, les données pour les patients positifs à Prophet suggèrent que l’immunothérapie seule ou la chimiothérapie combinée présente des effets comparables (HR, 0.78 [95 % CI, 0.42 à 1.44], p = .424).

La conclusion de l’article est que les tests basés sur le protéome plasmatique combinés à la détection standard de PD-L1 peuvent différencier les sous-groupes de patients ayant des résultats différents dans le traitement de base avec les inhibiteurs PD-1/PD-L1. Ces données suggèrent que cette méthode peut améliorer l’exactitude du traitement de première ligne du mNSCLC. L’étude montre que le simple test génétique sanguin peut servir de biomarqueur composite avec le test de PD-L1 tumoral pour optimiser les décisions thérapeutiques chez les patients atteints d’un cancer avancé du poumon non à petites cellules et peut réduire la toxicité induite par la chimiothérapie chez certains patients.

Les auteurs de l’article proviennent de centres multi-nationaux et multi-centriques, incluant des chercheurs issus de grands hôpitaux et institutions scientifiques d’Israël, des États-Unis, d’Allemagne et du Royaume-Uni, avec une couverture de domaines tels que la clinique, la biostatistique et la bio-informatique. L’innovation de l’étude réside non seulement dans la fourniture d’un nouveau test génétique sanguin prometteur pour la prise de décision thérapeutique mais les données montrent également que Prophet peut servir d’indicateur indépendant prédisant le bénéfice du traitement immunitaire. Ainsi, l’importance de cette recherche réside dans la réalisation de l’objectif de la médecine de précision basée sur les données de protéomique plasmatique pour assister la prise de décision thérapeutique, fournissant une base scientifique viable en clinique, et pourrait aider à améliorer le choix des schémas thérapeutiques de première ligne pour les patients atteints de mNSCLC.