Le Mécanisme Neurocomputational Sous-jacent à la Prise de Décision Concernant l'Injustice envers Soi et Autrui
Mécanismes neurocalculatoires derrière les décisions sur l’équité : l’injustice envers soi-même et envers les autres
Résumé : L’équité est une valeur fondamentale dans la société humaine, et les individus se préoccupent de l’injustice tant envers eux-mêmes qu’envers les autres. Cependant, un débat de longue date s’est concentré sur la question de savoir si l’injustice envers soi-même (Self-Unfairness) et l’injustice envers les autres (Other-Unfairness) suscitent des processus neuropsychologiques partagés ou distincts. Pour résoudre cette question, nous avons combiné le jeu de l’ultimatum à trois personnes (Three-Person Ultimatum Game), des modèles computationnels et des techniques avancées d’imagerie cérébrale pour révéler les modèles comportementaux, cognitifs et neuronaux de l’injustice envers soi-même et envers les autres. Nos résultats comportementaux et computationnels révèlent que les participants se préoccupent davantage de l’injustice envers eux-mêmes que de l’injustice envers les autres. De plus, l’injustice envers soi-même active systématiquement des régions cérébrales telles que l’insula antérieure (Anterior Insula), le cortex cingulaire antérieur dorsal (Dorsal Anterior Cingulate Cortex) et le cortex préfrontal dorsolatéral (Dorsolateral Prefrontal Cortex), qui jouent un rôle important dans le traitement des processus émotionnels et cognitifs liés aux décisions basées sur l’équité. En revanche, l’injustice envers les autres active principalement des régions telles que le gyrus occipital moyen (Middle Occipital Gyrus). En somme, nos découvertes soutiennent fortement l’existence de signatures neurocalculatoires distinctes entre l’injustice envers soi-même et l’injustice envers les autres.
Les connaissances de base sur cette étude indiquent que, bien que les gens se préoccupent de l’injustice vécue par eux-mêmes et par les autres, il n’y a pas de consensus sur la question de savoir si ces deux formes d’injustice reposent sur les mêmes mécanismes neurocognitifs ou sur des mécanismes différents. Cette étude a été réalisée par Lanxin Luo, Han Xu, Xia Tian, Yue Zhao et d’autres chercheurs du Centre d’excellence pour l’innovation en neurosciences et technologies intelligentes de l’Académie chinoise des sciences et d’autres institutions. Les résultats de l’étude ont été publiés dans Neuroscience Bulletin (Neurosci. Bull.).
Le processus de recherche détaille comment les participants ont traité les situations de décision impliquant des éléments d’injustice envers eux-mêmes et envers les autres dans le jeu de l’ultimatum à trois personnes. Les méthodes d’analyse impliquent des statistiques sur les données comportementales, l’établissement et la validation de modèles computationnels, ainsi que l’analyse des modèles d’activité neuronale à plusieurs niveaux, visant à explorer les modèles de réaction des participants à l’injustice et leurs bases neuronales sous-jacentes sous différentes dimensions.
Les principales découvertes de cette étude sont les suivantes : par rapport à l’injustice envers les autres, les individus montrent une plus grande sensibilité à l’injustice envers eux-mêmes, ce qui se reflète dans les résultats comportementaux, les paramètres des modèles computationnels et les différences d’activité cérébrale ; en particulier, lors du traitement de l’injustice envers soi-même, l’intensité de l’activation de l’insula antérieure, du cortex cingulaire antérieur dorsal et du cortex préfrontal dorsolatéral est plus prononcée que dans le cas de l’injustice envers les autres. L’activation de ces trois régions cérébrales suggère que l’injustice envers soi-même provoque une réaction plus forte sur le plan émotionnel et cognitif.
La conclusion de l’étude souligne que, bien que les individus réagissent à l’injustice envers eux-mêmes et envers les autres, il existe des différences significatives dans le traitement de ces deux formes d’injustice au niveau des mécanismes neurocalculatoires. Cette découverte approfondit notre compréhension des fondements du concept d’équité dans les interactions sociales humaines et a des implications importantes pour l’exploration future de scénarios réels impliquant des conflits d’intérêts multiples et l’allocation de ressources.