Réponses spatio-temporelles aux conflits émotionnels et ses corrélats psychiatriques chez les adolescents épileptiques utilisant la magnétoencéphalographie

研究流程图

Réponse spatio-temporelle aux conflits émotionnels chez les adolescents atteints d’épilepsie et leur corrélation psychiatrique

Contexte de l’étude

Les patients épileptiques souffrent souvent de troubles mentaux comorbides tels que la dépression et l’anxiété, ces comorbidités ayant un impact négatif sur la qualité de vie des patients. La régulation émotionnelle est un processus cognitif important qui est souvent altéré chez les patients atteints de troubles mentaux, par exemple chez les patients dépressifs. Chez les patients adultes atteints d’épilepsie, la régulation émotionnelle est également difficile, en particulier dans le traitement cognitif de niveau supérieur. Cependant, la corrélation en termes de fréquence spatio-temporelle de ces déficits fonctionnels cérébraux chez les patients épileptiques, ainsi que l’expression de ces déficits chez les adolescents, n’ont pas encore été suffisamment explorées. Par conséquent, cette étude vise à utiliser la magnétoencéphalographie (MEG) pour analyser les caractéristiques spatio-temporelles du traitement des conflits émotionnels chez les adolescents atteints d’épilepsie et à corréler ces découvertes avec la gravité des symptômes d’anxiété et de dépression évaluée par des échelles d’auto-évaluation.

Source de l’étude

Les auteurs principaux de cet article de recherche sont F. Kathryn King, M. Scott Perry, Christos Papadelis et Crystal M. Cooper, provenant respectivement du Cook Children’s Health Care System, de l’University of Texas at Arlington, de la Texas Christian University School of Medicine et de l’UT Southwestern Medical Center. L’article a été publié dans la revue « Epilepsy & Behavior » le 7 juin 2024.

Processus de recherche

Participants

L’étude a inclus 53 adolescents, dont 28 patients épileptiques (14 avec épilepsie focale et 14 avec épilepsie généralisée) et 25 témoins sains. Les participants avaient entre 10 et 20 ans, avec un âge moyen de 14,62 ans (±2,63). Le diagnostic des patients épileptiques se basait sur les symptômes cliniques et la surveillance vidéo/EEG, les critères d’exclusion comprenant des troubles neurologiques ou développementaux graves.

Évaluation des symptômes psychiatriques

La sévérité des symptômes d’anxiété et de dépression des participants a été évaluée à l’aide du questionnaire sur les troubles anxieux généralisés à 7 items (GAD-7) et du questionnaire de santé du patient à 9 items (PHQ-9). Les résultats ont montré qu’il n’y avait pas de différence significative dans la sévérité des symptômes d’anxiété et de dépression entre les patients épileptiques et le groupe de contrôle sain. Cependant, la sévérité des symptômes dépressifs tendait à être plus élevée chez les patients atteints d’épilepsie focale, bien que ces différences n’aient pas atteint la signification statistique.

Tâche de conflits émotionnels

Un test de réaction aux conflits émotionnels utilisant la tâche Stroop des visages émotionnels a été réalisé, où les participants devaient réagir à l’expression émotionnelle des visages affichés, en ignorant les mots émotionnels superposés. La tâche comprenait 74 images de visages en noir et blanc présentées pendant 1000 ms, avec un intervalle de 3 à 5 secondes entre chaque essai, pour un total de 444 essais.

Acquisition et traitement des données MEG

Les données MEG ont été enregistrées à l’aide du système de capteurs 306 Neuromag® Triux couvrant toute la tête, avec une fréquence d’échantillonnage de 1 kHz. La méthode des éléments boundary element method (BEM) haute résolution spatio-temporelle a été utilisée pour calculer le modèle de tête, et l’estimation de la localisation des sources a été réalisée par une cartographie statistique paramétrique dynamique (DSPM).

Analyse des données

Les différences d’activité cérébrale au cours de la tâche de conflits émotionnels entre les jeunes épileptiques et le groupe de contrôle ont été détectées par un test de permutation basé sur des clusters. Les résultats montrent que les patients épileptiques présentent une réponse cérébrale plus lente lors des conflits émotionnels, en particulier dans la fenêtre temporelle de 500ms à 1000ms.

Résultats principaux

Performance comportementale

Au niveau comportemental, le groupe de contrôle montre un temps de réaction plus long et une précision plus faible dans les situations de conflit émotionnel, tandis que les patients épileptiques ne montrent pas cet effet d’interférence comportementale normatif dans les essais de conflit émotionnel. Des différences de comportements ont été observées entre les sous-groupes d’épilepsie : les patients atteints d’épilepsie focale présentent une interférence dans les temps de réaction, tandis que les patients atteints d’épilepsie généralisée ne montrent pas de différence comportementale significative.

Différences de réponse cérébrale

L’analyse des données MEG a révélé que les patients épileptiques montrent une activité cérébrale diminuée dans des fenêtres spatio-temporelles spécifiques (500-1000ms), principalement dans le gyrus postcentral et le cingulaire moyen gauche, le précuneus, l’hippocampe et le gyrus fusiforme gauche, ainsi que dans le cingulaire moyen droit, le cortex orbito-frontal et le cingulaire antérieur (ACC).

Analyse temps-fréquence

L’analyse des fréquences temporelles a révélé une désynchronisation liée aux événements (ERD) dans la bande bêta dans l’aire pré-sous-gyrale antérieure gauche entre 600 et 1000 ms, associée à la réponse inhibitrice aux conflits émotionnels.

Corrélation avec les symptômes psychiatriques

Une corrélation significative a été observée entre l’activité neuronale et la sévérité des symptômes psychiatriques parmi les sous-groupes épileptiques. Chez les patients atteints d’épilepsie focale, l’activité cérébrale dans la fenêtre temporelle de 500-600ms est liée aux symptômes d’anxiété et de dépression, tandis que chez les patients atteints d’épilepsie généralisée, l’activité dans la fenêtre temporelle de 600-700ms est liée aux symptômes d’anxiété.

Conclusion et signification

Cette étude révèle pour la première fois les caractéristiques spatio-temporelles et la corrélation neuronale du traitement des conflits émotionnels chez les adolescents épileptiques, mettant en évidence les différences de réponse cérébrale et de symptômes psychiatriques entre les sous-groupes épileptiques. Ces découvertes fournissent des cibles potentiellement exploitables pour la recherche et le traitement, contribuant à une meilleure compréhension et au traitement des déficits de régulation émotionnelle chez les patients épileptiques. Les recherches futures devraient prendre en compte le type d’épilepsie, le foyer, l’âge et les symptômes psychiatriques comorbides pour offrir des traitements personnalisés aux patients épileptiques.

Points forts de l’étude

  • Première utilisation de la MEG pour explorer les caractéristiques spatio-temporelles du traitement des conflits émotionnels chez les adolescents épileptiques.
  • Découverte de différences comportementales et de réponse cérébrale entre les sous-groupes épileptiques lors des tâches de conflits émotionnels.
  • Confirmation de la corrélation entre l’activité cérébrale et la sévérité des symptômes psychiatriques, offrant des cibles thérapeutiques potentielles.

Cette étude a réalisé des progrès significatifs dans la compréhension du traitement des conflits émotionnels et des mécanismes neuronaux chez les adolescents épileptiques, offrant de nouvelles directions et idées pour la recherche et le traitement futurs.