Inférence bayésienne de l'hétérogénéité tissulaire pour la prédiction individualisée de la croissance du gliome

Prédiction Personnalisée de la Croissance des Gliomes en Utilisant l’Inférence Bayésienne

Introduction

Le glioblastome est la tumeur cérébrale primitive la plus invasive, avec des cellules tumorales qui envahissent fortement les tissus environnants. Les techniques d’imagerie médicale standards ne permettant pas d’identifier avec précision ces limites diffuses, les interventions cliniques sont souvent inefficaces et le pronostic est sombre. Face à ces défis, une prédiction fiable de l’évolution spatio-temporelle de la tumeur basée sur les images médicales pourrait fournir des informations cruciales, aidant les médecins à élaborer des stratégies de traitement optimales pour chaque individu.

Ces dernières années, plusieurs modèles biophysiques de la croissance tumorale ont été développés et calibrés à partir de mesures d’imagerie non invasive, avec pour objectif de prévoir l’évolution future des tumeurs et les résultats des traitements. Toutefois, pour prédire l’évolution de la tumeur, il faut résoudre deux défis essentiels : quantifier l’incertitude dans les prédictions du modèle pour améliorer les effets des traitements individuels, et caractériser l’hétérogénéité spatiale de la tumeur et des tissus hôtes, ce qui influence fortement la conception des traitements.

Contexte et Motivation de l’Étude

La principale motivation de cette étude est d’introduire un cadre bayésien pour relever ces deux défis, en calibrant les distributions paramétriques des modèles de croissance tumorale et en validant leur efficacité à l’aide des données IRM. Le cadre bayésien utilise la segmentation des atlas de la matière grise et de la matière blanche du cerveau pour établir des informations a priori spécifiques à chaque individu et ajuste la dépendance spatiale des paramètres du modèle. Cette étude est basée sur les données IRM quantitatives de quatre rats Wistar, en calibrant les paramètres tumoraux à un stade précoce et en prédisant l’évolution spatiale des tumeurs à un stade ultérieur.

Sources de l’Étude

Cette étude a été rédigée par Baoshan Liang, Jingye Tan, Luke Lozenski, David A. Hormuth II, Thomas E. Yankeelov, Umberto Villa et Danial Faghihi, provenant respectivement de l’Université de Buffalo, de l’Université Washington à Saint-Louis, de l’Université du Texas à Austin et de leurs institutions affiliées. L’article a été publié en octobre 2023 dans l’IEEE Transactions on Medical Imaging.

Processus de l’Étude

Collecte et Traitement des Données Expérimentales

  1. Acquisition des données IRM : Les données de croissance des gliomes de quatre rats Wistar femelles ont été obtenues en utilisant l’IRM, et notamment les images pondérées T2 pour définir le domaine de simulation et la segmentation tumorale. L’IRM pondérée en diffusion (DW-MRI) a été utilisée pour calculer les cartes du coefficient de diffusion apparent (ADC), à chaque point temporel, le volume tumoral d(x, ti).
  2. Segmentation automatique des tissus : Utilisation d’une méthode automatisée basée sur les atlas pour segmenter les tissus cérébraux des rats, distinguant la matière grise de la matière blanche. Cette méthode combine atlas et algorithmes d’enregistrement d’images locales pour améliorer la précision de la segmentation des tissus.

Modèle de Croissance Tumorale

Un modèle classique de réaction-diffusion à une espèce unique (PDE) a été utilisé pour représenter la diffusion et la prolifération tumorales. Le paramètre d(x) représente le coefficient de diffusion tumorale dans les tissus, et g(x) représente le taux de prolifération tumorale. Les paramètres du modèle θ = (log d(x), log g(x)) incluent l’hétérogénéité subjective et les variations spatio-temporelles.

Calibration Bayésienne de Haute Dimension

L’inférence bayésienne utilise des données IRM spécifiques à l’échantillon pour calibrer les paramètres du modèle. Ce processus inclut : 1. Établissement de distributions a priori spécifiques à l’échantillon, en utilisant un champ aléatoire gaussien pour représenter la distribution a priori des paramètres, et en supposant des taux de diffusion et de prolifération différents dans la matière grise et blanche. 2. Construction d’une fonction de vraisemblance, en incorporant l’incertitude des données et l’erreur du modèle via un modèle de bruit additif. 3. Optimisation de la densité de probabilité a posteriori (posterior density function, PDF) pour déterminer la distribution a posteriori.

Résultats de l’Étude

Analyse des Données de l’Étude

La calibration bayésienne des données IRM de quatre rats a permis au modèle de capturer précisément les motifs de diffusion tumorale et de prédire la morphologie tumorale à des moments non observés, avec un coefficient de Dice supérieur à 0,9. Les résultats montrent que la précision et la fiabilité des prédictions de la morphologie tumorale dépendent du nombre d’imageries précoces utilisées pour calibrer le modèle.

Comparaison de Différents Scénarios de Calibration

Les comparaisons entre différentes quantités de données de calibration et points temporels montrent que la capacité prédictive du modèle s’améliore significativement lorsque davantage de données d’imagerie précoce sont utilisées. En particulier, lorsqu’un ensemble complet de données d’entraînement est utilisé pour la calibration, l’erreur relative entre les prédictions du modèle et les données réelles de la région tumorale est réduite.

Comparaison avec d’Autres Méthodes

Comparé à deux autres méthodes de calibration simplifiées, le cadre bayésien de haute dimension montre des capacités prédictives tumorales supérieures en termes de précision et de confiance. Notamment, le cadre proposé offre des prédictions à plus haute résolution de l’hétérogénéité tumorale.

Inférence Bayésienne en Trois Dimensions

L’étude démontre également la scalabilité du modèle tumoral tridimensionnel calibré. En utilisant des données IRM tridimensionnelles pour la calibration bayésienne, le cadre peut prédire avec précision les morphologies tumorales tridimensionnelles, indiquant un bon potentiel de scalabilité et d’application clinique.

Conclusion

Le cadre bayésien proposé permet de prédire efficacement l’évolution des morphologies des gliomes de manière personnalisée, tout en améliorant la précision du modèle grâce à la segmentation automatisée des atlas et à la méthode de validation croisée. Les résultats indiquent que ce cadre peut prédire avec précision l’évolution des morphologies tumorales individuelles en se basant sur des données IRM quantitatives limitées. De plus, l’efficacité computationnelle et les prédictions précises de ce cadre offrent des inspirations et des pistes potentielles d’optimisation pour le traitement clinique.

En incluant des modèles PDE plus complexes pour décrire les mécanismes de croissance tumorale de manière plus réaliste, et en intégrant davantage de données d’imagerie (telles que des cartes de rigidité tissulaire de l’élastographie IRM et des distributions de volume sanguin de l’IRM dynamique avec contraste), des études futures étendront davantage cette méthode. Dans un contexte clinique, cette méthode pourrait considérablement contribuer à optimiser les plans de traitement personnalisés.