Changements liés à l'âge de la susceptibilité aux illusions visuelles de taille
Contexte de la recherche
Avec le vieillissement global de la population, comprendre l’impact du vieillissement sur la perception visuelle devient de plus en plus important. Cette étude explore les changements liés à l’âge dans la perception de la taille chez les adultes, en utilisant trois illusions visuelles : l’illusion de Ponzo, l’illusion d’Ebbinghaus et l’illusion de hauteur-largeur. Basée sur un modèle bayésien de conceptualisation du cerveau vieillissant, lequel propose que la dépendance aux connaissances antérieures augmente avec l’âge, cette étude examine les différences de sensibilité aux illusions visuelles entre les adultes de différents âges. Pour atteindre cet objectif, l’étude a utilisé une série d’outils de test des illusions visuelles en ligne développés par notre laboratoire – le Test des Illusions Perceptuelles de l’Université Ben-Gurion (BTPI).
Source de l’article
Cet article, intitulé « Age-related changes in the susceptibility to visual illusions of size », est rédigé par Yarden Mazuz, Yoav Kessler et Tzvi Ganel, et publié dans « Scientific Reports ». Les auteurs sont affiliés au département de psychologie de l’Université Ben-Gurion du Néguev. L’article a été publié en 2024.
Processus de recherche
Sujets et méthodes de l’étude
L’échantillon de l’étude comprenait des participants de trois groupes d’âge différents : le groupe des jeunes adultes (20-39 ans, 80 personnes), le groupe des adultes d’âge moyen (41-59 ans, 70 personnes), et le groupe des personnes âgées (61-85 ans, 80 personnes). Tous les participants ont été recrutés via la plateforme en ligne Prolific et avaient une bonne historique de participation à des expériences précédentes. Chaque expérience durait environ 20 minutes, et les participants recevaient une compensation de 3,13 euros. La recherche suivait les normes éthiques de la déclaration d’Helsinki et avait obtenu l’approbation du comité d’éthique de l’Université Ben-Gurion.
Procédure expérimentale
Les participants ont passé le test BTPI, qui comprenait les illusions de Ponzo, d’Ebbinghaus et de hauteur-largeur. Chaque illusion était présentée dans un bloc distinct, dans l’ordre suivant : l’illusion de Ponzo, l’illusion d’Ebbinghaus et l’illusion de hauteur-largeur. Dans chaque bloc, les stimuli étaient présentés dans un ordre aléatoire, chaque combinaison étant répétée 12 fois, pour un total de 144 essais. Les participants devaient utiliser les touches du clavier pour sélectionner quel objet était le plus grand.
Analyse des données
Lors de l’analyse des données, les essais où les participants n’ont pas répondu dans le délai imparti (3000 millisecondes) ont été exclus. Ensuite, la proportion de fois où chaque participant a rapporté que le stimulus de référence était plus grand (ou plus large) que le stimulus standard a été calculée et les fonctions nécessaires ont été ajustées. Les indicateurs clés extraits incluaient le point de subjectif égalité (PSE), l’erreur constante (CE), la différence juste perceptible (JND), le temps de réaction (RT) et la qualité de l’ajustement (GOF). CE représente la taille de l’illusion, calculée à partir de la PSE, et JND indique la résolution de la perception des différences de taille dans le contexte de l’illusion.
Résultats expérimentaux
L’étude a d’abord observé que les participants de différents âges présentaient des différences significatives de sensibilité à l’illusion d’Ebbinghaus, les personnes âgées étant significativement moins sensibles à cette illusion de contraste de taille. À l’inverse, la sensibilité à l’illusion de hauteur-largeur augmentait avec l’âge. En revanche, il n’y avait pas de différences significatives entre les âges pour l’illusion de Ponzo. Ces résultats indiquent que différentes illusions de taille visuelle sont médiées par des mécanismes perceptuels différents.
Les données détaillées sont présentées dans les tableaux 1 et 2, et les résultats des analyses statistiques dans le tableau 3. La figure 3 montre les différences de taille de l’illusion selon les groupes d’âge.
Discussion et conclusion
Les résultats de la recherche remettent en question l’idée communément acceptée selon laquelle la dépendance aux connaissances antérieures augmente avec l’âge. Au contraire, l’étude montre que l’impact du vieillissement sur la perception visuelle est plus complexe, se manifestant de manière différente dans divers domaines perceptuels et illusions. Plus précisément :
- Illusion d’Ebbinghaus : la sensibilité à cette illusion diminue systématiquement avec l’âge.
- Illusion de hauteur-largeur : la sensibilité augmente avec l’âge.
- Illusion de Ponzo : Il n’y a pas de différences significatives entre les groupes d’âge.
Ces résultats indiquent que l’impact du vieillissement sur la perception visuelle est multifacette et se manifeste différemment dans divers domaines perceptuels et illusions. Ces résultats suggèrent que les personnes âgées peuvent avoir une dépendance accrue à la perception globale des formes, mais une dépendance réduite au traitement des effets locaux de contraste.
La recherche souligne la nécessité d’explorer davantage les mécanismes de perception des formes pour comprendre mieux les changements de perception avec l’âge. En outre, d’autres recherches sont nécessaires pour examiner la relation entre le point de subjectif égalité (PSE) et la différence juste perceptible (JND) dans différents contextes d’illusions.
Grâce à cette étude, les scientifiques comprennent mieux comment le vieillissement affecte différemment les différentes illusions visuelles, offrant de nouvelles perspectives et références pour les futures études sur les changements de perception visuelle au cours du vieillissement. Le nouvel outil utilisé dans cette étude (BTPI) et sa grande fiabilité fournissent également une base expérimentale solide pour les recherches futures.