La relation entre le polymorphisme CYP46A1 et le risque de suicide : une enquête préliminaire
Rapport préliminaire sur la relation entre le polymorphisme CYP46A1 et le risque de suicide
Contexte de recherche
Le suicide, défini comme l’acte intentionnel de mettre fin à sa propre vie, est l’un des problèmes majeurs de santé publique dans le monde. L’incidence du suicide est plus élevée chez les individus souffrant de troubles dépressifs majeurs (TDM). Cependant, le rôle du cholestérol dans le risque de suicide reste controversé, ce qui a incité les chercheurs à explorer en profondeur les marqueurs génétiques potentiels. Cette étude se concentre sur le polymorphisme du gène CYP46A1, en particulier les SNP (polymorphismes nucléotidiques simples) rs754203 et rs4900442, et leur relation avec le risque de suicide. Des études antérieures ont suggéré que ces SNP pourraient être pertinents dans le diabète de type 2 et les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, mais leur rôle dans le suicide n’a pas encore été clairement établi.
Source de l’étude
Cette étude a été menée conjointement par María Fernanda Serna-Rodríguez, Oscar Cienfuegos-Jiménez, Ricardo Martín Cerda-Flores et d’autres auteurs, principalement issus de divers départements de l’Université autonome du Nuevo León au Mexique. L’étude a été publiée dans le journal “Neuromolecular Medicine”, volume 26, numéro 11, en 2024. L’étude a été reçue le 11 janvier 2024 et acceptée pour publication le 1er mars 2024.
Processus de recherche
Sujets d’étude et collecte d’échantillons
Cette étude a été menée à l’hôpital universitaire “Jose Eleuterio Gonzalez” au Mexique d’août 2017 à août 2022, avec trois groupes : victimes de suicide (188), patients atteints uniquement de TDM (126) et groupe contrôle sans comportement suicidaire (144). Les échantillons des victimes de suicide ont été collectés post-mortem au département de médecine légale de l’hôpital universitaire, tandis que les autres participants ont été recrutés au département de psychiatrie.
Le calcul de la taille de l’échantillon a été effectué à l’aide d’EpiTools, basé sur la fréquence allélique mineure (MAF) du polymorphisme CYP46A1, avec une taille d’échantillon prévue d’environ 160 personnes pour chaque SNP. Cependant, en raison de la pandémie de COVID-19, le recrutement des échantillons a été affecté, avec un total final de 458 personnes analysées.
Extraction d’ADN et génotypage
L’ADN a été extrait de chaque échantillon selon les instructions du fabricant, et le génotypage des rs754203 et rs4900442 de CYP46A1 a été effectué à l’aide du kit de génotypage TaqMan SNP sur le système PCR en temps réel StepOnePlus™. La qualité et la concentration de l’ADN ont été évaluées initialement à l’aide d’un spectrophotomètre NanoDrop.
Analyse des données
Des méthodes statistiques descriptives ont été utilisées pour caractériser l’échantillon, et des tests t ou ANOVA ont été utilisés pour examiner les différences entre les trois groupes. Une analyse de puissance rétrospective supposant une taille d’effet moyenne et un niveau α de 0,05 a montré que cette étude avait un taux de détection d’environ 99,9%. La distribution des génotypes a été testée pour l’équilibre de Hardy-Weinberg, et les fréquences alléliques et génotypiques ont été calculées avec les odds ratios (OR) et leurs intervalles de confiance à 95% (IC). L’analyse statistique a été réalisée à l’aide de SPSS 27.0.
Résultats de l’étude
Caractéristiques cliniques et démographiques
L’âge moyen des trois groupes était respectivement : groupe de décès par suicide 36,42 ± 16,93 ans, groupe de patients TDM 33,10 ± 14,55 ans, groupe contrôle 30,41 ± 12,40 ans. Le groupe contrôle avait un niveau d’éducation significativement plus élevé que le groupe de patients. Les croyances religieuses n’ont pas montré d’influence significative. Les scores BDI (Beck Depression Inventory) ont montré que le groupe de patients (16,09 ± 12,15) était significativement plus élevé que le groupe contrôle (4,74 ± 4,14).
Distribution des génotypes et des allèles
L’étude a révélé une association significative entre le génotype g/g du SNP rs754203 de CYP46A1 et le suicide, l’allèle g augmentant le risque de suicide de 37% (OR = 1,370, IC 95% = 1,002–1,873). Cependant, aucune différence significative n’a été observée pour le SNP rs4900442.
Analyse des différences entre les sexes
Chez les hommes, le génotype hétérozygote a/g du SNP rs754203 était significativement associé au suicide, suggérant que le sexe pourrait jouer un rôle important dans la susceptibilité génétique. Chez les femmes, aucune différence significative n’a été trouvée.
Distribution chez les patients TDM et le groupe contrôle
Pour les deux polymorphismes, aucune association significative n’a été trouvée entre les patients TDM et le groupe contrôle, indiquant une relation plus complexe entre ces marqueurs génétiques et le risque de suicide lié à la dépression.
Conclusions de l’étude
Cette étude est la première à explorer la relation entre les polymorphismes rs754203 et rs4900442 de CYP46A1 et le suicide ainsi que le trouble dépressif majeur. Les résultats suggèrent que les porteurs de l’allèle g de rs754203 ont un risque accru de suicide, en particulier chez les hommes, soulignant l’importance des facteurs de risque génétiques spécifiques au sexe dans la recherche sur les troubles mentaux. Cependant, rs4900442 n’a pas montré d’association significative avec le suicide ou le TDM, ce qui ajoute à notre compréhension de l’architecture génétique complexe du suicide.
Importance de l’étude
L’importance de cette étude réside dans la découverte d’associations entre certaines variations du gène CYP46A1 et le risque de suicide. Ces résultats fournissent non seulement de nouvelles pistes pour la recherche génétique sur les maladies mentales, mais soulignent également la nécessité d’approches de recherche plus individualisées et sensibles au sexe. Les futures études pourraient valider davantage ces découvertes avec des échantillons plus diversifiés et des études interethniques, explorant les interactions entre les marqueurs génétiques et les facteurs environnementaux pour mieux comprendre les bases génétiques du comportement suicidaire.
Points saillants de l’étude
- Découverte d’une association significative entre le polymorphisme rs754203 de CYP46A1 et le risque de suicide, en particulier chez les hommes.
- Mise en évidence de l’importance des différences entre les sexes dans la recherche génétique sur les maladies mentales.
- Fourniture de la valeur potentielle du dépistage génétique dans la prédiction et la prévention du suicide.
Cette étude offre une nouvelle perspective sur la compréhension des bases génétiques complexes du suicide, contribuant au développement de stratégies d’évaluation des risques et d’intervention plus efficaces.